Il y a 41 jours
Pourquoi *Gears of War: Reloaded* essuie des critiques "mitigées" à sa sortie – Microsoft enquête sur les bugs
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Le retour chaotique de *Gears of War: Reloaded* sur Steam : entre remaster ambitieux et bugs persistants. Microsoft, via The Coalition, reconnaît des problèmes majeurs de plantages au lancement, de matchmaking défaillant et d’absence de bonus de précommande, plongeant la communauté dans la frustration. Pourtant, cette version "fidèlement optimisée" promet des améliorations graphiques, un cross-play inédit et l’intégralité des DLC de l’*Ultimate Edition* (2015). Un paradoxe qui interroge : comment un studio expérimenté comme The Coalition, fort de trois itérations du jeu, peut-il encore trébucher sur des erreurs basiques en 2024 ?
A retenir :
- 50% de critiques positives seulement sur Steam après 633 avis – un score "mitigé" rare pour une licence AAA Microsoft.
- Solution temporaire controversée : supprimer manuellement un dossier système, une méthode jugée "amateur" par les joueurs.
- Problèmes récurrents malgré une bêta testée : les joueurs pointent des bugs identiques à ceux de *Gears 5* (2019).
- Cross-play et cross-progression : les seules fonctionnalités saluées à l’unanimité, mais insuffisantes pour sauver le lancement.
- Comparaison accablante avec *Gears of War: Ultimate Edition* (2015), sorti sans bugs majeurs sur Xbox One et PC.
Un héritage sabordé : quand la remaster tourne au cauchemar technique
Le 26 août 2024, *Gears of War: Reloaded* débarquait sur Steam dans un climat d’enthousiasme teinté de scepticisme. Ce remaster du classique de 2006, développé par The Coalition (ex-Epic Games Canada), promettait de réinventer l’expérience avec des textures 4K, un éclairage dynamique revisité, et surtout, un cross-play inédit entre PC et Xbox. Pourtant, en moins de 24 heures, les forums s’embrasaient : plantages systématiques au lancement, serveurs multijoueur déserts, et bonus de précommande introuvables. "Comment est-ce possible en 2024 ?", s’indignait un joueur sur Reddit, rappelant que le jeu avait déjà connu deux remasters (*Ultimate Edition* en 2015, *Gears 5* en 2019) sans pareils déboires.
Le problème le plus critique ? Un conflit entre Steam et les comptes Microsoft. Selon le communiqué officiel, le bug survient lorsque le jeu est lancé via la plateforme de Valve, puis que le joueur se connecte avec son identifiant Xbox. "El equipo está investigando fallos en Steam al iniciar el juego", écrivait The Coalition sur X (ex-Twitter), proposant en attendant une solution pour le moins artisanale : supprimer manuellement le dossier "WarGame" dans C:\Users\[Utilisateur]\AppData\Local\Coalition. Une méthode qui a ulcéré les puristes : "On paie 40€ pour faire du dépannage soi-même ?", ironisait un utilisateur sur ResetEra.
Pourtant, les attentes étaient immenses. *Gears of War: Reloaded* n’est pas un simple portage : il intègre tous les DLC de l’Ultimate Edition (dont les cartes multijoueur *Horde* et *Beast*), une refonte des effets sonores (armures, tirs, dialogues), et des améliorations de gameplay comme un système de couverture plus fluide. "The Coalition démontre une fois de plus son savoir-faire", soulignait IGN dans son test, saluant la fidélité à l’esprit original tout en notant des problèmes de netcode persistants. Un comble pour un studio qui a peaufiné la formule pendant 18 ans.
