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Project Ethos : 2K Games relance son pari audacieux avec Ben Brinkman aux commandes
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Il y a 14 jours

Project Ethos : 2K Games relance son pari audacieux avec Ben Brinkman aux commandes

Un virage stratégique pour sauver un projet ambitieux

Après des tests joueurs décevants en 2024, 2K Games refuse d'abandonner Project Ethos, son shooter free-to-play en vue subjective. Le studio mise désormais sur Ben Brinkman - ancien producteur exécutif d'Apex Legends et vétéran de Call of Duty - pour redéfinir l'identité du jeu. Nommé à la tête de 31st Union, il doit transformer un titre au potentiel roguelike intéressant mais trop générique, dans un marché ultra-concurrentiel où même les géants comme EA se font racheter. Sans date de sortie en vue, la pression est maximale pour ce projet qui cumule déjà plusieurs années de développement.

A retenir :

  • Changement de cap radical : 2K confirme une "vision renouvelée" pour Project Ethos après des tests joueurs mitigés en 2024
  • L'homme de la situation : Ben Brinkman (ex-Apex Legends et Call of Duty) prend les rênes de 31st Union pour donner une identité forte au jeu
  • Défis colossaux : Concurrencer des titres établis dans un marché saturé, tout en évitant le syndrome du "ni fait ni à faire"
  • Contexte explosif : Le projet doit réussir dans une industrie en pleine consolidation (ex. : offre saoudienne de 55Mds$ pour EA)
  • Mécaniques prometteuses : Le système roguelike a séduit, mais l'ensemble manque cruellement de singularité selon les testeurs

Le réveil brutal de 2024 : quand les joueurs pointent les faiblesses

L'automne 2024 aurait pu sonner le glas pour Project Ethos. Après des années de développement dans l'ombre des studios 31st Union, le shooter free-to-play en vue à la troisième personne était enfin soumis à l'épreuve du feu lors de tests joueurs élargis. Les retours furent sans appel : si les mécaniques roguelike - avec leurs runs procédurales et leur système de progression - avaient globalement convaincu, l'ensemble manquait cruellement de personnalité. "On dirait un mélange de trois jeux existants sans âme propre", résumait un testeur anonyme dans les fuites rapportées par Bloomberg.

Le constat était d'autant plus amer que le marché est déjà saturé de titres gratuits bien établis : Apex Legends domine le segment des hero shooters, Call of Duty: Warzone truste les amateurs de battle royale réaliste, et même Valorant a su se tailler une place avec son mélange tactique. Dans ce paysage, Project Ethos peignait à peine - une situation intenable pour 2K Games, qui a pourtant décidé de persévérer contre toute attente.

"Une vision renouvelée" : le pari risqué de David Ismailer

Dans une note interne obtenue par Kotaku, David Ismailer (président de 2K) a assumé pleinement la décision de continuer : "Les retours des tests, bien que difficiles à entendre, ont été éclairants. Ils nous ont montré que le cœur du gameplay fonctionne, mais que nous devons complètement repenser notre approche créative." Une déclaration qui sent la stratégie du tout ou rien, d'autant que le studio a immédiatement annoncé un changement majeur à la tête du projet.

Exit les demi-mesures : 31st Union accueille Ben Brinkman comme nouveau directeur, un choix qui en dit long sur les ambitions revisitées. Ce vétéran n'est autre que l'ancien producteur exécutif d'Apex Legends chez Respawn (2019-2024), après douze ans passés chez Activision à travailler sur la franchise Call of Duty. Son retour chez 2K - où il avait déjà œuvré entre 2006 et 2008 - tombe à point nommé. "Ben a une capacité unique à identifier ce qui rend un shooter mémorable", confie un proche du dossier sous couvert d'anonymat.

Brinkman, l'homme qui doit sauver Project Ethos

Le parcours de Ben Brinkman ressemble à une feuille de route idéale pour redonner un second souffle à Project Ethos :

• Chez Activision (2008-2019) : Il a contribué à façonner l'identité de Call of Duty pendant sa période de domination absolue, travaillant notamment sur les systèmes de progression qui ont fait le succès de Warzone. Une expérience cruciale pour un jeu free-to-play où la rétention des joueurs est reine.
• Chez Respawn (2019-2024) : En tant que producteur exécutif sur Apex Legends, il a aidé à transformer un battle royale classique en un phénomène culturel grâce à ses personnages charismatiques et son univers cohérent. Exactement ce qui manque aujourd'hui à Project Ethos.
• Son retour chez 2K : La boucle est bouclée. Brinkman connaît la maison, mais arrive avec un regard neuf et une expertise actualisée - un combo rare dans l'industrie.

"Ce n'est pas un hasard si 2K a choisi quelqu'un qui a travaillé sur les deux plus gros succès du genre ces dix dernières années", analyse Nicolas Turcey, consultant en stratégie jeu vidéo. "Ils veulent clairement s'inspirer des recettes qui marchent, tout en évitant de faire un simple copier-coller. La marge de manœuvre est étroite."

Le syndrome du "ni fait ni à faire" : le piège à éviter absolument

Les tests de 2024 ont révélé un problème récurrent dans les shooters free-to-play : le "ni fait ni à faire". Project Ethos cumule des éléments intéressants - son approche roguelike, son système de classes, ses environnements destructibles - mais sans jamais les pousser assez loin pour créer une expérience vraiment distinctive.

"Le jeu avait l'air d'un Frankenstein bien intentionné", résume Marie Dubois, streamer spécialisée dans les FPS, qui a participé aux tests. "Les mécaniques de tir rappelaient Call of Duty, les pouvoirs spéciaux faisaient penser à Apex, et le côté roguelike était sous-exploité. Au final, on ne savait plus pourquoi on jouait à ça plutôt qu'à un autre titre gratuit."

