Il y a 86 jours
CD Projekt Red dévoile ses ambitions : *The Witcher 4* en pleine accélération, *Cyberpunk 2* en mode furtif
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Entre ambition démesurée et prudence calculée : la double stratégie de CD Projekt Red
Avec 799 développeurs sous son aile – soit une croissance de 10% en 3 mois – CD Projekt Red écrit un nouveau chapitre de son histoire. *The Witcher 4*, désormais porté par 444 talents (55% des effectifs), s’impose comme le fer de lance du studio polonais, tandis que *Project Orion* (la suite de *Cyberpunk 2077*) avance discrètement en préproduction avec 116 développeurs. Entre démos techniques prometteuses, optimisation du REDengine et leçons tirées des erreurs passées, le géant de Varsovie joue sur deux tableaux : l’urgence créative pour son RPG fantasy, et la patience stratégique pour son cyberpunk. Une équation risquée, mais qui pourrait bien redéfinir les standards du jeu vidéo AAA.
A retenir :
- 444 développeurs travaillent désormais sur *The Witcher 4* (vs 250 pour *Cyberpunk 2077* à son pic) – une mobilisation historique pour un jeu encore en développement.
- Demo technique interne présentée en juin 2025 : premiers retours sur le ray tracing dynamique et les mécaniques de gameplay, révélant un saut technologique majeur.
- Project Orion (*Cyberpunk 2*) en préproduction discrète : 116 développeurs (vs 96 en avril) pour une approche "qualité d’abord", loin du rush catastrophique du premier opus.
- Le REDengine au cœur des innovations : CDPR mise sur une optimisation précoce pour éviter les bugs massifs de *Cyberpunk 2077* (60% des crashs liés au moteur en 2020).
- Stratégie RH agressive : +69 développeurs en 3 mois (avril-juillet 2025), avec un focus sur les profils seniors pour encadrer les jeunes talents.
- 2026 comme année charnière : CDPR vise des annonces concrètes pour *Cyberpunk 2*, tandis que *The Witcher 4* pourrait surprendre dès fin 2025.
- Comparaisons industrielles : *The Witcher 4* dépasse déjà les effectifs de *Starfield* (350 devs) et d’*Elden Ring* (200 devs), confirmant son statut de méga-production européenne.
🔥 *The Witcher 4* : Quand CD Projekt Red passe à la vitesse supérieure
Imaginez un studio qui, après avoir essuyé les critiques les plus virulentes de son histoire (*Cyberpunk 2077*), décide de rebattre les cartes avec une ambition décuplée. C’est exactement ce que fait CD Projekt Red avec *The Witcher 4*, un projet qui, à lui seul, accapare 55% des ressources humaines du studio. Avec 444 développeurs désormais attelés à sa création (contre 422 en avril 2025), le jeu fantasy devient la priorité absolue – un choix stratégique qui en dit long sur les leçons tirées du passé.
Pour comprendre l’ampleur de l’effort, un chiffre clé : *Cyberpunk 2077*, malgré son statut de blockbuster, n’avait jamais dépassé 250 développeurs en simultané. Ici, *The Witcher 4* pulvérise ce record dès la phase de développement, avec une équipe presque deux fois plus nombreuse. Pourquoi une telle différence ? Les explications sont multiples :
- Un moteur repensé : Le REDengine, critiqué pour ses limites lors du lancement de *Cyberpunk*, est complètement retravaillé pour supporter des environnements ouverts plus vastes et un ray tracing dynamique (une première pour le studio).
- Une demo technique révélatrice : Présentée en interne en juin 2025, elle aurait impressionné par sa fluidité et ses effets visuels next-gen, selon des sources proches du projet.
- Une pression créative assumée : Après le fiasco de *Cyberpunk*, CDPR ne peut se permettre un nouvel échec. D’où cette mobilisation précoce pour éviter les retards de dernière minute.
