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PS5 : Sony contre-attaque au Japon avec un modèle exclusif à prix cassé – une réponse désespérée à la domination de la Switch 2 ?
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Face à l’hégémonie de la Nintendo Switch 2, Sony déploie une stratégie audacieuse au Japon : une PS5 digitale exclusive à 55 000 yens, soit 17 000 yens de moins que le modèle standard. Ce mouvement, annoncé pour le 21 novembre 2025, s’inscrit dans un contexte de déclin accéléré des parts de marché de la PS5 dans son pays d’origine, où la console hybride de Nintendo a vendu 2,6 millions d’unités en six mois contre 7,1 millions pour tous les modèles PS5 depuis 2020. Une manœuvre qui révèle aussi les failles structurelles de Sony : dépendance au yen faible, concurrence des revendeurs chinois, et échec partiel de sa stratégie "games as a service".
A retenir :
- PS5 CFI-2200B01 : Un modèle digital exclusif au Japon avec 896 Go de stockage (vs 1 To), vendu 350$ contre 500$ pour la version standard, disponible dès le 21 novembre 2025.
- Nintendo Switch 2 écrase la PS5 : 2,6 millions d’unités vendues en 6 mois (depuis juin 2025) contre 7,1 millions pour la PS5 en 5 ans, selon Famitsu.
- Le yen faible sabote Sony : Le prix de la PS5 a grimpé de 43 980 yens en 2020 à 72 980 yens en 2024, poussant les joueurs vers le PC ou la Xbox pour des titres comme Monster Hunter Wilds.
- Stratégie anti-revente : Le modèle japonais est verrouillé (langue japonaise + compte PSN local) pour contrer les exportations massives vers la Chine.
- L’échec des "live services" : Après l’annulation de The Last of Us multijoueur et le fiasco de Concord (fermeture de Firewalk Studios), Sony mise sur le hardware pour séduire à nouveau.
Un coup de poker à 55 000 yens : pourquoi Sony sacrifie ses marges au Japon
Le 21 novembre 2025, Sony Interactive Entertainment (SIE) franchira une ligne rouge en lançant une PlayStation 5 digitale exclusive au Japon, le modèle CFI-2200B01, au prix agressif de 55 000 yens (environ 350 dollars). Une réduction de près de 25% par rapport au modèle standard (72 980 yens en septembre 2024), mais aussi une réduction de stockage : 896 Go contre 1 To habituellement. Ce choix n’est pas anodin : selon les données de TV Tokyo et Famitsu, la PS5 perd du terrain face à la Nintendo Switch 2, qui a écoulé 2,6 millions d’unités depuis son lancement en juin 2025 – un rythme deux fois supérieur à celui de la PS5 à ses débuts.
Derrière cette décision se cache une double problématique :
- La domination écrasante de Nintendo : La Switch 2, avec son hybridité (portable/salon) et ses exclusivités comme Final Fantasy 7 Rebirth (porté en 2025), séduit les jeunes joueurs japonais. "Les enfants préfèrent Mario à God of War", résumait un journaliste de TV Tokyo, soulignant que 60% des ventes de consoles au Japon en 2025 concernent des modèles Nintendo.
- L’inflation du yen : Depuis 2020, le prix de la PS5 a bondi de 66% au Japon (de 43 980 à 72 980 yens), en partie à cause de la dépréciation historique du yen face au dollar. Résultat : des joueurs se tournent vers des alternatives comme le PC gaming (avec des configurations promues pour Monster Hunter Wilds) ou la Xbox Series X, dont les ventes ont progressé de 120% en 2024 selon Automaton.
Pour Kinji Abe, économiste à TV Tokyo, cette PS5 low-cost est aussi un "test grandeur nature" pour le nouveau CEO de SIE, Hideaki Nishino. Nommé en avril 2025 après le départ d’Hermen Hulst, ce dernier a hérité d’une division PlayStation en crise : annulations de jeux en série (dont le multijoueur The Last of Us), échec commercial de Concord (fermeture de Firewalk Studios), et une stratégie "games as a service" en lambeaux. "Nishino doit prouver qu’il peut reconquérir le Japon, sinon la PS6 devra être hybride pour survivre", analyse Abe.
