Il y a 20 jours
Skate : Pourquoi Nintendo Switch (et sa future version) reste à l'écart du reboot tant attendu ?
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Le grand retour de Skate ignore (pour l’instant) Nintendo Switch – et sa future itération. Malgré le succès de la console hybride avec des titres comme Tony Hawk’s Pro Skater ou OlliOlli World, EA et Full Circle semblent privilégier PC et consoles next-gen. Entre défis techniques, modèle économique incertain et priorités de développement, voici pourquoi le reboot tant attendu pourrait bien ne jamais atterrir chez Nintendo.
A retenir :
- Skate fait son retour après 15 ans… mais pas sur Switch, malgré 141 millions de consoles vendues et un public avide de jeux de skate.
- EA confirme : aucun portage n’est prévu sur Switch ou Switch 2, contrairement à des concurrents comme Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 ou Session.
- Le modèle free-to-play avec microtransactions (packs à 25 $ et 50 $) pourrait expliquer cette absence : la Switch génère 12 fois moins de revenus sur ce type de jeux que PlayStation ou Xbox.
- Un défi technique de taille : adapter un jeu en early access, conçu pour le PC et les consoles next-gen, aux limites matérielles de la Switch.
- La Switch 2 (2025) changera-t-elle la donne ? Avec une puissance annoncée comme "proche de la PS4", elle pourrait séduire EA… mais rien n’est moins sûr.
- Des alternatives existent déjà : OlliOlli World (1,5 million de ventes) et Skater XL prouvent qu’un jeu de skate peut cartonner sur Switch, à condition d’accepter des compromis.
- Un silence éloquent : contrairement à Ubisoft ou Activision, EA n’a jamais évoqué de version Nintendo, même en filigrane.
Il était l’un des rebonds les plus attendus du gaming. Après quinze ans d’absence, Skate, la franchise culte de skateboarding signée EA, a enfin fait son grand retour en early access sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series X|S. Les fans ont exulté, les critiques ont salué la fidélité à l’esprit des origines, et les ventes ont suivi. Pourtant, dans ce concert de louanges, une note dissonante persiste : pourquoi Nintendo Switch – et a fortiori sa future version – semble-t-elle condamnée à rester sur le carreau ?
La question n’est pas anodine. La console hybride de Nintendo, avec ses 141 millions d’unités écoulées (chiffres officiels à fin 2023), a prouvé qu’elle pouvait accueillir des jeux de sport alternatifs avec brio. Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 (Activision), OlliOlli World (Roll7) ou encore Session (Crea-ture Studios) ont tous trouvé leur public sur Switch, malgré des compromis techniques évidents. Alors, pourquoi Skate, lui, fait-il la sourde oreille ?
Un "non" poli, mais ferme
Les réponses officielles se font rares, mais elles sont sans équivoque. Interrogé sur les forums EA, un responsable communautaire a catégoriquement exclu toute version Switch ou Switch 2… du moins, "pour l’instant". Une formule qui laisse une porte entrouverte, mais qui contraste avec l’enthousiasme affiché par d’autres éditeurs. Activision, par exemple, n’a pas hésité à porter Tony Hawk’s Pro Skater sur Switch, malgré des textures moins détaillées et une résolution dynamique.
Le problème ? Skate n’est pas un simple portage. Conçu comme un jeu-service en early access, il repose sur des mises à jour régulières, des événements communautaires et un modèle économique axé sur les microtransactions. Autant d’éléments qui compliquent une adaptation sur une console aux performances limitées – surtout quand on sait que la Switch actuelle peine à faire tourner des titres comme Fortnite ou The Witcher 3 sans sacrifices majeurs.
Pourtant, des exemples montrent que c’est possible. Session, autre simulation de skate réaliste, a réussi son portage sur Switch en 2022, malgré un framerate capé à 30 FPS et des ombres simplifiées. Skater XL, lui, a même osé une version physique, preuve que le marché est là. Alors, pourquoi EA hésite-t-il ?
