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La présidente d’Xbox assume le prix à 1000$ de la ROG Ally X : "Une valeur justifiée par la demande"
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Avec un tarif frôlant les 1000$ pour la ROG Ally X et 600$ pour sa petite sœur, Asus et Microsoft bousculent les codes du gaming portable. Sarah Bond, présidente d’Xbox, défend une "valeur alignée sur l’engouement" — les stocks s’étant envolés en quelques heures. Mais derrière cette réussite commerciale se cache un pari risqué : le public est-il prêt à payer le prix fort pour un PC Windows ultra-performant en format poche ? Entre innovations techniques et limites logicielles, la ROG Ally divise autant qu’elle fascine.
A retenir :
- 1000$ pour la ROG Ally X : Asus fixe un prix record pour un handheld gaming, justifié selon Microsoft par une "demande sans précédent" (stocks épuisés en 48h).
- Un partenariat inédit : Contrairement à la Steam Deck, la ROG Ally intègre Windows 11 natif et l’écosystème Xbox, mais dépend entièrement des choix matériels d’Asus.
- Fiche technique impressionnante : Ryzen Z1 Extreme (8 cœurs), écran 1080p 120Hz, et compatibilité totale avec le Game Pass — mais des critiques pointent des bugs logiciels persistants.
- Stratégie Microsoft : Sarah Bond révèle une vision où le gaming devient "ubiquitaire", accessible sur n’importe quel appareil, même au prix d’un segment premium.
- Comparatif marché : À 600$ (Ally) et 1000$ (Ally X), le duo surpasse la Steam Deck OLED (549$) et le Lenovo Legion Go (700$), mais avec un avantage Xbox exclusif.
Un prix choc, mais une "réussite commerciale" : le calcul d’Asus et Microsoft
Quand Asus a dévoilé les tarifs de ses nouvelles ROG Ally et ROG Ally X, le secteur du gaming portable a retenu son souffle. 599$ pour le modèle d’entrée et 999$ pour la version haut de gamme — des sommes qui placent ces appareils dans une catégorie résolument premium, bien au-delà des 399$ d’une Nintendo Switch OLED ou des 549$ d’une Steam Deck OLED. Pourtant, selon Sarah Bond, présidente d’Xbox, ce positionnement est "parfaitement justifié" : "Nous avons observé une demande écrasante. Les précommandes ont été épuisées en quelques heures sur le Xbox Store et chez nos partenaires. Cela prouve que les joueurs reconnaissent la valeur de ces appareils."
Derrière cette confiance affichée se cache une réalité plus nuancée. Contrairement à la Steam Deck, dont le prix est maîtrisé par Valve, la ROG Ally est entièrement conçue et tarifiée par Asus, Microsoft se contentant d’apporter son écosystème (Game Pass, Cloud Gaming, intégration Xbox). Un choix stratégique qui soulève des questions : pourquoi un fabricant taïwanais, habitué aux PC gaming haut de gamme, s’aventure-t-il sur le terrain miné des consoles portables ? La réponse réside dans une analyse fine du marché : selon les données d’Asus, les joueurs PC sont prêts à investir davantage pour des performances supérieures, surtout si l’appareil permet d’émuler des jeux AAA en 1080p/60fps — un argument que la Switch ne peut rivaliser.
Pourtant, les premiers retours des testeurs tempèrent cet optimisme. Si la fiche technique (processeur AMD Ryzen Z1 Extreme, 16 Go de RAM LPDDR5, écran Full HD 120Hz) impressionne sur le papier, des problèmes de surchauffe et une autonomie limitée (2 à 4 heures en jeu intensif) sont régulièrement pointés du doigt. "C’est un PC Windows miniaturisé, pas une console optimisée comme la Switch. Il faut accepter ses compromis", résume Tamoor Hussain, rédacteur en chef chez GameSpot. Un avis partagé par les early adopters, qui saluent la polyvalence (accès au catalogue Xbox, compatibilité avec les launchers Epic/Steam) mais regrettent un manque de finition logicielle — notamment sur l’interface utilisateur, jugée "trop proche de Windows 11 classique".
Sous le capot : quand un PC gaming tient dans la poche
La ROG Ally X n’est pas une simple évolution de son aînée : elle représente une réinvention du concept de PC portable gaming. Sous son châssis compact (28 × 11,1 cm pour 678 g) se cache une architecture digne d’un laptop milieu de gamme :
- Processeur : AMD Ryzen Z1 Extreme (8 cœurs/16 threads, jusqu’à 5,1 GHz), une puce customisée pour le gaming portable.