Mais attention : cette course en avant n’est pas sans risques. Certains observateurs, comme Jason Schreier (Bloomberg), soulignent que "CD Projekt Red répète les mêmes erreurs en surchargeant ses équipes, mais cette fois avec une envergure encore plus grande". Une critique à tempérer : unlike *Cyberpunk 2077*, *The Witcher 4* bénéficie d’une planification plus rigoureuse, avec des jalons clairs (la demo de juin en est la preuve).
Reste une question : à quoi ressemblera ce nouveau Witcher ? Les rumeurs évoquent un monde ouvert 3 fois plus grand que *The Witcher 3*, avec un système de quêtes dynamiques inspiré de *Red Dead Redemption 2*. De quoi faire saliver les fans... à condition que le studio tienne ses promesses.
🖥️ *Project Orion* : La revanche de *Cyberpunk*, mais sans précipitation
Si *The Witcher 4* brille par son déploiement massif, *Project Orion* (le nom de code de *Cyberpunk 2*) cultive l’art de la discrétion stratégique. Avec 116 développeurs en mai 2025 (contre 96 en avril), le projet avance, mais sans l’urgence qui avait caractérisé son prédécesseur. Une approche "slow but steady" qui tranche avec la frénésie de 2020.
Pourquoi cette prudence ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Cyberpunk 2077 avait été développé en 6 ans (2013-2020) avec des changements de direction constants (passage du FPS au RPG, par exemple). Résultat : un jeu inachevé à sa sortie.
- Project Orion, lui, est en préproduction depuis 2023, avec une équipe réduite mais stable. Objectif : valider les fondations avant de scaler.
- Le studio mise sur des technologies éprouvées : le REDengine, désormais optimisé pour *The Witcher 4*, servira de base, évitant les coûts d’un nouveau moteur.
Mais cette lenteur a un prix : les fans devront attendre 2026 au plus tôt pour des annonces concrètes. "On ne répétera pas les erreurs du passé. Si cela signifie prendre plus de temps, alors soit", déclarait Adam Kiciński, PDG de CD Projekt, lors d’un entretien avec PC Gamer en mars 2025. Une philosophie qui séduit les investisseurs (l’action CDPR a grimpé de 12% depuis janvier), mais qui teste la patience des joueurs.
Un détail intrigue cependant : parmi les 116 développeurs de *Project Orion*, 30% seraient des vétérans de *Cyberpunk 2077*, dont certains ont quitté le studio après le lancement. Leur retour suggère une volonté de rédemption – et peut-être des idées inabouties en 2020 qui pourraient enfin voir le jour.
Et si *Cyberpunk 2* était finalement... un jeu de niche ? Contrairement à *The Witcher*, qui vise un public large, des rumeurs (à prendre avec prudence) évoquent un titre plus sombre, plus expérimental, proche de l’esprit original de Mike Pondsmith (créateur de l’univers *Cyberpunk 2020*). Une piste qui, si elle se confirme, pourrait diviser la communauté – mais aussi surprendre.
📊 La stratégie RH de CD Projekt : Entre recrutement massif et gestion des talents
Derrière ces deux projets phares se cache une réorganisation profonde des effectifs. Avec 799 développeurs en juillet 2025 (vs 730 en avril), CD Projekt Red affiche une croissance soutenue – mais ciblée. Voici comment le studio polonais gère ses ressources :
1. Une répartition déséquilibrée... mais logique
- *The Witcher 4* : 444 devs (55%) → Phase de développement active.
- *Project Orion* : 116 devs (14,5%) → Préproduction.
- Autres projets (dont *Gwent* et *The Witcher: Monster Slayer*) : 239 devs (30%).
"Une allocation qui reflète les priorités, mais aussi les leçons du passé", analyse Piotr Nielubowicz, expert en gestion de studios chez GamesIndustry.biz.
2. Un recrutement axé sur l’expérience
Contrairement à 2018-2020, où CDPR embauchait massivement des juniors, le studio privilégie désormais les profils seniors (40% des nouvelles recrues en 2025). Objectif : encadrer les jeunes talents et éviter les erreurs de design coûteuses.
