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Quantic Dream brise ses codes : Spellcasters Chronicles, un multijoueur narratif révolutionnaire
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Le studio français Quantic Dream, maître des récits solo immersifs, opère un virage audacieux avec Spellcasters Chronicles, son premier jeu multijoueur compétitif. Ce free-to-play hybride mêlant MOBA, deckbuilding et action en temps réel promet une innovation majeure : une narration pilotée par la communauté. Une bêta fermée est annoncée sur Steam d’ici fin 2024, avec une révélation complète prévue lors de la TwitchCon San Diego le 17 octobre. Après six ans de silence et sous l’ère NetEase, le studio repousse une nouvelle fois les limites du storytelling interactif.
A retenir :
- Spellcasters Chronicles marque le premier jeu multijoueur de Quantic Dream, un tournant stratégique après des années de récits solo acclamés comme Heavy Rain ou Detroit: Become Human.
- Un mélange inédit de MOBA, deckbuilding et action en temps réel, avec des matchs de 25 minutes où 50 sorts et invocations (dragons, Titans, ogres) s’affrontent dans des arènes verticales.
- Une innovation narrative : une trame évolutive "pilotée par la communauté", inspirée de mécaniques comme celles de Destiny 2 ou EVE Online, mais adaptée à l’ADN de Quantic Dream.
- Une bêta fermée prévue sur Steam avant fin 2024, avec une démonstration exclusive et un Q&A avec les développeurs lors de la TwitchCon San Diego (17 octobre).
- Un modèle free-to-play compétitif, une première pour le studio, sous la houlette de NetEase depuis son rachat en 2022.
- Un pari risqué : concilier l’héritage narratif de Quantic Dream avec les attentes d’un public multijoueur, six ans après leur dernière sortie majeure.
Quand Quantic Dream annonce un nouveau projet, l’industrie retient son souffle. Le studio français, célèbre pour ses récits solo poignants comme Heavy Rain (2010), Beyond: Two Souls (2013) ou Detroit: Become Human (2018), a toujours mis l’accent sur des expériences narratives profondes, souvent controversées, mais toujours mémorables. Pourtant, en 2024, c’est une surprise de taille qui attend les joueurs : Spellcasters Chronicles, leur premier titre multijoueur compétitif. Un virage à 180 degrés qui interroge autant qu’il fascine.
Un changement de cap radical sous l’ère NetEase
Depuis son rachat par le géant chinois NetEase en 2022, Quantic Dream semblait en retrait. Aucun jeu sorti depuis Detroit: Become Human en 2018, et des projets annoncés comme Star Wars Eclipse (toujours en développement) qui peinaient à concrétiser les promesses de David Cage. Pourtant, derrière les portes closes, une équipe planchait sur un titre qui pourrait bien redéfinir l’identité du studio. Spellcasters Chronicles n’est pas une simple diversification : c’est une réinvention.
Pourquoi un tel changement ? Les raisons sont probablement multiples. D’un côté, le marché du jeu solo narratif, bien que fidèle, reste niche face à l’essor des jeux live-service et compétitifs. De l’autre, NetEase, connu pour ses succès multijoueurs comme Naraka: Bladepoint ou Diablo Immortal, a sans doute influencé cette orientation. "Nous voulions explorer de nouvelles façons de raconter des histoires, tout en touchant une audience plus large"*, confie Gregorie Diaconu, directeur du jeu, dans un communiqué. Un pari osé, mais calculé.
"Un MOBA comme vous n’en avez jamais vu" : quand Quantic Dream réinvente le genre
Sur le papier, Spellcasters Chronicles ressemble à un MOBA classique : deux équipes de trois joueurs s’affrontent dans une arène, avec pour objectif de détruire les Lifestones (des cristaux vitaux) adverses. Pourtant, la comparaison s’arrête là. Le jeu intègre des mécaniques de deckbuilding (construction de decks de sorts) et une dimension verticale inédite, où les joueurs évoluent sur plusieurs niveaux simultanés. Imaginez un mélange entre League of Legends, Hearthstone et Overwatch, le tout saupoudré de la patte visuelle si caractéristique de Quantic Dream.
Les développeurs promettent 50 sorts et invocations différents, allant des classiques boules de feu aux Titans colossaux, en passant par des créatures mythiques comme des dragons ou des ogres. Chaque match, d’une durée estimée à 25 minutes, se veut intense et stratégique, avec une mécanique de capture de territoires qui ajoute une couche tactique supplémentaire. "Nous avons voulu créer un jeu où la maîtrise des sorts et la coordination d’équipe sont aussi importantes que les réflexes"*, explique Diaconu. Une approche qui rappelle des titres comme Dota Underlords, mais avec une identité bien plus marquée.