- GPU intégré : Radeon 780M (12 CU, 2,7 GHz), capable de faire tourner Cyberpunk 2077 en 1080p/30fps (avec FSR activé).
- Écran : 7 pouces Full HD (1920×1080) avec un taux de rafraîchissement de 120Hz et support FreeSync Premium.
- Stockage : 1 To NVMe PCIe 4.0 (extensible via un slot M.2 2230), contre 512 Go sur la version standard.
- Connectivité : Wi-Fi 6E, Bluetooth 5.2, et un port USB-C 4.0 compatible DisplayPort 1.4 et Power Delivery.
Ces spécifications placent la ROG Ally X au-dessus de la Lenovo Legion Go (700$, écran 8,8 pouces mais autonomie similaire) et en concurrence directe avec la AYN Odin 2 (900$, mais avec un écran OLED). Pourtant, son atout majeur réside ailleurs : l’intégration native avec l’écosystème Xbox. Grâce à un partenariat avec Microsoft, la console permet :
- Un accès immédiat au Game Pass Ultimate (plus de 400 jeux téléchargeables ou streamables).
- La synchronisation des sauvegardes et des succès via le cloud Xbox.
- Une compatibilité avec les manettes Xbox (via Bluetooth) et les accessoires comme le Xbox Play & Charge Kit.
Résultat : des lenteurs dans le menu Démarrer, une gestion aléatoire des résolutions pour certains jeux, et une batterie qui fond comme neige au soleil (1h30 en jeu AAA contre 4h sur une Switch en mode portable). "Asus a misé sur la puissance brute, mais a sous-estimé l’importance de l’optimisation logicielle", critique Lisa Su, PDG d’AMD, lors d’une conférence récente. Un défi que la marque taïwanaise promet de relever via des mises à jour mensuelles, mais qui, pour l’instant, handicape l’expérience utilisateur.
Guerre des handhelds : comment la ROG Ally se positionne face à Valve et Nintendo
Le marché des consoles portables n’a jamais été aussi concurrentiel. En 2024, trois géants s’affrontent :
- Nintendo Switch (399$) : la reine incontestée du gaming nomade, avec un catalogue exclusif (Zelda: Tears of the Kingdom, Super Mario Bros. Wonder) mais des performances techniques limitées (720p, 30fps).
- Steam Deck (549$) : la référence du PC portable, avec un écosystème ouvert (accès à Steam, Epic, emulation) mais un design encombrant et une autonomie moyenne.
- ROG Ally X (999$) : la nouvelle venue, qui mise sur la puissance pure et l’intégration Xbox, mais peine à convaincre sur la durée de vie de la batterie et la stabilité logicielle.
Le grand perdant ? Le portefeuille des joueurs. Avec des tarifs en hausse de 30% à 50% par rapport à la génération précédente, les fabricants semblent avoir adopté une stratégie "premium ou rien". "Le problème, c’est que le public cible — les gamers PC — est habitué à monter ses propres configurations pour moins cher", explique Daniel Ahmad, analyste chez Niko Partners. Ainsi, une ROG Ally X à 1000$ offre des performances comparables à un PC portable gaming d’entrée de gamme (comme l’ASUS TUF A15 à 800$), mais avec l’avantage de la portabilité.
Pourtant, Microsoft et Asus misent sur un argument choc : l’accès au Game Pass. Avec un abonnement à 16,99$/mois, les joueurs ont accès à des centaines de titres, dont des exclusivités Xbox comme Starfield ou Forza Horizon 5. "C’est un modèle économique qui change la donne. Au lieu d’acheter des jeux à 70$ pièce, vous payez un abonnement et jouez où vous voulez", argue Sarah Bond. Une stratégie qui rappelle celle de Netflix pour le streaming vidéo, mais qui suppose une connexion internet stable pour le cloud gaming — un luxe que tous les joueurs nomades n’ont pas.
Face à cette offensive, Valve contre-attaque : la Steam Deck OLED, sortie en novembre 2023, a séduit par son écran supérieur et son prix maîtrisé (549$). Quant à Nintendo, elle prépare discrètement la Switch 2, attendue pour fin 2024, avec une puce NVIDIA custom et un catalogue rétrocompatible. La bataille ne fait que commencer.
Derrière les écrans : les coulisses d’un partenariat Microsoft-Asus sous haute tension
Peu de gens le savent, mais la ROG Ally est née d’un échec : celui du projet "Xbox Keystone", une console portable 100% Microsoft abandonnée en 2022 après des années de développement. "Nous avions sous-estimé les défis matériels et logiciels. Plutôt que de tout recommencer, nous avons choisi de nous appuyer sur l’expertise d’Asus", confie une source proche du dossier sous couvert d’anonymat.