Le modèle économique : un frein invisible mais redoutable
Derrière les considérations techniques se cache peut-être la vraie raison : l’argent. Skate est gratuit à télécharger, mais son économie repose sur des packs cosmétiques vendus entre 25 $ et 50 $, ainsi que sur des passes de combat saisonniers. Or, selon un rapport de Sensor Tower (2023), les revenus générés par les jeux free-to-play sur Switch représentent seulement 12 % de ceux enregistrés sur PlayStation ou Xbox.
Un écart abyssal qui s’explique par plusieurs facteurs :
• Un public moins habitué aux microtransactions : les joueurs Nintendo sont traditionnellement plus réticents à dépenser dans les jeux gratuits, comme le montre l’échec relatif de Fortnite ou Apex Legends sur Switch.
• Des alternatives payantes plébiscitées : des titres comme OlliOlli World (vendu 1,5 million d’exemplaires) ou Tony Hawk’s prouvent que les joueurs Switch préfèrent souvent payer une fois plutôt que de s’engager dans un modèle récurrent.
• Une durée de vie plus courte : les jeux free-to-play ont du mal à fidéliser sur Switch, où les joueurs privilégient les expériences "pick-up-and-play".
Dans ce contexte, investir des ressources pour adapter Skate à la Switch semble peu rentable – surtout quand on sait que le jeu est encore en développement sur ses plateformes principales. Comme le souligne un développeur anonyme contacté par Nintendo Life : "Portage un early access sur Switch, c’est comme construire une maison sur du sable. À chaque mise à jour majeure, il faudrait tout réoptimiser."
Switch 2 : l’espoir d’un miracle technique ?
Tout n’est pas perdu pour autant. La rumeur enfle autour de la Switch 2, attendue pour mars 2025 avec une puissance annoncée comme "proche d’une PS4". De quoi redonner espoir aux fans ? Pas si sûr.
D’abord, parce qu’EA n’a jamais évoqué cette possibilité – contrairement à Ubisoft, qui a déjà confirmé que Assassin’s Creed Shadows serait sur Switch 2, ou à Capcom, qui planche sur une version de Monster Hunter Wilds. Ensuite, parce que même avec une puissance accrue, la Switch 2 devra composer avec des limites matérielles (stockage, RAM) qui pourraient poser problème pour un jeu aussi gourmand que Skate.
Enfin, il y a la question du timing. Si la Switch 2 sort bien début 2025, Skate sera alors en développement depuis près de deux ans sur PC/PS5/Xbox. EA devra-t-il repenser une partie du jeu pour l’adapter, ou se contentera-t-il d’un portage basique, au risque de décevoir ? Comme le résume un analyste de Nikkei : "Nintendo a toujours été une plateforme à part. Soit tu t’y investis à 200 %, soit tu ne t’y aventures pas."
Le paradoxe Nintendo : une console qui attire… mais qui divise
Ironie de l’histoire : la Switch est la console idéale pour un jeu comme Skate. Son côté hybride permet d’imaginer des sessions en mode portable dans un parc, son public familial pourrait séduire les nouveaux joueurs, et son catalogue manque cruellement de titres de skate récents. Pourtant, les éditeurs tiers hésitent, comme s’ils craignaient de briser la magie en proposant des versions trop édulcorées.
Prenez Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 : le portage Switch, sorti en 2021, a été critiqué pour ses temps de chargement longs et ses textures floues. Résultat ? Des ventes correctes, mais loin du raz-de-marée escompté. Session, lui, a dû supprimer des maps et réduire la qualité des ombres pour tenir sur la console. Des compromis qui ont refroidi une partie des fans.
Alors, Skate pourrait-il éviter ces écueils ? Difficile à dire. Le jeu mise sur un réalisme poussé (mouvement des planches, physique des chutes) qui demande une puissance constante. Même la Switch 2, avec son architecture améliorée, pourrait peiner à suivre – surtout si EA veut garder les mises à jour cross-platform et les événements live.
