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PS5 : comment Sony réécrit l’histoire des consoles en pulvérisant les records
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La PS5 vient d’accomplir un exploit rare : dépasser les ventes totales de la PS3 aux États-Unis en moins de cinq ans. Avec 80 millions d’unités écoulées mondialement depuis 2020, la console de Sony talonne désormais le record absolu de sa prédécesseure (88 millions en dix ans), portée par des exclusivités comme God of War Ragnarök et Spider-Man 2. Une performance qui contraste avec les difficultés de la Xbox Series X|S (21 millions) et les retards de la Nintendo Switch 2, confirmant la domination sans partage de Sony sur ce cycle.
A retenir :
- La PS5 dépasse officiellement les ventes totales de la PS3 aux États-Unis en moins de 5 ans (contre 10 ans pour la PS3).
- Avec 80 millions d’unités vendues depuis 2020, elle pourrait battre le record de la PS3 (88 millions) d’ici 2026 — soit 6 ans seulement.
- Les exclusivités God of War Ragnarök et Spider-Man 2 ont généré des pics de ventes, avec un impact 3 à 4 fois supérieur à celui des titres multiplateformes.
- Stratégie gagnante : la rétrocompatibilité étendue (PS4 + PS5) et un catalogue de jeux 50 % plus fourni que celui de la PS3 à la même période.
- Face à elle, la Xbox Series X|S stagne à 21 millions et la Switch 2 accumule les reports, comme celui de Borderlands 4.
Un symbole fort : la PS5 enterre la PS3 aux États-Unis
C’est un tournant historique pour Sony. Selon les données compilées par Mat Piscatella (Circana), la PlayStation 5 a officiellement dépassé le volume total de ventes de la PS3 sur le marché américain — et ce, en moins de cinq ans. Un exploit quand on sait que la PS3 avait mis une décennie (2006–2016) pour atteindre ses 88 millions d’unités à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, avec 80 millions de consoles écoulées depuis son lancement en novembre 2020, la PS5 se rapproche dangereusement de ce record... et pourrait bien le pulvériser d’ici 2026.
Pour comprendre l’ampleur de cette performance, il faut remonter au contexte de la PS3. Sortie en 2006 dans un marché dominé par la Xbox 360 et la Wii, elle avait peiné à s’imposer, handicapée par un prix élevé (599 $ à l’époque) et un catalogue de jeux initial limité. La PS5, elle, a bénéficié d’un alignement parfait : un lancement en pleine pandémie (novembre 2020), une demande explosive pour le gaming, et des titres phares comme Demon’s Souls ou Ratchet & Clank: Rift Apart dès la première année.
« La PS5 a profité d’un écosystème bien plus mature que celui de la PS3, avec une base installée de joueurs PS4 prêts à migrer », analyse Daniel Ahmad, expert chez Niko Partners. « Sony a aussi corrigé les erreurs du passé, comme le manque de rétrocompatibilité ou les délais de développement trop longs pour les exclusivités. »
Le secret de Sony : des exclusivités qui font exploser les ventes
Si la PS5 carte aussi bien, c’est avant tout grâce à son catalogue exclusif. Des titres comme God of War Ragnarök (2022) ou Marvel’s Spider-Man 2 (2023) ont généré des pics de ventes historiques. Selon les données de Sony Interactive Entertainment, Spider-Man 2 a ainsi vendu 2,5 millions d’exemplaires en 24 heures — un record pour une exclusivité PlayStation. À titre de comparaison, God of War (2018) sur PS4 avait mis trois jours pour atteindre ce seuil.
Mais ce n’est pas tout. Contrairement à la PS3, dont les jeux étaient souvent critiqués pour leur manque de finition (comme The Last Guardian, développé pendant près de 10 ans), la PS5 mise sur des productions plus régulières et mieux optimisées. Résultat : en 2023, pas moins de 5 exclusivités majeures sont sorties (Horizon Forbidden West: Burning Shores, Final Fantasy XVI, Marvel’s Spider-Man 2, etc.), contre seulement 2 ou 3 par an en moyenne pour la PS3.
Autre atout clé : la rétrocompatibilité. Là où la PS3 ne permettait de jouer qu’à une poignée de titres PS2 (et encore, via des émulateurs peu performants), la PS5 offre une compatibilité quasi totale avec la PS4 — soit plus de 4 000 jeux accessibles dès le lancement. Une stratégie payante : selon une étude de Newzoo, 60 % des acheteurs de PS5 ont cité la rétrocompatibilité comme un critère décisif.
Xbox et Nintendo à la traîne : pourquoi la PS5 domine sans partage
Face à ce succès, les concurrents peinent à suivre. La Xbox Series X|S, lancée le même mois que la PS5 (novembre 2020), n’a vendu « que » 21 millions d’unités selon les dernières estimations de Ampere Analysis. Un écart abyssal qui s’explique par plusieurs facteurs :
- Un manque d’exclusivités : hormis Starfield (2023) et Forza Horizon 5 (2021), Microsoft a misé sur des rachats de studios (Bethesda, Activision) plutôt que sur des développements internes. Résultat : 70 % des joueurs Xbox jouent principalement à des titres multiplateformes comme Call of Duty.
