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Proyecto Salvación : la révélation de Rocky dans les bandes-annonces divise les fans – mais Andy Weir assume son choix
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Pourquoi la révélation de Rocky dans les bandes-annonces de Proyecto Salvación fait-elle autant débat ?
A retenir :
- Proyecto Salvación, l’adaptation du roman d’Andy Weir, crée la polémique en dévoilant Rocky, l’extraterrestre emblématique, dès les premières bandes-annonces – un choix marketing qui divise.
- Pour Weir, Rocky n’est pas un spoiler, mais un "pilier de l’histoire", à l’inverse de films comme Dune où Denis Villeneuve a tout fait pour préserver les mystères.
- Entre transparence assumée et risque de gâcher la surprise, cette stratégie interroge : le public préférera-t-il une immersion sans secrets ou une découverte progressive ?
- Le design de Rocky, mélange de crustacé et de végétal, promet une originalité visuelle forte – mais sa révélation précoce pourrait-elle affaiblir l’impact émotionnel du film ?
- Comparaisons avec Life (2017) et Star Wars : quand le marketing entre en conflit avec l’expérience narrative, qui a raison ? Les fans ou les créateurs ?
Un choix audacieux qui fait grincer des dents
Imaginez : vous attendez depuis des années l’adaptation d’un de vos romans de science-fiction préférés. Les premières images débarquent enfin… et BAM, l’un des plus grands mystères de l’histoire vous est révélé en 30 secondes de trailer. C’est exactement ce qui vient d’arriver aux fans de Proyecto Salvación (Project Hail Mary en VO), le nouveau film de Sony Pictures adapté du best-seller d’Andy Weir. La faute à Rocky, cet extraterrestre aussi attachant qu’inattendu, dont l’apparition dans les bandes-annonces a déclenché une vague de critiques. Pourtant, pour Weir – à la fois auteur du roman et producteur du film –, cette révélation n’a rien d’un spoiler. Alors, stratégie marketing géniale ou trahison de l’esprit du livre ?
Dès les premières secondes du trailer, le ton est donné : Rocky est là, bien visible, avec son allure hybride entre un homard géant et une plante des abysses. Pour les lecteurs du roman, ce personnage représente bien plus qu’un simple compagnon de voyage pour Ryland Grace (interprété par Ryan Gosling) – c’est une révélation majeure, un moment où l’histoire bascule. Certains fans estiment que le film gâche ainsi l’effet de surprise qui faisait tout le sel de la découverte dans le livre. Sur les réseaux, les réactions fusent : "Pourquoi spoiler un des meilleurs twists du roman ?", "Ils viennent de tuer 30% du suspense en 2 minutes", ou encore "Andy Weir a vendu son âme au marketing". Des critiques qui rappellent celles essuyées par Prometheus (2012), où les trailers avaient trop en dit sur l’intrigue, frustant une partie du public à la sortie.
"Ce n’est pas un spoiler, c’est un pilier de l’histoire" : la défense d’Andy Weir
Face à la bronca, Andy Weir n’a pas tardé à réagir. Dans une interview accordée à Variety, il assume pleinement ce choix : "Rocky n’est pas un twist caché comme la révélation 'Je suis ton père' dans Star Wars. C’est un personnage central, présent dès la couverture du livre. Le cacher aurait été contre-productif." Une justification qui peut surprendre, surtout quand on la compare à d’autres adaptations récentes. Prenez Dune (2021) : Denis Villeneuve avait sciemment évité de montrer les vers géants dans les trailers, préférant garder l’élément de surprise pour le grand écran. Résultat ? Une immersion totale et des salles comblées. À l’inverse, Life (2017) avait joué la carte du mystère absolu autour de sa créature extraterrestre… avant de décevoir une partie du public, qui trouvait le film trop éloigné des attentes créées par le marketing.
Weir mise donc sur la transparence, un parti pris risqué. "Les gens doivent savoir dans quoi ils mettent les pieds", explique-t-il, "sinon, ils pourraient se sentir floués. Rocky est essentiel à l’histoire, autant le montrer dès le début." Une logique qui rappelle celle de Marvel avec ses post-credits scenes : on sait qu’il y aura des surprises, mais on ignore encore leur nature exacte. Reste une question : en dévoilant Rocky dès maintenant, le film ne perd-il pas une partie de sa magie ? Après tout, dans le roman, la découverte progressive de cet extraterrestre – d’abord perçu comme une menace, puis comme un allié – est un moment clé, presque émotionnellement chargé. En le révélant d’emblée, Proyecto Salvación prend le risque de désamorcer une partie du suspense… à moins que le film ne réserve d’autres surprises bien plus grandes.
Rocky, star malgré lui : un design qui promet, mais un rôle déjà trop connu ?
