PS5 Slim (CFI-2100) : Sony Réduit le SSD de 27 %… Mais Garde le Prix à 500 € en Europe

PS5 Slim (CFI-2100) : Un SSD Amputé de 27 %, Mais Toujours à 500 €

Sony vient de franchir une ligne rouge auprès des joueurs européens. Sans annonce officielle tonitruante, la firme japonaise a introduit une nouvelle version de sa PlayStation 5, le modèle CFI-2100, caractérisé par un SSD réduit à 825 Go contre 1 To précédemment. En pratique, cela signifie que l’espace utilisable chute de 848 Go à 667,2 Go – une perte de 27 % qui n’est accompagnée d’aucune réduction de prix. La console reste affichée à 500 €, comme si de rien n’était.

Cette décision peut sembler d’autant plus surprenante que Sony avait déjà augmenté le prix de la PS5 de 50 € en Europe en avril 2024, suivi d’une hausse de 50 $ aux États-Unis en août. Autrement dit, les joueurs paient désormais plus cher pour une console moins performante sur le plan du stockage. Une équation difficile à avaler, surtout lorsque l’on sait que les coûts des composants, comme les SSD, ont globalement baissé depuis 2020.

Interrogé par Eurogamer, un porte-parole de Sony a simplement indiqué que cette version était destinée à "optimiser la production et la logistique". Une réponse vague qui ne masque pas le fond du problème : les économies réalisées profitent aux marges de l’entreprise, pas aux consommateurs. Pire, cette réduction de stockage arrive à un moment où les jeux next-gen occupent de plus en plus d’espace. Call of Duty: Modern Warfare III (2023) pèse déjà 200 Go avec ses mises à jour, tandis que Star Wars Jedi: Survivor (2023) dépasse les 150 Go. Avec 667,2 Go utilisables, il faudra choisir quels jeux garder installés… ou investir dans un SSD externe.

Sous le Capot : Un Boîtier Mat et des Composants Allégés, Mais des Performances Identiques

Le YouTuber Austin Evans, connu pour ses démontages de matériel high-tech, a passé la PS5 CFI-2100 au crible. Ses observations révèlent plusieurs changements notables :

1. Un design revisité : Le boîtier central arbore désormais une finition mate, plus résistante aux traces de doigts, mais aussi moins premium au toucher. Les aérations ont été légèrement retravaillées, sans impact sur le refroidissement.
2. Des composants optimisés : Certains éléments internes, comme le dissipateur thermique, ont été allégés. La carte mère, elle, reste globalement similaire, confirmant que Sony n’a pas touché aux performances brutes.
3. Un SSD différent : Le module de stockage, bien que réduit, utilise toujours la même technologie PCIe 4.0, garantissant des vitesses de chargement identiques. En revanche, son format plus compact laisse présager une production moins coûteuse.

Résultat ? La console chauffe autant, fait autant de bruit, et lance les jeux à la même vitesse que les modèles précédents. En clair, Sony a réussi à réduire ses coûts sans altérer l’expérience utilisateur… mais sans non plus faire profiter les joueurs de ces économies. Une stratégie qui rappelle étrangement celle de Microsoft, qui a augmenté les prix de ses Xbox Series X|S en 2024 (Series X à 650 $, Series S à 400 $) sous prétexte d’"ajustements inflationnistes".

"C’est une tendance lourde dans l’industrie, analyse Thomas Morgan, rédacteur en chef de Canard PC. Les constructeurs profitent du fait que les joueurs sont captifs : une fois qu’ils ont investi dans une écurie (PlayStation, Xbox, Nintendo), ils sont prêts à payer plus cher pour rester dans l’écosystème." Une analyse qui fait écho aux hausses répétées des abonnements PlayStation Plus (passé de 59,99 € à 89,99 €/an pour la version Premium en 2023).

"Le SSD Externe Devient Obligatoire" : La Facture S’Alourdit pour les Joueurs

Avec seulement 667,2 Go utilisables, la question du stockage se pose avec une urgence nouvelle. Pour comparaison :

- God of War Ragnarök (2022) : 80 Go
- Horizon Forbidden West (2022) : 110 Go
- Final Fantasy XVI (2023) : 100 Go (sans les DLC)
- Diablo IV (2023) : 90 Go (et jusqu’à 120 Go avec les mises à jour).

En installant seulement 4 jeux AAA récents, vous saturez déjà 80 % du stockage. La solution ? Opter pour un SSD NVMe externe compatible (comme le WD Black SN850X ou le Seagate FireCuda 530), dont les prix varient entre 100 € et 200 € pour 1 To. Une dépense supplémentaire que Sony ne compte manifestement pas prendre en charge.

