Il y a 34 jours
Les premières réactions à *The Paper*, le spin-off de *The Office*, surprennent : un héritage à la hauteur ?
h2
Avec un score de 85 % sur Rotten Tomatoes, *The Paper* démarre en trombe et dépasse même les notes initiales de *The Office*. Ce spin-off audacieux, centré sur les coulisses du *Toledo Truth Teller*, reprend la formule du mockumentary tout en injectant un sang neuf. Mais parviendra-t-il à égaler le statut culte de son aîné ? Les critiques saluent son ton frais, bien que l’ombre de Dunder Mifflin plane toujours.
A retenir :
- 85 % sur Rotten Tomatoes : *The Paper* surpasse *The Office* (81 %) dès sa sortie, un exploit rare pour un spin-off.
- Un changement de décor radical : exit Scranton, bonjour Toledo et son journal local, le *Truth Teller*, aux personnages aussi excentriques qu’attachants.
- Le retour des créateurs historiques : Greg Daniels et Paul Lieberstein (Dwight en VO) aux commandes, garantie d’une fidélité à l’ADN de la série originale.
- Une satire moderne : entre crise de la presse locale et absurdité bureaucratique, le spin-off actualise les thèmes chers à *The Office*.
- La question qui divise : faut-il comparer *The Paper* à son illustre prédécesseur ? Les critiques hésitent entre enthousiasme et prudence.
Toledo, nouvelle capitale de l’absurde bureaucratique
Quand *The Office* a quitté les écrans en 2013 après neuf saisons et 201 épisodes, peu auraient parié sur un retour sous forme de spin-off. Pourtant, NBC a relevé le défi avec *The Paper*, une série qui troque les bureaux de Dunder Mifflin pour les locaux décrépis du Toledo Truth Teller, un journal local en pleine crise existentielle. Le choix de Toledo (Ohio) n’est pas anodin : cette ville post-industrielle, souvent moquée pour son déclin économique, offre un terrain fertile pour une satire sociale aussi mordante que drôle.
Contrairement au projet avorté de spin-off centré sur Dwight Schrute et sa ferme de betteraves (une idée abandonnée en 2012 faute de scénario convaincant), *The Paper* mise sur un renouvellement total. Ici, pas de Michael Scott en vue, mais une galerie de nouveaux personnages tout aussi dysfonctionnels : des journalistes désabusés, un rédacteur en chef mégalomane, et une stagiaire trop zélée. Le ton reste fidèle au mockumentary cher à Ricky Gervais (créateur de la version britannique), avec ses plans caméra tremblants et ses interviews à chaud qui révèlent l’absurdité du quotidien.
Techniquement, la série reprend les codes visuels de *The Office* : format 16:9, couleurs désaturées pour un réalisme cru, et une bande-son minimaliste qui laisse place aux dialogues. Mais l’innovation réside dans le rythme : les épisodes, plus courts (22 minutes contre 30 pour *The Office*), enchaînent les gags avec une densité accrue. Un choix risqué, mais qui paie, selon Variety : *« The Paper évite l’écueil de la nostalgie en misant sur l’énergie, pas sur les clins d’œil. »*
« On voulait explorer la folie d’un média en crise, pas recopier Dunder Mifflin. » — Greg Daniels, showrunner et co-créateur de *The Office* US, dans une interview à The Hollywood Reporter.
L’héritage de *The Office* : une malédiction ou un tremplin ?
Comparer *The Paper* à *The Office* est inévitable, mais réducteur. La série originale, adaptée du The Office UK (2001-2003) de Ricky Gervais, a marqué l’histoire de la télévision en popularisant le mockumentary aux États-Unis. Avec des personnages devenus iconiques — Michael Scott (Steve Carell), Jim Halpert (John Krasinski), ou Dwight Schrute (Rainn Wilson) — elle a défini un genre. *The Paper* hérite donc d’un fardeau culturel : comment innover sans trahir ?