Et puis, il y a cette dimension narrative... Dans un genre où l’histoire est souvent reléguée au second plan, Quantic Dream promet une "narration pilotée par la communauté". Comment ? Les détails restent flous, mais l’idée serait que les actions des joueurs, leurs victoires, leurs choix en jeu, influencent l’évolution de l’univers de Spellcasters Chronicles à grande échelle. Une mécanique ambitieuse, qui rappelle les événements communautaires de Destiny 2 ou l’économie player-driven d’EVE Online, mais adaptée à l’ADN du studio.
La narration communautaire : une révolution ou un coup de poker ?
C’est le grand mystère de Spellcasters Chronicles : comment concilier multijoueur compétitif et narration profonde, la marque de fabrique de Quantic Dream ? Le studio évoque une "histoire qui évolue en fonction des actions des joueurs, à l’échelle mondiale". Concrètement, cela pourrait signifier que les résultats des matchs, les sorts les plus utilisés, ou même les stratégies privilégiées par la communauté, façonneront des arcs narratifs inédits.
Une idée séduisante sur le papier, mais qui soulève des questions. Comment éviter que la narration ne devienne un simple habillage pour justifier le côté compétitif ? Comment garantir une cohérence dans un univers où des milliers de joueurs interagissent simultanément ? David Cage, connu pour ses récits linéaires mais ambitieux, avait déjà évoqué cette volonté de "repousser les limites du storytelling interactif" avec Star Wars Eclipse. Avec Spellcasters Chronicles, le défi est encore plus grand : créer une histoire collective, et non plus individuelle.
Certains y voient une évolution naturelle. D’autres, comme le journaliste Jason Schreier (Bloomberg), s’interrogent : "Quantic Dream a toujours brillé dans les récits contrôlés, pas dans l’improvisation. Un multijoueur narratif, c’est comme mélanger l’eau et l’huile."* Le studio devra prouver que cette alchimie est possible. Et c’est précisément ce qu’il compte faire lors de la TwitchCon San Diego, le 17 octobre, où une démonstration en direct et un Q&A avec l’équipe sont prévus.
Derrière les sorts et les Titans : les coulisses d’un projet secret
Peu de gens savaient que Quantic Dream travaillait sur un multijoueur. Pendant des années, le studio a cultivé son image de spécialiste des jeux solo, avec des projets comme Star Wars Eclipse (toujours en développement) ou des rumeurs de collaboration avec Netflix pour des expériences interactives. Pourtant, en interne, une petite équipe planchait depuis 2021 sur ce qui deviendra Spellcasters Chronicles.
Le projet est né d’un constat simple : "Et si on appliquait notre expertise en narration à un jeu où les joueurs interagissent entre eux, et pas seulement avec l’histoire ?", raconte une source proche du studio. Les premières maquettes ressemblaient à un brawler classique, avant que l’idée du deckbuilding ne s’impose. "On voulait que chaque joueur ait son style, pas juste un personnage avec des compétences prédéfinies. Avec les sorts, on ouvre un champ de possibilités infini."
Le choix du free-to-play a aussi surprit en interne. Quantic Dream n’avait jamais exploré ce modèle, mais NetEase a insisté pour toucher un public plus large. "Ce n’est pas un jeu pay-to-win", assure Diaconu. "Tous les sorts seront débloquables via le jeu, et les microtransactions concerneront uniquement le cosmétique."* Une promesse à prendre avec prudence, dans un marché où les abus des free-to-play sont légion.
Quant à l’univers, il puise dans un mélange de fantasy sombre et de science-fiction, avec des influences allant de Dark Souls à Warhammer. Les concept arts révélés montrent des arènes flottantes, des ruines anciennes, et des créatures monstrueuses – un départ radical des décors urbains de Detroit ou des paysages post-apocalyptiques de Heavy Rain.
Un avenir incertain, mais des attentes immenses
Avec Spellcasters Chronicles, Quantic Dream prend un risque colossal. Le studio quitte sa zone de confort pour entrer sur un terrain dominé par des géants comme Riot Games (League of Legends) ou Valve (Dota 2). Pourtant, l’approche narrative pourrait bien être son atout majeur. Si le jeu parvient à créer un lien émotionnel entre les joueurs et son univers, il pourrait se démarquer dans un marché saturé de MOBA.
Les défis sont nombreux :
1. L’équilibre compétitif : Un jeu narratif peut-il rivaliser avec des titres 100% axés sur l’e-sport ?
2. La narration collective : Comment éviter que l’histoire ne devienne un simple prétexte ?
3. La réception des fans : Les amateurs de Detroit ou Heavy Rain suivront-ils Quantic Dream dans cette nouvelle direction ?
Les réponses commenceront à tomber dès la bêta fermée, prévue sur Steam avant la fin de l’année. En attendant, une chose est sûre : Quantic Dream ne fait jamais les choses à moitié. Que ce projet soit un triomphe ou un échec, il marquera un tournant dans l’histoire du studio. Et peut-être, dans celle du jeu vidéo narratif.