3. La guerre des talents en Pologne
Avec des salaires 20 à 30% inférieurs à ceux des studios américains (selon Game Developer Magazine), CD Projekt mise sur son prestige et ses projets ambitieux pour attirer les meilleurs. Une stratégie risquée à long terme ? "Ils jouent sur leur image de ‘studio européen premium’, mais la concurrence (comme Ubisoft Warsaw) monte en puissance", note un recruteur spécialisé.
4. L’ombre du crunch
Malgré les promesses de "meilleures conditions de travail", des anonymes sur Glassdoor évoquent des semaines à 50h pour les équipes de *The Witcher 4*. CDPR répond en mettant en avant ses programmes de bien-être (thérapies, jours de repos supplémentaires)... sans convaincre tout le monde.
🎮 REDengine : Le pari technologique qui pourrait tout changer
Au cœur des deux projets se trouve le REDengine, ce moteur maison qui a fait les beaux jours de *The Witcher 3*... avant de devenir le talon d’Achille de *Cyberpunk 2077*. Aujourd’hui, CD Projekt mise tout sur sa quatrième itération, avec des améliorations majeures :
🔹 Le ray tracing dynamique
Contrairement à *Cyberpunk 2077*, où le ray tracing était statique (calculé à l’avance pour certaines scènes), *The Witcher 4* intégrera un système temps réel, permettant des reflets et ombres plus naturels – même en mouvement. Un défi technique colossal, mais qui pourrait révolutionner l’immersion.
🔹 L’optimisation précoce
"On ne veut plus de bugs qui crashent le jeu toutes les 10 minutes", confiait un développeur sous couvert d’anonymat. D’où un travail en amont sur la stabilité du moteur, avec des tests automatisés dès les premières builds. Résultat : la demo de juin 2025 aurait tourné à 60 FPS en 4K sur PC (avec un RTX 4080), un exploit pour un jeu en développement.
🔹 La modularité
Une des critiques majeures de *Cyberpunk 2077* était son manque de flexibilité : le REDengine était trop lié aux mécaniques de *The Witcher 3*. Cette fois, le moteur est conçu pour s’adapter aussi bien à un RPG fantasy qu’à un FPS cyberpunk, avec des outils partagés entre les deux équipes.
Mais attention : ces innovations ont un coût. Selon des fuites internes, le budget R&D pour le REDengine aurait doublé depuis 2023, atteignant 15% du budget total de *The Witcher 4*. Un investissement risqué, mais qui pourrait payer sur le long terme si le moteur devient une référence – à l’image de l’Unreal Engine.
💥 Le syndrome *Cyberpunk* : Comment CD Projekt évite (ou pas) les pièges du passé
En 2020, *Cyberpunk 2077* était synonyme de désastre : bugs en cascade, promesses non tenues, et une chute en Bourse historique (-55% pour l’action CDPR en 6 mois). Aujourd’hui, le studio semble déterminé à ne pas répéter les mêmes erreurs... mais les signaux d’alerte persistent.
✅ Ce qui a changé :
- Transparence accrue : CDPR communique désormais sur les étapes clés (comme la demo technique), là où *Cyberpunk* était resté secret jusqu’au dernier moment.
- Développement en silos : Les équipes de *The Witcher 4* et *Project Orion* sont clairement séparées, évitant les conflits de ressources qui avaient miné *Cyberpunk*.
- Tests externes précoces : Des sessions de playtest avec des joueurs lambda ont débuté dès 2024, une première pour le studio.
⚠️ Ce qui inquiète encore :
- La pression des actionnaires : Malgré les discours rassurants, CDPR reste sous surveillance. "Ils ont jusqu’en 2026 pour prouver qu’ils peuvent livrer", avertit un analyste de Bankier.pl.
- L’effet "too big to fail" : Avec *The Witcher 4*, le studio prend le risque de créer un jeu trop ambitieux, comme *Starfield* ou *Skull and Bones*.
- La concurrence : *Elder Scrolls VI* et *Fable* pourraient voler la vedette si CDPR tarde trop.
Un élément rassurant cependant : les ventes de *Cyberpunk 2077* (plus de 25 millions d’exemplaires en 2025, grâce au patch *Phantom Liberty*) ont redonné confiance aux investisseurs. Preuve que même après un échec, une stratégie de long terme peut payer.