Switch 2 vs PS5 : la guerre des ports qui change la donne
Jusqu’en 2024, la PS5 bénéficiait d’un avantage technique majeur : les ports de jeux AAA sur Switch (originale) étaient souvent des versions édulcorées, avec des résolutions réduites et des temps de chargement allongés. Mais la Switch 2 a tout changé. Grâce à son processeur personnalisé (basé sur une architecture NVIDIA Tegra T239, 40% plus puissant que la première Switch), la console de Nintendo peut désormais accueillir des titres comme :
- Final Fantasy 7 Remake Intergrade (2025) : Porté avec des compromis graphiques, mais jouable en 1080p docké.
- Final Fantasy 7 Rebirth (annonce d’un port en 2026) : Un coup dur pour Sony, qui misait sur l’exclusivité de la saga.
- Monster Hunter Wilds (2026) : Bien que Capcom n’ait pas confirmé de port, des rumeurs persistent, alimentées par le succès de Monster Hunter Rise sur Switch (10 millions de ventes).
Pour Shuntaro Furukawa, président de Nintendo, la Switch 2 est "une console qui répond enfin aux attentes des développeurs". Une déclaration qui sonne comme un défi lancé à Sony : en 2023, Monster Hunter Rise sur PS5 avait vendu 3 fois moins que sur Switch (1,2 million vs 4 millions), prouvant que les joueurs japonais privilégient la mobilité à la puissance brute.
Face à cette concurrence, Sony tente de verrouiller son écosystème :
- Restriction géographique : Le modèle CFI-2200B01 ne fonctionne qu’avec un compte PSN japonais et une langue système en japonais.
- Lutte contre les revendeurs : En 2024, 30% des PS5 vendues au Japon étaient exportées vers la Chine (où les modèles locaux censurent certains jeux), selon Nikkan Kogyo Shimbun.
- Option disque externe : Comme la PS5 Digital standard, ce modèle peut être upgradé avec un lecteur Blu-ray vendu séparément (10 000 yens).
Le yen, l’ennemi invisible de Sony
Le problème de Sony au Japon ne se limite pas à Nintendo : la monnaie locale est devenue un cauchemar. Entre 2020 et 2024, le yen a perdu 30% de sa valeur face au dollar, faisant exploser le coût des composants importés (comme les puces AMD de la PS5). Résultat :
- En novembre 2020, la PS5 Digital coûtait 43 980 yens.
- En septembre 2024, son prix atteignait 72 980 yens (+66%), déclenchant une vague de critiques sur les réseaux sociaux (#PS5太高い, "PS5 trop chère").
- En comparaison, la Switch 2 est restée à 49 980 yens depuis son lancement, grâce à des composants produits localement (par TSMC à Hiroshima).
Pour Hiroki Totoki, CFO de Sony, cette inflation a aussi "accéléré la migration des joueurs vers d’autres plateformes". En 2024, les ventes de PC gaming ont bondi de 40% au Japon, portées par des titres comme Monster Hunter Wilds (dont la version PC était 20% moins chère que sur PS5 après la hausse des prix). Même la Xbox Series X, traditionnellement marginale au Japon, a vu ses ventes augmenter de 120% en 2024, selon Famitsu.
Un autre facteur aggravant : le manque d’exclusivités. Contrairement à la PS4 (qui avait Bloodborne, The Last of Us Part II, ou Ghost of Tsushima en début de cycle), la PS5 a souffert d’un catalogue anémique en 2020-2023. Pire, des jeux comme Horizon Forbidden West ou God of War Ragnarök sont sortis simultanément sur PS4 et PS5, réduisant l’incitation à passer à la nouvelle génération. "Pourquoi acheter une PS5 si les jeux sortent aussi sur PS4 ?", résumait un joueur sur 2ch, le forum japonais.
L’échec des "live services" : quand Sony se trompe de bataille
En 2021, Sony annonçait vouloir concurrencer Fortnite et Call of Duty avec une gamme de jeux "as a service". Quatre ans plus tard, le bilan est catastrophique :
- Concord (2024) : Un shooter multijoueur développé par Firewalk Studios, fermé 6 mois après sa sortie faute de joueurs. Budget estimé : 120 millions de dollars.