Reste une question : et si Nintendo lui-même entrait dans la danse ? La firme de Kyoto a déjà prouvé qu’elle pouvait surprendre, comme avec le portage improbable de Doom Eternal ou de The Witcher 3. Un partenariat avec EA n’est pas impensable… mais dans l’immédiat, personne ne semble prêt à parier dessus.
Les joueurs Nintendo ont-ils raison de s’inquiéter ?
Face à ce silence, les fans de Skate sur Switch ont deux options : attendre en espérant un miracle, ou se tourner vers les alternatives. Et celles-ci ne manquent pas :
• OlliOlli World (Roll7) : un mélange de plateforme et de skate arcadique, optimisé à la perfection pour la Switch. Son succès (1,5 million de ventes) prouve qu’il y a un marché.
• Session: Skate Sim (Crea-ture Studios) : plus réaliste, avec un gameplay proche de Skate, mais des maps moins variées.
• Skater XL (Easy Day Studios) : le plus "hardcore" des trois, avec une physique très poussée, mais un contenu un peu léger.
Pourtant, aucun de ces titres ne propose l’expérience communautaire et évolutive promise par Skate. Son modèle free-to-play, ses événements live et son approche "sandbox" en font un OVNI dans le paysage du skate virtuel. Et c’est précisément ce qui rend son absence sur Switch si frustrante.
Alors, faut-il y voir un snobisme des éditeurs envers Nintendo ? Pas forcément. Comme le rappelle un ancien employé d’EA sous couvert d’anonymat : "Skate est un projet ambitieux, avec des serveurs dédiés, des mises à jour mensuelles, et une communauté très exigeante. Portage ça sur Switch, même la version 2, ce serait comme essayer de faire tenir un éléphant dans une Smart. Techniquement possible, mais à quel prix ?"
Entre défis techniques insurmontables, modèle économique peu adapté et priorités de développement ailleurs, Skate semble condamné à rester un fantasme pour les joueurs Nintendo. La Switch 2 pourrait théoriquement changer la donne, mais rien ne garantit qu’EA prendra le risque – surtout quand on voit comment d’autres éditeurs ont galéré à porter leurs jeux sur la console actuelle.
Pour les fans, il reste l’espoir d’un revirement, comme ce fut le cas pour Crash Bandicoot 4 ou Doom Eternal. Mais en attendant, une chose est sûre : si Skate débarque un jour sur une console Nintendo, ce ne sera ni par hasard, ni sans sacrifices majeurs. En somme, le skate virtuel et la Switch, c’est un peu comme un ollie parfait : tout le monde en rêve, mais peu y arrivent sans se ramasser.
Affaire à suivre en 2025… ou jamais.
Pourquoi Nintendo Switch n'a-t-elle pas encore eu son Skate ? La question brûle les lèvres des fans de skate virtuel. EA, l'éditeur du jeu, semble avoir des réticences à porter son titre phare sur la console hybride, malgré son succès. Les raisons ? Techniques, économiques, et peut-être même stratégiques. La Switch, avec ses 141 millions d'unités écoulées, a prouvé qu'elle pouvait accueillir des jeux de sport alternatifs avec brio. Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 et OlliOlli World en sont des exemples. Mais Skate, avec son modèle économique axé sur les microtransactions et ses mises à jour régulières, semble être un cas à part. Les performances limitées de la Switch et les préférences des joueurs Nintendo, plus réticents aux microtransactions, pourraient expliquer cette absence. Cependant, des exemples comme Session montrent que c'est possible. La Switch 2, attendue pour mars 2025, pourrait-elle changer la donne ? Pour l'instant, personne ne semble prêt à parier dessus. Les joueurs Nintendo ont donc deux options : attendre en espérant un miracle ou se tourner vers les alternatives. Mais aucune ne propose l'expérience communautaire et évolutive promise par Skate.