"C’est un vrai problème, surtout pour les joueurs occasionnels qui n’ont pas forcément les moyens d’investir dans du matériel supplémentaire, déplore Marine, 28 ans, possesseuse d’une PS5 depuis 2021. Avant, avec 1 To, je pouvais garder 8-10 jeux installés. Là, je vais devoir désinstaller après chaque session… ou sortir 150 € de plus. Ce n’est pas normal."

Pire : les SSD externes, bien que performants, ne permettent pas de jouer aux jeux PS5 sans les transférer sur le stockage interne (une opération longue et fastidieuse). Une limitation technique qui rend la solution moins pratique qu’il n’y paraît.

Derrière les Économies de Sony : Une Industrie du Gaming en Pleine Mutation

Cette réduction de stockage n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une stratégie globale des constructeurs pour maintenir leurs marges malgré :

- La baisse des coûts des composants : Selon Bloomberg, le prix des SSD a chuté de 40 % entre 2020 et 2023, tandis que les coûts logistiques se sont stabilisés après la crise du COVID.
- L’inflation contrôlée : En 2024, l’inflation en Europe est redescendue sous les 3 %, loin des pics de 2022.
- Des revenus records : Sony a enregistré un bénéfice net de 8,9 milliards de dollars en 2023, porté par ses divisions jeu vidéo et divertissement.

"Les constructeurs jouent sur un double discours, estime Julien Tellouck, économiste spécialisé dans le numérique. D’un côté, ils communiquent sur des 'optimisations' pour justifier des prix stables. De l’autre, ils augmentent discrètement les tarifs ou réduisent les performances, comme ici avec le SSD. Le consommateur est le grand perdant."

Cette tendance n’épargne pas Nintendo, qui a maintenu le prix de sa Switch OLED à 350 € malgré des composants vieillissants, ni Microsoft, dont les hausses tarifaires sur les Xbox ont provoqué un tollé. "On assiste à une forme de normalisation de l’inflation dans le gaming, où les joueurs acceptent de payer toujours plus pour des produits parfois moins performants, analyse Tellouck. C’est un cercle vicieux."

Que Faire en Tant que Joueur ? Les Alternatives (Limitées) Face à la PS5 CFI-2100

Si vous envisagez d’acheter une PS5 en 2024, voici les options qui s’offrent à vous :

1. Acheter le modèle CFI-2100 (825 Go) à 500 € : ✔ Prix identique aux anciennes versions.
✖ Stockage réduit de 27 %, SSD externe quasi obligatoire.
✖ Risque de saturation rapide si vous jouez à des jeux AAA.

2. Trouver une PS5 "ancienne génération" (1 To) en occasion ou destockage : ✔ 1 To de stockage utilisable (848 Go).
✔ Parfois disponible à 450-480 € chez certains revendeurs.
✖ Stocks limités, risque de garantie réduite.

3. Attendre une éventuelle PS5 Pro (prévue fin 2024 ?) : ✔ Performances améliorées (ray tracing, 4K/120 FPS).
✖ Prix probablement supérieur à 600 €.
✖ Stockage peut-être aussi réduit (à confirmer).

"Franchement, la meilleure option reste d’acheter une PS5 1 To d’occasion et d’investir dans un SSD externe si besoin, conseille Romain, modérateur sur le forum JeuxVideo.com. Au moins, vous avez plus de stockage de base, et vous évitez de payer le prix fort pour une console bridée."

Une chose est sûre : avec cette PS5 CFI-2100, Sony envoie un message clair aux joueurs – le stockage n’est plus une priorité, et c’est à vous de vous débrouiller. Une approche qui pourrait bien refroidir les ardeurs des acheteurs potentiels, alors que la concurrence des PC gaming (avec des SSD toujours plus capacitaires et moins chers) se fait de plus en plus pressante.

Le Saviez-Vous ? La PS5 a Failli Avoir un Lecteur 4K UHD… Puis Sony a Changé d’Avis

Alors que la PS5 CFI-2100 fait grincer des dents, un détail méconnu rappelle que Sony a déjà supprimé des fonctionnalités sans baisser les prix. À l’origine, la PS5 devait intégrer un lecteur Blu-ray 4K UHD complet, capable de lire les films en ultra-haute définition. Mais en 2020, quelques mois avant le lancement, Sony a désactivé cette option par logiciel, réservant la lecture 4K aux modèles "Digital Edition"… avant de faire machine arrière sous la pression des consommateurs.

"C’était un vrai scandale à l’époque, se souvient Marc, collectionneur de consoles. Sony avait vendu la PS5 comme une machine 'next-gen' ultra-polyvalente, puis avait retiré une fonctionnalité majeure sans prévenir. Aujourd’hui, c’est la même chose avec le SSD : on nous vend une console moins performante au même prix."

Un parallèle qui montre que la stratégie d’optimisation des coûts de Sony n’est pas nouvelle. Et que les joueurs, une fois de plus, paient la note.