Difficile de parler de Rocky sans évoquer son design unique. Avec ses 1,80 mètre, sa carapace segmentée et ses membres rappelant à la fois un crustacé et une plante carnivore, il incarne à lui seul l’originalité visuelle de Proyecto Salvación. Les premiers visuels laissent entrevoir un travail minutieux des équipes de VFX, dirigées par Swen Gillberg (connu pour Annihilation et Ex Machina), qui semblent avoir mis un point d’honneur à rendre cet extraterrestre à la fois crédible et attachant. "On voulait qu’il ait une présence physique imposante, mais aussi une expressivité qui permet au public de s’y attacher immédiatement", confie un membre de l’équipe dans les coulisses du tournage.
Pourtant, c’est justement cette expressivité qui pose problème. Dans le roman, Rocky est d’abord une énigme : Ryland Grace le découvre petit à petit, apprenant à communiquer avec lui malgré la barrière linguistique. Cette construction progressive de leur relation est l’un des points forts du livre. En le montrant dès le trailer, le film court le risque de réduire l’impact de ces scènes. "C’est comme si on vous révélait le design de Gollum avant de voir Le Seigneur des Anneaux – vous perdriez une partie de la magie de sa première apparition", compare un fan sur Reddit. À l’inverse, certains soulignent que cette approche évite les fausses promesses : "Au moins, on sait à quoi s’attendre. Avec Life, j’ai cru à un thriller spatial façon Alien, et j’ai eu droit à un film de monstre générique", tempère un autre internaute.
Le précédent "Life" : quand le marketing trompe le public
Justement, parlons de Life. Sorti en 2017, ce film avec Jake Gyllenhaal et Ryan Reynolds avait été vendu comme un thriller spatial haletant, dans la veine d’Alien ou de Gravity. Pourtant, les bandes-annonces avaient soigneusement évité de montrer la créature extraterrestre, laissant planer le doute sur sa nature. Résultat ? À la sortie, beaucoup de spectateurs ont été déçus par un scénario plus prévisible que prévu, et un monstre finalement peu original. "Ils nous ont vendu du suspense, mais au final, c’était juste un film de survie classique", résumait un critique à l’époque.
C’est précisément ce piège que veut éviter Andy Weir. En montrant Rocky dès maintenant, il assume un pari : "Mieux vaut surprendre par la qualité de l’exécution que par des cachotteries marketing". Une philosophie qui rejoint celle de James Cameron pour Avatar : plutôt que de cacher les Na’vi, le réalisateur avait mis en avant leur design dès les premières images, misant sur l’immersion visuelle pour séduire. Avec Proyecto Salvación, la question reste entière : le public préférera-t-il une transparence assumée ou une découverte progressive, même si cela signifie prendre le risque de le décevoir ?
Et si le vrai spoiler était ailleurs ?
Ironie de l’histoire : alors que les fans s’indignent de la révélation de Rocky, certains observateurs pointent un autre élément bien plus problématique dans les trailers. Sans trop en dire (pour éviter de spoiler nous-mêmes), disons que l’intrigue principale du roman repose sur un enjeu scientifique colossal, presque existentialiste. Or, les bandes-annonces semblent en dévoiler les grandes lignes… ce qui pourrait, là, réellement gâcher la surprise. "Personne ne parle de ça, mais c’est ça, le vrai spoiler", souligne un utilisateur de Twitter, "Rocky, ok, mais l’autre truc… c’est bien plus grave !"
Une théorie qui mérite d’être creusée. Après tout, Andy Weir est un maître de l’équilibre entre science et émotion – son premier roman, Seul sur Mars (The Martian), en est la preuve. Si Proyecto Salvación repose sur une énigme scientifique aussi captivante que celle de Ryland Grace (un professeur réveillé seul dans l’espace avec une mission impossible), alors oui, en dévoiler trop pourrait s’avérer contre-productif. Mais là encore, Weir semble confiant : "Ce que les trailers montrent, c’est juste la surface. L’essentiel reste à découvrir." Une réponse qui laisse planer le doute… et l’espoir que le film réserve encore des surprises.
Le mot de la fin : un débat qui dépasse Proyecto Salvación
Au-delà de ce cas précis, la polémique autour de Rocky soulève une question plus large : jusqu’où les studios peuvent-ils aller dans le marketing sans trahir l’œuvre originale ? À l’ère des spoilers en 24h et des théories en ligne, les créateurs sont pris entre deux feux : attirer le public sans tout dévoiler. Certains, comme Christopher Nolan, refusent catégoriquement de montrer trop de leur film (voir Tenet, dont les trailers étaient volontairement obscurs). D’autres, comme Marvel, misent sur la sur-exposition pour créer de l’engouement.
Proyecto Salvación se situe quelque part entre les deux. En choisissant de révéler Rocky, Andy Weir et Sony Pictures font un calcul : "Mieux vaut un public préparé qu’un public déçu". Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits. Une chose est sûre : le débat est lancé, et il ne fait que commencer. Après tout, comme le dit un proverbe bien connu des amateurs de SF : "Dans l’espace, personne ne vous entend crier… surtout pas contre les spoilers."

