Pierce Brosnan de retour en Doctor Fate ? Le DCU de James Gunn relance l’énigme mystique

Un retour qui sent la magie… et la stratégie

Quand Pierce Brosnan a enfilé pour la première fois la cape du Doctor Fate dans Black Adam (2022), peu imaginaient que ce rôle, aussi fugace soit-il, deviendrait un tremplin vers une seconde vie. Pourtant, les rumeurs persistent : l’acteur irlandais serait en discussions avancées pour réintégrer le DCU sous l’ère James Gunn. Une décision qui, si elle se concrétise, ne relève pas du hasard. Après le retour triomphal (et médiatisé) de Henry Cavill en Superman, Gunn semble déterminé à capitaliser sur des figures emblématiques pour ancrer son univers, tout en les réinventant. Une équation délicate, surtout pour un personnage aussi niche que le Doctor Fate.

Pourtant, les signes ne mentent pas. Dans le teaser de Superman (2025), les fans ont repéré le symbole du Doctor Fate parmi les fresques de la Sala de la Justice – un clin d’œil qui, dans l’univers de Gunn, n’est jamais anodin. "Nous voulons honorer ce qui a marché dans le DCEU, tout en corrigeant ce qui ne fonctionnait pas", confiait le réalisateur lors d’une interview pour Variety en 2023. Sous-entendu : Brosnan pourrait bien être ce "pont" entre deux ères, à condition d’accepter une métamorphose narrative.

Reste une question : pourquoi lui ? À 70 ans, Brosnan n’est plus l’agent 007 des années 90, mais son aura reste intacte. Son interprétation du Doctor Fate, bien que critiquée pour son manque de développement dans Black Adam (le film n’a obtenu que 51% sur Rotten Tomatoes), avait séduit par son mystère et sa présence magnétique. "Pierce a cette capacité à incarner à la fois la sagesse et une forme de danger latent", analyse Mark Hughes, critique pour Forbes. Un atout majeur pour un personnage aussi complexe, à mi-chemin entre le mentor et l’anti-héros.

D’un univers sombre à une lumière (re)trouvée

Si le DCEU de Zack Snyder avait opté pour une esthétique gothique et violente, le DCU de Gunn mise sur un ton plus équilibré, mêlant humour et émotion – une recette déjà éprouvée avec les Guardians of the Galaxy. Pour le Doctor Fate, cela pourrait signifier un virage à 180 degrés. Dans Black Adam, le personnage était ancré dans une mythologie occulte pesante, où sa mort tragique servait surtout à propulser l’intrigue de Dwayne Johnson. Une utilisation critiquée par les fans, qui y voyaient un gâchis pour un personnage aussi riche.

"Le Doctor Fate mérite mieux qu’un rôle de figurant mystique", s’indignait Kevin Smith, réalisateur et fan assumé de DC, dans son podcast Fatman Beyond. Avec Gunn aux commandes, les attentes sont autres. Le réalisateur a prouvé avec Peacemaker qu’il savait réinventer des personnages secondaires en leur donnant une profondeur comique et tragique. Imaginez un Doctor Fate qui, tout en gardant sa gravité, pourrait lancer des répliques cinglantes à un Superman trop naïf, ou jouer les médiateurs cosmiques entre la Justice League et des menaces multiverselles. Un rôle sur mesure pour Brosnan, dont le charisme et l’expérience pourraient enfin être pleinement exploités.

Mais comment concilier cette réinvention avec la continuité ? Deux pistes se dessinent :

• La résurrection pure et simple : Le Doctor Fate revient d’entre les morts, grâce à un artefact magique ou une intervention divine (la Source ? Phantom Stranger ?). Un scénario classique, mais qui risquerait de reproduire les erreurs du DCEU en s’appuyant trop sur des deus ex machina.
• Le multivers comme échappatoire : Man of Tomorrow (2027) pourrait introduire une version alternative du personnage, issue d’une Terre parallèle. Une solution élégante, qui permettrait à Gunn de conserver Brosnan tout en effaçant les incohérences du passé. "C’est la voie la plus logique", estime Grace Randolph, experte en comics pour Beyond The Trailer. "Gunn adore jouer avec les réalités alternatives, et ça donnerait à Brosnan une toile vierge pour explorer le personnage."

Man of Tomorrow : un terrain de jeu à 200 millions de dollars

Avec un budget estimé à 200 millions de dollars, Man of Tomorrow s’annonce comme le projet le plus ambitieux du DCU après Superman (2025). Si le film doit poser les bases d’une nouvelle Justice League, l’inclusion du Doctor Fate pourrait servir de catalyseur narratif. Imaginez : un Superman jeune et idéaliste, confronté à des menaces qu’il ne comprend pas, et un Doctor Fate en mentor réticent, porteur de secrets sur le multivers. Un duo qui rappellerait, dans une certaine mesure, la dynamique entre Thor et Doctor Strange dans l’MCU – mais avec une touche DC, plus philosophique et moins manichéenne.

Les fuites (à prendre avec prudence) évoquent déjà une intrigue centrée sur une crise multiverselle, où le Doctor Fate aurait un rôle clé à jouer. "Ce serait l’occasion de voir Brosnan affronter des versions corrompues de lui-même, ou même d’autres sorciers comme Zatanna ou Constantine", spéculait récemment le site The Direct. Une hypothèse qui prend du poids quand on sait que Matt Ryan (l’interprète de Constantine dans la série Arrowverse) a été aperçu sur le plateau de Superman. Coïncidence ? Peu probable.