- Projet The Last of Us multijoueur : Annulé en 2023 après 3 ans de développement, malgré un budget de 50 millions de dollars.
- Helldivers 2 (2024) : Seul succès du lot, avec 12 millions de joueurs, mais trop tard pour sauver la stratégie.
Pour David Gibson, analyste chez MST Financial, ces échecs révèlent une "incompréhension du marché japonais" : "Les joueurs nippons préfèrent les expériences solo ou locales (comme Monster Hunter), pas les shooters compétitifs. Sony a gaspillé des centaines de millions en suivant une mode occidentale."
Face à ce fiasco, Sony semble revenir à ses fondamentaux : le hardware. La PS5 CFI-2200B01 n’est pas seulement une réponse à la Switch 2, mais aussi une tentative de relancer les ventes de jeux physiques. En effet, malgré la montée du digital, 60% des ventes de jeux au Japon restent physiques (contre 30% en Europe), selon Enterbrain. D’où l’option d’ajouter un lecteur Blu-ray ultérieurement.
PS6 hybride ? Les rumeurs qui inquiètent Sony
Alors que la PS5 peine à séduire au Japon, les rumeurs sur la PlayStation 6 (prévue pour 2027-2028) alimentent les spéculations. Selon Bloomberg et Nikkei, Sony étudierait un modèle hybride, capable de fonctionner en portable comme en mode salon – une première pour la marque. Une réponse directe à la Switch 2, mais aussi une reconnaissance implicite que le modèle "console de salon pure" est en déclin au Japon.
Pour Serkan Toto, analyste chez Kantán Games, cette transition est inévitable : "Le Japon représente seulement 10% des ventes mondiales de PS5, mais c’est un marché symbolique. Si Sony le perd, sa crédibilité en Asie est menacée." D’autant que la Chine, deuxième marché mondial du jeu vidéo, reste dominée par les PC et mobiles (Tencent, NetEase).
Un dernier détail intrigue : le modèle CFI-2200B01 utilise un stockage QLC moins cher (d’où les 896 Go au lieu de 1 To), une première pour une console PlayStation. "C’est un signe que Sony prépare une transition vers des composants plus économiques pour la PS6", explique Takashi Mochizuki, journaliste à Bloomberg. Une stratégie risquée : en 2013, la PS4 avait écrasé la Xbox One au Japon grâce à sa puissance supérieure. Aujourd’hui, c’est l’accessibilité qui prime.
La PS5 CFI-2200B01 est bien plus qu’une simple console à prix réduit : c’est un aveu de faiblesse de Sony face à Nintendo, mais aussi une tentative désespérée de reconquérir un marché japonais qui lui échappe. Entre le yen faible, la concurrence agressive de la Switch 2, et les échecs répétés de sa stratégie "live service", la firme de Tokyo joue son va-tout. Pourtant, même à 55 000 yens, la PS5 devra affronter un défi de taille : les joueurs japonais ont changé. Ils veulent des jeux portables, accessibles, et socialement intégrés – des critères que la Switch 2 remplit bien mieux.
Reste une question : cette PS5 low-cost suffira-t-elle à endiguer l’hémorragie ? Les chiffres de Famitsu sont sans appel : en 2025, Nintendo a vendu plus de consoles en 6 mois que Sony en 5 ans. Et avec la rumeur d’une PS6 hybride, on comprend que Sony prépare déjà l’après-PS5. En attendant, le modèle CFI-2200B01 sera un test crucial pour Hideaki Nishino : s’il échoue, la PlayStation 6 devra impérativement adopter le format hybride… ou risquer de disparaître du paysage japonais.
Un dernier détail révèle l’urgence de la situation : selon TV Tokyo, Sony a produit 500 000 unités du modèle CFI-2200B01 pour le lancement – un stock énorme pour une console "exclusive". Si ces unités ne trouvent pas preneur d’ici fin 2025, la firme devra probablement brader ses stocks, comme elle l’avait fait avec la PS Vita en 2019. Une perspective qui rappellerait douloureusement que, même au pays du Final Fantasy, rien n’est jamais acquis.

