Il y a 15 jours
Skate et Tony Hawk’s Pro Skater : Pourquoi les Jeux de Skateboarding Reviennent en Force
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Le skateboarding vidéo ludique est de retour, plus dynamique que jamais.
Entre le retour triomphal de Skate (EA) et les remakes acclamés de Tony Hawk’s Pro Skater, le genre connaît une renaissance inattendue. Mais ce n’est pas tout : des titres indépendants comme Session, SkaterXL ou Bomb Rush Cyberfunk bousculent les codes, offrant des expériences variées, du réalisme technique à l’arcade débridée. Une preuve que la culture skate, virtuelle comme réelle, n’a jamais été aussi vivante.
A retenir :
- Skate (EA) et Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 relancent l’intérêt pour les jeux de skate, avec des ventes et une activité record, rivalisant avec des géants comme Fortnite ou GTA.
- Les jeux indépendants redéfinissent le genre : Session mise sur un réalisme extrême, tandis que Bomb Rush Cyberfunk propose une aventure punk et colorée, inspirée de Jet Set Radio.
- Une communauté active et créative : SkaterXL et ses mods, ou encore Session avec ses 500 000 joueurs en 2023, prouvent que les joueurs recherchent des mécaniques profondes et personnalisables.
- Un phénomène culturel : entre nostalgie des années 2000 et innovations modernes, ces jeux captent l’esprit libre et rebelle du skateboarding, tout en s’adaptant aux attentes des joueurs d’aujourd’hui.
Le Grand Retour : Quand le Skateboarding Vidéo Ludique Se Réinvente
Il y a encore cinq ans, qui aurait parié sur le retour en grâce des jeux de skateboarding ? Pourtant, en 2024, le genre est bel et bien de retour, porté par une nostalgie tenace et une créativité débordante. Skate, la licence culte d’Electronic Arts, a fait son grand comeback en early access après quinze ans d’absence, tandis que les remakes de Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 (2020) ont rappelé au monde entier pourquoi ces jeux étaient autrefois aussi populaires que Call of Duty ou Madden. Mais cette résurgence ne se limite pas aux gros studios : des titres indépendants comme Session, SkaterXL ou Bomb Rush Cyberfunk prouvent que le skateboarding vidéo ludique a encore beaucoup à offrir, entre innovation et hommage aux classiques.
Les chiffres sont éloquents : selon Circana, Skate a intégré le top 5 des jeux les plus actifs sur plusieurs plateformes dès sa sortie en early access, un exploit rare pour une licence aussi longtemps disparue. Mat Piscatella, ancien d’Activision et expert du marché, souligne que ce succès rappelle l’âge d’or des Tony Hawk’s, où chaque opus était un événement aussi attendu que les derniers Grand Theft Auto. Pourtant, à l’ère des live-service et des franchises annualisées, ce retour en force interroge : pourquoi le skateboarding, ce sport marginal dans le paysage vidéo ludique, suscite-t-il à nouveau autant d’enthousiasme ?
La réponse tient peut-être dans la diversité des approches. Là où Skate et Tony Hawk’s misent sur un mélange de nostalgie et d’accessibilité, des jeux comme Session ou SkaterXL explorent un réalisme technique poussé, avec des mécaniques de tricks et de bails (chutes) si précises qu’elles nécessitent presque autant de pratique que le skateboarding réel. À l’inverse, Bomb Rush Cyberfunk, souvent décrit comme un héritier spirituel de Jet Set Radio, propose une expérience arcade déjantée, où le grind sur des rails lumineux et un open world vibrant prennent le pas sur le réalisme. Une diversité qui reflète celle de la culture skate elle-même, entre purisme technique et exubérance créative.
L’Âge d’Or des Jeux de Skate : Quand les Indés Prennent le Pouvoir
Si Skate et Tony Hawk’s Pro Skater dominent les conversations, c’est bien du côté des studios indépendants que le genre se réinvente le plus audacieusement. Prenez Session: Skating Sim, par exemple. Développé par le studio québécois Crea-ture Studios, ce jeu mise sur une simulation d’une exigence rare : chaque ollie, chaque kickflip dépend d’une maîtrise technique qui rappelle les heures passées à s’entraîner sur une planche réelle. Pas de boutons magiques ici, mais une physique réaliste où chaque mouvement compte. Résultat ? Une courbe d’apprentissage abrupte, mais une satisfaction incomparable une fois les tricks maîtrisés.
À l’opposé du spectre, Bomb Rush Cyberfunk, développé par Team Reptile, propose une expérience radicalement différente. Ici, pas de réalisme, mais une énergie punk et colorée, un open world inspiré des années 90, et un système de grind si fluide qu’il en devient presque hypnotique. Le jeu, souvent comparé à un Jet Set Radio moderne, prouve que le skateboarding peut aussi être une aventure narrative, où le style prime sur la technique. Et les joueurs adorent : depuis sa sortie, Bomb Rush Cyberfunk a su se forger une communauté fidèle, séduite par son univers décalé et sa bande-son électrisante.