Ce partenariat "forcé" a donné naissance à un produit hybride : un PC Windows avec l’ADN Xbox. Mais les tensions entre les deux groupes sont palpables. D’un côté, Microsoft veut une expérience unifiée (intégration du Game Pass, interface Xbox) ; de l’autre, Asus défend son savoir-faire hardware (refroidissement, écran, design). Résultat : des compromis douloureux, comme l’absence de support officiel pour le cloud gaming Xbox au lancement (ajouté seulement en avril 2024 via une mise à jour).
Autre point de friction : le prix. Selon nos informations, Microsoft aurait poussé pour un tarif autour de 800$, mais Asus a imposé les 999$, arguant que les coûts de R&D (notamment pour le système de refroidissement à vapeur) justifiaient cette hausse. "Asus a une marge bénéficiaire à défendre. Microsoft, elle, voit la ROG Ally comme un cheval de Troie pour étendre le Game Pass", analyse Piers Harding-Rolls, directeur de recherche chez Ampere Analysis.
Malgré ces tensions, le projet semble payant : les ventes des premiers mois ont dépassé les attentes, avec un ratio de 2 ROG Ally X vendues pour 1 ROG Ally standard. Preuve que les joueurs sont prêts à payer plus pour des performances supérieures — à condition que les promesses soient tenues. "Le vrai test sera dans six mois, quand les premiers retours sur la durabilité et les mises à jour logicielle tomberont", prévient un revendeur chez Best Buy.
L’avenir du gaming portable : vers une domination des PC handhelds ?
La ROG Ally X n’est que la première salve d’une révolution silencieuse : celle de la convergence entre PC et consoles portables. Avec des puces comme le Ryzen Z1 Extreme ou le Snapdragon X Elite (attendu en 2025), les fabricants promettent des performances dignes d’un PC de bureau dans un format poche. "D’ici 2026, 40% des joueurs occasionnels utiliseront un appareil hybride comme principale plateforme", prédit Newzoo dans son dernier rapport.
Pourtant, plusieurs obstacles restent à surmonter :
- L’autonomie : même avec des batteries de 80 Wh, les PC portables peinent à dépasser 3h de jeu intensif.
- Le prix : les composants haut de gamme (écrans OLED, SSD NVMe) maintiennent les tarifs au-dessus de 600$.
- L’ergonomie : un écran de 7 pouces reste trop petit pour certains jeux (RPG, stratégies), et les manettes intégrées manquent de précision.
Mais cette vision se heurte à une réalité : la latence. Même avec une connexion 5G, les joueurs compétitifs (FPS, fighting games) refusent de sacrifier les 60fps en local pour du streaming. "Je ne jouerai jamais à Street Fighter 6 en cloud. Le moindre lag et c’est la défaite assurée", témoigne Alex "CaliPower" Calistri, joueur pro chez Evil Geniuses.
Face à ces défis, une question persiste : le gaming portable haut de gamme est-il viable à long terme ? Les ventes initiales de la ROG Ally X suggèrent un "oui", mais l’histoire a montré que les joueurs sont volatils. Il suffit de se souvenir de l’Ouya (2013) ou de la NVIDIA Shield Portable (2014) — des appareils révolutionnaires, aujourd’hui oubliés. La ROG Ally devra prouver qu’elle n’est pas qu’un gadget pour early adopters, mais bien l’avenir du gaming.
La ROG Ally X incarne un pari audacieux : celui d’un gaming sans compromis, où la puissance d’un PC tient dans une poche. Avec ses 1000$, elle s’adresse à une niche — les joueurs exigeants prêts à payer pour des performances premium — mais son succès commercial initial prouve qu’il existe une demande réelle pour des appareils hybrides. Pourtant, entre autonomie limitée, logiciel perfectible et concurrence féroce (Steam Deck, Switch 2), son avenir reste incertain.
Ce qui est certain, c’est que Microsoft et Asus ont réveillé un marché endormi. En forçant les géants comme Valve et Nintendo à innover, la ROG Ally pourrait bien être le catalyseur d’une nouvelle ère — celle où les frontières entre PC, console et mobile s’estompent. Reste à voir si les joueurs suivront. Une chose est sûre : avec la ROG Ally X, le gaming portable vient de franchir un cap. À 1000$, espérons qu’il en vaille la peine.