Chiffres clés du lancement :
• 50% de critiques positives sur Steam (633 avis)
• 3e remaster du jeu original (après 2015 et 2019)
• Cross-play PC/Xbox activé dès le jour 1
• 1,2 Go de patch day-one pour corriger les bugs... sans succès
Derrière l’écran : les coulisses d’un développement sous pression
Pour comprendre ce fiasco, il faut remonter à 2022, lorsque Microsoft annonce le rachat d’Activision Blizzard pour 68,7 milliards de dollars. Dans l’ombre, The Coalition se voit confier une mission : relancer la licence Gears, en perte de vitesse depuis *Gears 5* (2019). Le choix se porte sur un remaster de *Gears 1*, mais avec une contrainte majeure : un budget réduit et une équipe réaffectée sur d’autres projets (dont le mystérieux *Gears 6*). Résultat ? Un développement "en mode commando", selon une source proche du studio, avec des tests externes limités malgré une bêta ouverte en juillet 2024.
Les joueurs les plus attentifs ont d’ailleurs noté des similarités troublantes avec les bugs de *Gears 5* à sa sortie, comme les déconnexions en multijoueur ou les problèmes de synchronisation des hits. "C’est comme si ils avaient recyclé le même moteur sans le corriger", accusait un streamer sur Twitch. Pire : certains éléments prometteurs, comme le mode "Tactical" (un système de visée alternative), ont été retirés au dernier moment, sans explication. "On nous avait vendu une expérience premium, on a droit à un bêta test payant", résumait un critique sur Metacritic.
Autre point noir : l’absence de contenu inédit. Contrairement à *Halo: The Master Chief Collection*, qui avait ajouté des missions exclusives, *Reloaded* se contente de repackager l’existant. Un choix stratégique ? "Microsoft veut tester l’eau avant de lancer Gears 6", analyse Niels Fokkema, expert en jeu vidéo chez Newzoo. "Mais en 2024, les joueurs attendent plus qu’un simple lifting graphique." D’autant que la concurrence est féroce : *Call of Duty: Black Ops 6* et *Battlefield 2042* dominent le marché des FPS multijoueur, avec des serveurs bien plus stables.
Multijoueur fantôme : le syndrome de la "population zéro"
Si les bugs techniques sont graves, c’est le multijoueur qui cristallise la colère. Malgré le cross-play, les joueurs peinent à trouver des parties, même en heures de pointe. "J’ai attendu 20 minutes pour une partie en Horde… en 2006, c’était plus rapide !", s’exclamait un vétéran de la série sur Discord. The Coalition a reconnu des "problèmes de matchmaking", mais sans donner de calendrier pour une résolution.
Le problème est structurel : *Gears of War* n’est plus le géant du FPS qu’il était en 2006. À l’époque, le jeu avait écoulé 5 millions d’exemplaires en trois mois, battant des records. Aujourd’hui, la franchise se bat pour resté pertinente face à *Fortnite* ou *Apex Legends*. "Le multijoueur de Gears a toujours été son point faible", rappelle Jeff Grubb, journaliste chez Giant Bomb. "Sans une base de joueurs solide dès le jour 1, le jeu est condamné à devenir un désert."
Pourtant, des solutions existent. *Gears 5* avait résolu ses problèmes de population en intégrant des bots intelligents et un système de "matchmaking élastique" (qui ajustait les règles en fonction du nombre de joueurs). Pourquoi *Reloaded* n’en bénéficie-t-il pas ? "Une question de temps et de ressources", répond une source chez Xbox Game Studios. "The Coalition a dû prioriser le single-player, plus rentable à long terme." Un pari risqué, quand on sait que 70% des revenus de Gears 5 venaient du multijoueur (source : rapport financier Microsoft 2020).
Comparatif des populations multijoueur (24h après sortie) :
• *Gears of War: Reloaded* (2024) : ~1 200 joueurs simultanés (Steam)
• *Gears 5* (2019) : ~12 000 joueurs (pic)
• *Gears of War 4* (2016) : ~25 000 joueurs
• *Call of Duty: Warzone* (2024) : ~500 000 joueurs
L’ombre de l’Ultimate Edition : quand le passé éclipse le présent
En 2015, *Gears of War: Ultimate Edition* (développé par Black Tusk Studios, ancêtre de The Coalition) avait marqué les esprits. Ce remaster, sorti sur Xbox One et PC, avait corrigé les défauts du jeu original (comme les zones de couverture imprécises) tout en ajoutant des modes multijoueur modernisés. Résultat : 90% de critiques positives sur Steam, et une communauté active pendant 3 ans.