Les premières critiques soulignent un équilibre délicat. D’un côté, la série évite le piège du fan service : pas de caméos forcés (mis à part une brève apparition de Creed Bratton, le mystérieux comptable de *The Office*), et une intrigue autonome. De l’autre, elle conserve l’humour absurde et les situations embarrassantes qui ont fait le succès de la série mère. IndieWire note : *« The Paper réussit là où d’autres spin-offs échouent : il existe par lui-même, tout en flirtant avec la nostalgie. »*
Un détail frappant : la structure narrative. Là où *The Office* misait sur des arcs saisonniers (la relation Jim-Pam, la chute de Michael), *The Paper* privilégie des histoires épineuses résolues en un épisode. Exemple : le premier épisode tourne autour d’un article bidon sur un « monstre des égouts » de Toledo, révélant les tensions entre éthique journalistique et besoin de clics. Une métaphore savoureuse de la presse moderne, selon The Guardian.
Pourtant, certains critiques, comme Alan Sepinwall (*Rolling Stone*), tempèrent : *« Le génie de The Office résidait dans sa lenteur, sa capacité à faire mûrir des blagues sur des saisons. The Paper, lui, brûle ses cartouches trop vite. »* Un avis partagé par une frange de fans sur Reddit, où certains dénoncent un humour trop « génération TikTok ».
Derrière les caméras : les coulisses d’un pari audacieux
Le développement de *The Paper* a été long et chaotique. Dès 2014, NBC évoquait un spin-off, mais le projet a été gelé après le départ de Steve Carell. Ce n’est qu’en 2022, avec le retour de Greg Daniels (showrunner de *The Office* US) et Paul Lieberstein (Toby en VO), que les choses se concrétisent. Leur objectif ? *« Capturer l’esprit de The Office, mais avec une urgence moderne »*, confie Lieberstein à Deadline.
Le tournage a eu lieu à Los Angeles, mais l’équipe a recréé Toledo avec un réalisme saisissant : des décors de bureaux vieillots, des panneaux « Bienvenue à Toledo » rouillés, et même un faux site web pour le Truth Teller. Les acteurs, majoritairement inconnus, ont suivi des ateliers d’improvisation pour reproduire le naturel des dialogues de *The Office*. Parmi eux, Alexandra Daddario (connue pour *Why Women Kill*) incarne Janine, une journaliste idéaliste en décalage total avec ses collègues cyniques.
Un choix de casting qui divise : certains fans regrettent l’absence de visages familiers, tandis que d’autres saluent cette prise de risque. *« Daddario apporte une énergie nouvelle, mais son personnage manque encore de profondeur »*, estime Vulture. À noter : Rainn Wilson (Dwight) est producteur exécutif, mais n’apparaît pas à l’écran — une décision délibérée pour éviter les comparaisons.
Côté budget, NBC a alloué 3 millions de dollars par épisode, un investissement conséquent pour une comédie. Pour comparaison, *The Office* coûtait environ 2 millions en 2013. *« On mise sur la qualité, pas sur la quantité »*, justifie un porte-parole de la chaîne. Un pari qui semble payer : les premiers chiffres d’audience (non officiels) évoquent 5,2 millions de téléspectateurs pour le premier épisode, un score rare pour une comédie en 2024.
Toledo vs. Scranton : une satire qui résonne avec l’Amérique d’aujourd’hui
Si *The Office* reflétait l’Amérique des années 2000 — crise financière, montée des réseaux sociaux, déclin des petites entreprises — *The Paper* s’attaque à des enjeux plus contemporains. Le Toledo Truth Teller incarne la crise des médias locaux : entre licenciements massifs, désinformation, et concurrence des géants du numérique. Un thème cher à Greg Daniels, qui a travaillé comme journaliste avant de se lancer dans la télévision.
La série aborde aussi la polarisation politique avec subtilité. Dans le troisième épisode (diffusé en avant-première à la presse), un débat sur un article « trop progressiste » dégénère en querelle générationnelle. *« The Paper montre comment le journalisme local devient un champ de bataille culturel »*, analyse The Atlantic. Une approche qui rappelle *The Newsroom* (HBO), mais avec l’humour grinçant de *The Office*.