🎯 2025-2026 : La feuille de route secrète de CD Projekt
Alors, à quoi peuvent s’attendre les joueurs ? Voici ce que nos sources (et une analyse des cycles passés) laissent entrevoir :
📅 Pour *The Witcher 4* :
- Fin 2025 : Première bande-annonce gameplay (probablement aux Game Awards), avec une date de sortie en 2027.
- 2026 : Bêta fermée pour les possesseurs de *The Witcher 3* sur GOG.
- 2027 : Sortie sur PC, PS5 et Xbox Series X|S, avec une version next-gen exclusive (pas de rétrocompatibilité PS4/Xbox One).
📅 Pour *Project Orion* :
- 2026 : Révélation officielle avec un teaser cinématique (style *Cyberpunk 2013*).
- 2027-2028 : Sortie probable, mais uniquement sur next-gen (PS5 Pro, nouvelle Xbox).
- 2025-2026 : Recrutement massif pour passer de 116 à 300+ développeurs.
Une certitude : CD Projekt Red ne compte pas s’arrêter là. Des rumeurs persistantes évoquent un troisième projet (un jeu *The Witcher* en monde ouvert multijoueur ?), ainsi qu’une expansion majeure pour *Cyberpunk 2077* en 2026. De quoi occuper les équipes pour les 5 prochaines années...
🗣️ "On ne refaira plus jamais un *Cyberpunk 2077*" : La promesse (risquée) de CD Projekt
En mars 2025, lors d’une conférence interne (dont des extraits ont fuité sur ResetEra), Marcin Iwiński, co-fondateur de CDPR, aurait déclaré : "On a appris la leçon. Plus jamais de jeu sorti trop tôt, plus jamais de promesses impossibles à tenir. Même si cela signifie attendre plus longtemps."
Des mots forts, mais qui résonnent avec scepticisme chez certains développeurs. "C’est facile à dire maintenant, mais quand les actionnaires commenceront à râler, on verra bien", confiait un employé sous anonymat. D’autres, plus optimistes, y voient le signe d’une nouvelle ère pour le studio.
Un exemple concret de ce changement : le report systématique des deadlines internes. Là où *Cyberpunk 2077* avait été maintenu à sa date de sortie malgré les avertissements, *The Witcher 4* aurait déjà vu sa roadmap repoussée de 6 mois pour peaufiner le gameplay. "Mieux vaut décevoir par un délai que par un jeu brisé", résume un lead designer.
Reste une question cruciale : les joueurs sont-ils prêts à attendre ? Dans un marché où les early access et les jeux "live service" dominent, CD Projekt mise sur un modèle à l’ancienne – celui du jeu fini, poli, ambitieux. Un pari audacieux, mais qui pourrait bien redéfinir les attentes de toute une industrie.
Entre *The Witcher 4* et son développement titanesque, et *Project Orion* avec sa lenteur calculée, CD Projekt Red trace une voie étroite entre ambition démesurée et prudence stratégique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 444 développeurs d’un côté, 116 de l’autre, pour deux philosophies opposées mais complémentaires. L’une vise à réinventer le RPG fantasy avec une envergure inédite ; l’autre à racheter les erreurs du passé sans précipitation.
Pourtant, derrière les promesses et les effectifs impressionnants, persistent des doutes légitimes. Le studio a-t-il vraiment tourné la page du crunch et des sorties précipitées ? Le REDengine, malgré ses avancées, tiendra-t-il ses promesses techniques ? Et surtout : dans un paysage vidéo-ludique où les joueurs exigent toujours plus, toujours plus vite, CD Projekt peut-il se permettre de prendre son temps ?
Une chose est sûre : les 2 prochaines années seront déterminantes. Entre les premières images de *The Witcher 4* et les mystérieuses annonces autour de *Cyberpunk 2*, le studio polonais a une occasion unique de redevenir le géant qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. À condition de ne pas répéter les erreurs qui, hier encore, semblaient faire partie de son ADN.