Reste à savoir si Gunn osera aller jusqu’au bout de sa logique. Le réalisateur a déjà prouvé qu’il n’avait pas peur de bousculer les attentes (voir le traitement résolument adulte de Peacemaker). Mais avec un personnage aussi cultuellement chargé que le Doctor Fate, le risque est grand. "Les fans de comics attendent une certaine fidélité à l’esprit du personnage", rappelle Jim Lee, directeur créatif de DC. "Pierce a le talent pour incarner cette dualité entre puissance et vulnérabilité, mais tout dépendra du scénario."

Entre nostalgie et innovation : le pari risqué de James Gunn

Le retour de Pierce Brosnan dans le DCU n’est pas qu’une question de casting. C’est un test pour la vision de James Gunn : peut-on réutiliser des éléments du DCEU sans reproduire ses erreurs ? Le précédent Henry Cavill a montré que la nostalgie pouvait payer – à condition de l’accompagner d’une réinvention audacieuse. Pour le Doctor Fate, l’enjeu est encore plus grand. Le personnage, bien que populaire chez les comics fans, reste méconnu du grand public. Son succès dépendra donc de deux facteurs :

• Son intégration organique dans l’intrigue. Pas question de le réduire à un caméo, comme dans Black Adam. Gunn devra lui donner une arc narratif complet, avec des enjeux personnels (la malédiction de Nabu ? Un lien avec la famille de Superman ?).
• Son équilibre tonal. Trop sombre, et il jurera avec le reste du DCU. Trop léger, et il perdra son essence tragique. "Le défi sera de garder sa gravité sans alourdir le film", note Eric Goldman, rédacteur en chef d’IGN.

Un autre écueil guette : la surpopulation. Entre Superman, Batman (dont le retour est attendu), et les nouveaux venus comme Supergirl, le risque est de voir le Doctor Fate noiré dans la masse. Pourtant, Brosnan pourrait bien être la clé pour éviter ce piège. Son expérience et son aura lui permettent de voler la vedette sans effort – à condition que le scénario lui en donne l’opportunité. "Si Gunn lui confie un moment iconique, du niveau de la scène du miroir dans Doctor Strange, les fans en parleront pendant des années", prédit John Campea, du podcast Collider.

Enfin, il y a la question de l’héritage. Le Doctor Fate des comics est un personnage complexe, lié à des concepts comme la Tower of Fate ou le Livre de Thoth. Gunn devra-t-il tout expliquer, au risque de surcharger le film ? Ou peut-il compter sur la curiosité des spectateurs pour approfondir l’univers en dehors des salles ? "L’idéal serait un mélange des deux", suggère Danielle Radford, scénariste pour DC. "Donner assez d’infos pour comprendre son rôle, mais garder assez de mystère pour donner envie d’en savoir plus."

Derrière les bandages : l’homme qui murmurait à l’oreille des dieux

Peut-être plus que tout autre personnage DC, le Doctor Fate incarne une dualité : à la fois humain et divin, sage et maudit. Créé en 1940 par Gardner Fox et Howard Sherman, il est l’un des premiers super-héros à puiser ses pouvoirs dans la magie, bien avant Doctor Strange chez Marvel. Son origine est liée à Nabu, un seigneur de l’ordre ancien, qui lui octroie des capacités quasi illimitées – mais au prix d’une emprise sur son âme. Un thème que Black Adam n’a fait qu’effleurer, mais qui pourrait devenir central dans le DCU.

Ce qui rend le personnage si fascinant, c’est sa relation ambiguë avec le pouvoir. Contrairement à un Superman, qui incarne l’espoir, ou un Batman, qui lutte contre ses démons, le Doctor Fate est à la fois le gardien et la victime de sa magie. "C’est un personnage qui parle de sacrifice", explique Grant Morrison, scénariste légendaire de DC. "Il porte littéralement le poids des dieux sur ses épaules." Une dimension que Pierce Brosnan, avec son jeu nuancé et son expérience des rôles tourmentés (voir The Thomas Crown Affair), serait parfait pour explorer.

D’ailleurs, saviez-vous que le Doctor Fate original, Kent Nelson, était inspiré par les archétypes des sorciers pulp des années 30 ? Son casque en forme d’ankh et sa cape dorée sont directement tirés des récits d’Edgar Rice Burroughs ou de Robert E. Howard. Une esthétique que le film pourrait moderniser – tout en gardant cette touche rétro qui fait tout son charme. "Imaginez Brosnan dans une version steampunk de la Tower of Fate, avec des effets visuels qui mélangent magie ancienne et technologie alien", rêve Andy Khouri, journaliste pour Comic Book Resources. "Ce serait visuellement révolutionnaire."

Et puis, il y a la question des alliés et ennemis. Dans les comics, le Doctor Fate côtoie des figures comme Zatanna (une magicienne au charisme fou), Constantine (l’anti-héros par excellence), ou même Spectre (l’esprit de la vengeance divine). Des personnages qui, s’ils étaient introduits, pourraient élargir considérablement l’univers magique du DCU. "Gunn a l’opportunité de créer un versant surnaturel aussi riche que le côté super-héros", souligne Amy Dallen, spécialiste DC. "Mais il faut oser prendre des risques."