C'est précisément ce défi que doit relever Brinkman : transformer un assemblage de bonnes idées en une proposition cohérente et désirable. "Il faut soit assumer pleinement le côté roguelike avec des runs ultra-dynamiques et une progression addictive, soit créer un univers si fort que les joueurs pardonneront les mécaniques moins originales", estime Turcey. "Les deux à la fois serait l'idéal, mais c'est extrêmement difficile à exécuter."

Contexte explosif : quand l'industrie se consolide autour de vous

La pression sur Project Ethos ne vient pas que de ses concurrents directs. Toute l'industrie du jeu vidéo est en pleine recomposition, avec des rachats historiques qui redessinent la carte des pouvoirs :

• L'offre saoudienne pour EA : Le fonds public PIF (Arabie Saoudite) a proposé 55 milliards de dollars pour racheter Electronic Arts en juin 2024. Une opération qui, si elle aboutit, créera un nouveau géant capable d'investir massivement dans ses franchises phares comme Apex Legends ou Battlefield.
• La guerre des exclusivités : Microsoft, Sony et même Netflix misent sur des acquisitions pour sécuriser des contenus exclusifs. Dans ce contexte, un jeu free-to-play multiplateforme comme Project Ethos doit se battre pour exister.
• La saturation du marché : Selon Newzoo, il y avait 127 shooters free-to-play actifs en 2024 sur PC et consoles. Seuls 5% génèrent 80% des revenus du segment.

"2K n'a plus le droit à l'erreur", assène Jean-Marc Leclerc, analyste chez NPD Group. "Avec des années de développement déjà englouties et un marché qui se concentre, Project Ethos doit soit devenir un hit immédiat, soit disparaître. Il n'y a plus de place pour les projets 'en devenir'."

Derrière les portes closes : ce qu'on sait du nouveau cap créatif

Si 2K et 31st Union restent discrets sur les changements concrets, quelques informations ont filtré via des sources proches du développement :

• Recentrage sur le roguelike : Les éléments procéduraux, initialement secondaires, deviendraient centraux. Chaque run proposerait des modifications majeures de gameplay, avec des modifiers aléantoires qui pourraient transformer radicalement l'expérience (ex. : gravité inversée, armes à munition illimitée mais précision réduite).
• Identité visuelle repensée : Le style "générique futuriste" serait abandonné au profit d'un univers plus stylisé, inspiré des concepts initiaux de Borderlands (autre franchise 2K) mais avec une touche cyberpunk plus marquée. Les premiers croquis montrent des environnements aux couleurs saturées et des designs de personnages exagérés.
• Narratif renforcé : Contrairement à la plupart des free-to-play, le jeu intégrerait une véritable campagne solo (gratuite) pour ancrer l'univers. Une décision risquée financièrement, mais qui pourrait payer sur le long terme en fidélisant les joueurs.
• Monétisation revue : Le système de battle pass serait complété par des "seasonal artifacts" - des objets cosmétiques uniques liés aux saisons, avec une rareté accrue pour créer de l'engouement communautaire.

"Ce qui est frappant, c'est à quel point ils semblent prêts à tout repenser plutôt que de bricoler", note un développeur ayant travaillé sur les premiers prototypes. "Soit c'est du bluff pour rassurer les investisseurs, soit ils préparent vraiment quelque chose d'ambitieux. Dans les deux cas, le temps presse."

L'ombre de Borderlands : un héritage encombrant ?

Ironie de l'histoire : le plus gros succès de 2K Games dans les shooters reste Borderlands, une franchise qui a justement su créer une identité visuelle et narrative instantanément reconnaissable. Pourtant, Project Ethos semble avoir délibérément évité toute comparaison avec ce modèle lors de ses premières itérations.

"C'était comme s'ils avaient peur d'être accusés de recycler leurs propres idées", confie une source interne. "Résultat, ils ont créé quelque chose de fade. Maintenant, ils réalisent que mieux vaut une identité forte inspirée de leurs succès qu'une absence totale de personnalité."

Le virage actuel vers un style plus marqué et des mécaniques plus audacieuses pourrait bien être un retour aux fondamentaux - ceux qui ont fait le succès de Borderlands, mais adaptés aux attentes modernes du free-to-play. Une stratégie risquée, mais peut-être la seule viable.

La route sera longue pour Project Ethos. Entre les attentes des joueurs blasés par des années de shooters free-to-play interchangeables, la pression d'un marché en pleine consolidation, et le défi de transformer un projet déjà ancien en une expérience fraîche, Ben Brinkman et son équipe ont du pain sur la planche. Pourtant, pour la première fois depuis des années, les signes envoyés par 2K Games suggèrent une vraie volonté de rupture - pas seulement des ajustements cosmétiques.

Le vrai test viendra quand le jeu retournera entre les mains des joueurs. D'ici là, une question persiste : dans un paysage où même les géants comme EA doivent se vendre pour survivre, un titre aussi ambitieux que Project Ethos peut-il encore émerger ? La réponse déterminera peut-être le futur de 2K dans le domaine des shooters.

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
Le marché des shooters free-to-play est un véritable labyrinthe de mécaniques et de styles. Project Ethos, avec ses éléments roguelike et son approche procédurale, avait tout pour plaire, mais manquait cruellement de personnalité. Les retours des tests ont été sans appel : un mélange de trois jeux existants sans âme propre. C'est là que Ben Brinkman entre en jeu, avec son expérience chez Respawn et Activision. Il doit transformer ce Frankenstein en un shooter mémorable. La pression est immense, mais avec un peu de chance et beaucoup de créativité, Project Ethos pourrait bien devenir le prochain hit du genre.
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen

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