Autre point fort : la représentation de la classe ouvrière. Toledo, ville symbole de la Rust Belt, permet d’explorer des personnages souvent ignorés par les séries mainstream. *« On voit enfin des employés de bureau qui ressemblent à la vraie Amérique, pas à des mannequins de Silicon Valley »*, salue un critique de The AV Club. Un choix qui tranche avec des comédies comme *Abbott Elementary*, centrée sur des enseignants, ou *Superstore*, dans un hypermarché.
Enfin, *The Paper* joue avec les attentes des fans. Les clin d’œil à *The Office* sont rares, mais bien placés : une réplique de Jim (« Bears. Beets. Battlestar Galactica. ») est détournée par un personnage secondaire, et un poster de Dunder Mifflin traîne dans un coin du bureau. *« Assez pour sourire, pas assez pour se sentir piégé »*, résume Entertainment Weekly.
Et maintenant ? L’avenir de *The Paper* entre espoirs et défis
Avec une saison 1 de 10 épisodes déjà tournée, NBC a d’ores et déjà commandé une saison 2, un signe de confiance rare dans le paysage télévisuel actuel. Pourtant, plusieurs défis attendent la série :
1. Fidéliser l’audience : Les notes critiques sont excellentes, mais *The Office* avait mis trois saisons à trouver son public. *« Le vrai test sera dans six mois »*, prévient TVLine. La série devra éviter le piège de la fatigue narrative, un écueil qui a frappé des comédies comme *Brooklyn Nine-Nine* après leur cinquième saison.
2. Gérer les attentes des fans : Certains puristes de *The Office* pourraient bouder *The Paper*, comme ils l’ont fait pour *Parks and Recreation* (autre série de Daniels) en son temps. *« Il faut accepter que ce ne soit pas The Office 2.0 »*, souligne un thread viral sur Twitter.
3. Innover sans se perdre : Le format mockumentary a été repris à outrance (*Modern Family*, *Abbott Elementary*). *The Paper* devra trouver un ton unique pour ne pas sombrer dans la redite. *« Leur meilleure carte ? L’actualité. Si ils arrivent à lier humour et enjeux sociaux, ils ont une chance »*, estime un producteur anonyme interrogé par THR.
Un élément pourrait jouer en leur faveur : l’explosion des plateformes. Contrairement à *The Office*, qui dépendait des audiences linéaires, *The Paper* sera disponible sur Peacock (le service de streaming de NBC) dès le lendemain de sa diffusion. Une stratégie qui a sauvé des séries comme *The Rookie* ou *Ghosts*. *« Le streaming change la donne. Même avec des audiences TV moyennes, une série peut survivre si elle cartonne en ligne »*, explique un analyste de Nielsen.
Enfin, la question qui taraude les fans : y aura-t-il des crossovers ? Rainn Wilson a laissé entendre qu’un retour de Dwight n’était « pas impossible », mais Greg Daniels reste évasif. *« On ne veut pas forcer les choses. Si une idée géniale émerge, pourquoi pas ? »*
*The Paper* arrive avec un double défi : séduire les nostalgiques de *The Office* tout en conquérant un nouveau public. Avec des critiques élogieuses, une équipe créative rodée et une satire qui parle à l’Amérique d’aujourd’hui, la série a tous les atouts pour réussir. Pourtant, l’ombre de Dunder Mifflin plane toujours. Comme le résume The New Yorker : *« The Paper n’a pas besoin d’être aussi bon que The Office. Il doit simplement être assez bon pour exister à ses côtés. »*
Les prochains épisodes seront cruciaux. Si la série parvient à équilibrer humour et profondeur, elle pourrait bien devenir un classique à part entière. Dans le cas contraire, elle risque de rejoindre la longue liste des spin-offs oubliés. Une chose est sûre : avec *The Paper*, NBC prouve que le mockumentary a encore de beaux jours devant lui — à condition de savoir se réinventer.
À suivre dès ce 4 septembre sur NBC (et en streaming sur Peacock), avec un premier épisode qui promet déjà son lot de fous rires et de réflexions acides sur notre époque.