Project Hail Mary : Rencontre avec Rocky, l'extraterrestre qui défie l'imagination

San Diego, juillet 2024. Alors que le soleil californien tape sur le centre des congrès, une salle comble retient son souffle. Sur l'écran géant, apparaît pour la première fois Rocky, l'extraterrestre le plus improbable que le cinéma ait jamais imaginé. Pas de yeux, pas de bouche, juste une silhouette minérale qui s'anime avec une grâce surprenante. Le public de la Comic-Con vient de découvrir ce qui pourrait bien devenir l'un des personnages les plus marquants de la science-fiction.

L'art de donner vie à la pierre

Créer Rocky représentait un défi créatif monumental. "Nous avions cette idée folle : et si notre extraterrestre n'avait... rien ? Pas de visage, pas d'expressions faciales, rien de ce qui fait habituellement un personnage attachant", explique Phil Lord lors de la présentation. La solution ? Un mélange audacieux de techniques anciennes et nouvelles.

Neal Scanlon, le créateur de créatures de Lucasfilm, a conçu une marionnette pratique révolutionnaire. "Rocky pèse près de 50 kg et nécessite cinq personnes pour le manipuler", révèle James Ortiz, le chef des "Rocketeers", cette équipe de marionnettistes d'élite. Chaque mouvement, chaque inclination de ce qui fait office de "tête" est le résultat d'une chorégraphie millimétrée.

"C'est comme danser avec un rocher", s'amuse Ryan Gosling. L'acteur canadien a dû adapter complètement son jeu pour interagir avec cette créature unique. "Je devais croire qu'il était vivant, qu'il ressentait des émotions, alors qu'en face de moi, il y avait cinq personnes en combinaison verte qui manipulaient cette... chose."

La magie opère sur le plateau

Ce qui frappe dans les images dévoilées, c'est l'alchimie palpable entre Gosling et Rocky. Dans une scène clé, l'astronaute Ryland Grace apprend à son compagnon extraterrestre à jouer au baseball. La séquence, à la fois drôle et touchante, montre comment le langage corporel peut transcender les barrières.

"Nous avons tourné cette scène pendant trois jours", raconte Christopher Miller. "Le premier jour, c'était... bizarre. Mais petit à petit, quelque chose de magique s'est produit. Ryan a commencé à vraiment interagir avec Rocky comme avec un partenaire de jeu. Et nous, derrière les caméras, on y a cru aussi."

Le secret de cette alchimie ? Une préparation minutieuse. Avant le tournage, Gosling a passé des semaines à répéter avec l'équipe des Rocketeers. "Je devais comprendre comment Rocky bouge, comment il 'pense'", explique l'acteur. "C'était comme apprendre une nouvelle langue, celle d'une créature faite de pierre."

Quand la technologie rencontre l'artisanat

Si la marionnette pratique était au cœur du processus, la technologie a joué un rôle crucial pour donner vie à Rocky. Paul Lambert, le supervisor des effets visuels, explique : "Nous avons utilisé des techniques de motion capture pour certains mouvements, mais l'essentiel venait de la marionnette. Notre travail consistait à amplifier l'émotion, pas à la créer."

Le résultat est une créature qui, malgré son apparence minérale, dégage une présence incroyablement expressive. Dans une scène particulièrement poignante, Rocky semble "regarder" les étoiles avec une nostalgie palpable. "C'est là que vous réalisez que nous avons réussi", confie Phil Lord. "Quand le public ressent de l'émotion pour ce qui est essentiellement un tas de pierres animé."

Cette approche hybride a permis de créer quelque chose d'unique. "Rocky n'est ni complètement réel, ni complètement numérique", explique Scanlon. "Il existe dans cet espace entre les deux, ce qui lui donne cette qualité presque onirique."

Un personnage qui défie les conventions

Ce qui rend Rocky si spécial, c'est la façon dont il défie toutes les conventions du personnage extraterrestre. Pas de grands yeux expressifs, pas de voix mélodieuse, juste... une présence. "Andy Weir, dans son roman, avait créé quelque chose de radicalement différent", explique Drew Goddard, le scénariste. "Notre défi était de traduire cela à l'écran sans trahir l'esprit du livre."

Le résultat est un personnage qui communique uniquement par le mouvement et... des sons qui ressemblent à des pierres qui s'entrechoquent. "Nous avons enregistré des centaines de sons de roches", révèle le sound designer. "Chaque 'mot' de Rocky est une composition unique de ces sons, arrangés pour créer une sorte de langage."

Cette approche a créé une dynamique fascinante sur le plateau. "Parfois, Ryan improvisait des réponses aux 'dialogues' de Rocky", raconte Miller. "C'était comme assister à une conversation entre deux espèces différentes, et pourtant, ça marchait."