- Une communication floue : la différence entre la Series X (4K/60 FPS) et la Series S (1440p/30 FPS) a semé la confusion chez les consommateurs, contrairement à la PS5 et sa version Digital Edition clairement positionnée.
- Le Game Pass, un atout... mais pas suffisant : si l’abonnement de Microsoft séduit (plus de 30 millions d’abonnés), il ne compense pas le manque de hardware vendu. « Le Game Pass est une réussite, mais il ne crée pas de fidélité à la marque Xbox comme le font les exclusivités PlayStation », note Piers Harding-Rolls (Ampere Analysis).
Côté Nintendo, la donne est différente. La Switch, lancée en 2017, a certes écoulé 153 millions d’unités, mais son rythme ralentit (-20 % de ventes en 2023 vs 2022). Quant à la Switch 2, son lancement, initialement prévu pour mars 2024, a été reporté à 2025 en raison de problèmes de production (puces Nvidia custom). Preuve de ces difficultés : le portage de Borderlands 4, annoncé pour la Switch 2, a été annulé — un mauvais signal pour les développeurs tiers.
Derrière les chiffres : comment Sony a évité les pièges du passé
Le succès de la PS5 n’est pas le fruit du hasard. Après l’échec relatif de la PS Vita (2011) et les débuts chaotiques de la PS3, Sony a tiré les leçons. Voici trois décisions clés qui ont fait la différence :
- Un lancement maîtrisé : contrairement à la PS3, sortie en deux versions (20 Go et 60 Go) à des prix prohibitifs, la PS5 a été proposée dès le départ en une édition standard (499 $) et une Digital Edition (399 $). Résultat : 5 millions d’unités vendues en un mois, malgré la pénurie de composants.
- Des partenariats stratégiques : Sony a noué des accords avec des studios tiers pour sécuriser des exclusivités temporaires, comme Final Fantasy XVI (Square Enix) ou Death Stranding 2 (Kojima Productions). Une tactique qui a permis d’élargir l’attrait de la console au-delà des fans historiques de PlayStation.
- Une communication transparente : après les critiques sur le manque de jeux next-gen en 2021, Sony a accéléré son calendrier, avec des annonces régulières lors des State of Play. « Les joueurs savent désormais à quoi s’attendre, contrairement à l’époque PS3 où les retards s’enchaînaient sans explication », souligne Tamur Hirokawa, journaliste chez Famitsu.
Enfin, Sony a su capitaliser sur l’effet communauté. Avec plus de 110 millions de joueurs actifs mensuels sur PS4/PS5 (chiffres 2023), l’écosystème PlayStation est devenu une plateforme sociale, où les joueurs partagent leurs exploits via le PSN ou des fonctionnalités comme le Share Play. Un argument massif face à la Xbox, souvent perçue comme plus « solo », ou à la Switch, limitée par sa puissance technique.
Et demain ? La PS5 peut-elle battre le record absolu de la PS2 ?
Avec 80 millions d’unités vendues en 4 ans, la PS5 est bien partie pour dépasser les 88 millions de PS3. Mais le vrai défi sera de s’approcher du record absolu détenu par la PS2 : 155 millions. Un objectif ambitieux, mais pas impossible si l’on en croit les projections de DFC Intelligence, qui estiment que la PS5 pourrait atteindre 120 à 130 millions d’ici 2028.
Plusieurs facteurs joueront en sa faveur :
- L’arrivée de la PS5 Pro : prévue pour fin 2024, cette version haut de gamme (4K/120 FPS, ray tracing amélioré) pourrait relancer les ventes, comme l’avait fait la PS4 Pro en 2016.
- L’expansion en Asie : la PS5 reste sous-représentée au Japon (seulement 3 millions d’unités vendues), un marché où la Switch domine. Sony mise sur des exclusivités comme Like a Dragon: Infinite Wealth pour séduire les joueurs locaux.
- Le cloud gaming : avec PlayStation Plus Premium (streaming de jeux PS5 sur PC et mobile), Sony pourrait toucher une audience plus large, sans nécessiter l’achat d’une console.
Reste un risque : la saturation du marché. Après deux années de croissance record (+15 % en 2020–2021), les ventes de consoles ralentissent en 2024 (-5 % sur le premier trimestre). « Le vrai test sera de maintenir l’engouement après 2025, quand la plupart des early adopters auront déjà leur PS5 », prévient Serge Hascoët, ancien directeur créatif d’Ubisoft.
Prochaine étape : dépasser les 100 millions d’ici 2025 — un cap symbolique qui ferait d’elle la deuxième console la plus vendue de l’histoire, derrière la légendaire PS2. Un pari audacieux, mais avec des atouts comme God of War Ragnarök 2 (prévu en 2026) ou la PS5 Pro, Sony a toutes les cartes en main pour y parvenir.