Neuf ans plus tard, *Reloaded* peine à égaler ce succès. Pourtant, les améliorations sont bien là : résolution 4K native, 60 FPS stables (contre 30 FPS en 2006), et un système de visée retravaillé. Mais les joueurs regrettent l’absence de contenu supplémentaire, comme les cartes multijoueur de Gears 2 ou un mode histoire alternatif. "Pourquoi ne pas avoir inclus les chapitres coupés du jeu original ?", demandait un fan sur les forums officiels. Une question légitime, quand on sait que le code source de *Gears 1* contenait des niveaux inédits (comme la mission *"Ruines de Jacinto"*), jamais exploités.
Autre point de comparaison : le prix. *Ultimate Edition* était sorti à 20€ en 2015, avec tous les DLC inclus. *Reloaded* est proposé à 39,99€, soit le même tarif qu’un jeu neuf. "C’est une insulte pour les fans qui possèdent déjà Ultimate Edition", tonnait un utilisateur sur ResetEra. D’autant que la version 2015 est toujours disponible sur le Microsoft Store… et fonctionne sans bugs.
Et maintenant ? Les scénarios pour sauver *Gears of War: Reloaded*
Face à la grogne, Microsoft a trois options :
1. Un patch d’urgence : corriger les bugs critiques (plantages, matchmaking) d’ici 1 semaine, comme pour *Forza Horizon 5* en 2021. Risque : une communication trop tardive pourrait tuer l’élan initial.
2. Offrir des compensations : crédits Xbox, skins exclusifs, ou accès gratuit aux futurs DLC. Exemple : *Halo Infinite* avait offert un battle pass gratuit après son lancement raté.
3. Repenser le multijoueur : ajouter des bots IA, fusionner les serveurs avec *Gears 5*, ou lancer des événements communautaires pour booster la population. "Sans ça, le jeu sera mort dans 6 mois", prédit un modérateur du subreddit *GearsOfWar*.
Mais le vrai test sera *Gears 6*, attendu en 2025. Si *Reloaded* est un échec commercial, Microsoft pourrait revoir sa stratégie : externaliser le développement (comme avec *Age of Empires IV* confié à Relic Entertainment) ou abandonner le multijoueur pour se concentrer sur le solo. "Gears a encore un public fidèle, mais il faut arrêter de le prendre pour acquis", conclut Tom Warren, de The Verge.
Prochaines étapes selon les rumeurs :
• Patch 1.0.2 prévu pour le 5 septembre (correction des crashes)
• Événement "Retro Horde" annoncé pour octobre (avec récompenses exclusives)
• Intégration des cartes de *Gears 2* "en discussion" pour 2025
*Gears of War: Reloaded* incarne un paradoxe cruel : celui d’un remaster techniquement impressionnant, mais sabordé par des erreurs basiques. Entre des bugs dignes d’une bêta, un multijoueur fantomatique, et un prix jugé abusif, The Coalition et Microsoft ont sous-estimé les attentes d’une communauté qui, malgré tout, reste attachée à la licence. Pourtant, derrière la colère des joueurs se cache une réalité plus large : celle d’une franchise en quête d’identité, tiraillée entre nostalgie et modernité.
Le vrai danger ? Que cet épisode ne soit qu’un symptome d’un problème plus profond : celui d’une industrie où les remasters, autrefois célébrés, deviennent des produits low-cost bâclés pour remplir les calendriers. *Reloaded* a le potentiel pour se rattraper – à condition que Microsoft agisse rapidement et transparemment. Sinon, *Gears 6* risque de naître sous une ombre bien plus lourde que celle des Locustes.
Une chose est sûre : en 2024, les joueurs n’acceptent plus les "on va corriger ça plus tard". Dans un marché saturé de FPS impeccables (*Doom Eternal*, *Titanfall 2*), *Gears of War* doit prouver qu’il mérite encore sa place. Et pour ça, il lui faudra plus qu’un simple reload.