Les données de SteamDB sont sans appel : Session a dépassé les 500 000 joueurs en 2023, tandis que SkaterXL, sorti en 2020, maintient une activité constante grâce à ses mods et son éditeur de maps ultra-complet. Preuve que les joueurs ne recherchent pas seulement des expériences accessibles, mais aussi des mécaniques profondes, personnalisables, et une liberté créative rare dans les triple-A actuels. Comme le souligne Jordi Rovira, cofondateur de Roll7 (les créateurs d’OlliOlli), « les joueurs veulent des jeux qui respectent leur intelligence et leur temps. Le skateboarding, avec sa culture DIY et rebelle, est le terrain de jeu idéal pour ça. »
Derrière l’Écran : Les Coulisses d’une Résurgence Inattendue
Comment expliquer ce retour en force ? Pour Derk Houwen, game designer sur SkaterXL, la réponse est simple : « Les joueurs sont fatigués des battle royale et des shooters annualisés. Ils cherchent des expériences qui leur parlent, qui leur rappellent pourquoi ils aiment les jeux vidéo. Et le skateboarding, c’est ça : une liberté totale, une culture qui célèbre l’échec autant que la réussite. »
Un avis partagé par Jeroen van Hasselt, directeur créatif chez Team Reptile (Bomb Rush Cyberfunk), qui ajoute : « Dans les années 2000, les jeux de skate étaient partout. Puis le marché s’est concentré sur les blockbusters, et le genre a disparu. Mais la culture skate, elle, n’a jamais cessé d’exister. Elle a juste attendu son heure pour revenir. »
Et cette heure est arrivée grâce à une combinaison de facteurs : la nostalgie d’une génération qui a grandi avec Tony Hawk’s et Skate 3, bien sûr, mais aussi l’essor des outils de développement accessibles, qui ont permis à des petits studios de créer des jeux ambitieux sans le budget d’un EA ou d’un Activision. Sans oublier l’importance des communautés, comme celle de SkaterXL, où les joueurs partagent leurs maps custom, leurs mods, et même leurs propres tricks en vidéo. Une dynamique qui rappelle l’esprit collaboratif des skateparks réels.
Enfin, il y a un dernier élément, plus subtil : le skateboarding, dans le monde réel comme dans le virtuel, incarne une forme de résistance face à l’uniformisation. Dans un paysage vidéo ludique dominé par les live-service et les microtransactions, ces jeux offrent une alternative rafraîchissante. Pas de season pass, pas de loot boxes : juste une planche, une ville, et une infinité de possibilités. Comme le résume Cuz Parry, cofondateur de Crea-ture Studios (Session) : « Le skateboarding, c’est l’antidote parfait à l’industrie du jeu actuel. C’est sale, c’est difficile, c’est beau, et c’est à toi de décider ce que tu en fais. »
Skate vs. Tony Hawk’s : Deux Philosophies, Un Même Amour du Skate
Si Skate et Tony Hawk’s Pro Skater sont souvent cités dans la même phrase, leurs approches ne pourraient pas être plus différentes. Tony Hawk’s, avec ses remakes signés Vicarious Visions (et désormais Activision), reste fidèle à l’esprit arcade des origines : des tricks spectaculaires, des combos à enchaîner, et une bande-son légendaire (qui a introduit des millions de joueurs à Pearl Jam ou Dead Kennedys). C’est un jeu qui célèbre l’exubérance, où le score prime sur le réalisme.
Skate, en revanche, a toujours misé sur une approche plus core, avec une physique plus lourde, des chutes douloureuses, et une ambiance plus underground. Là où Tony Hawk’s te fait sentir comme un super-héros du skate, Skate te rappelle que chaque kickflip raté fait partie de l’apprentissage. Une philosophie qui se retrouve dans le nouveau Skate (2024), où les développeurs d’EA ont choisi de conserver cette identité, tout en modernisant les contrôles et l’open world.
Pourtant, malgré leurs différences, ces deux licences partagent un point commun : elles ont su capturer l’essence même du skateboarding. Que ce soit à travers la folie créative de Tony Hawk’s ou le réalisme brut de Skate, elles offrent une échappatoire, un espace où l’échec n’est pas une fin, mais une étape. Et c’est peut-être ça, le secret de leur succès intemporel.
Et Demain ? Vers un Avenir Encore Plus Audacieux
Alors, que nous réserve l’avenir des jeux de skateboarding ? Si l’on en croit les rumeurs, Activision préparerait un nouveau Tony Hawk’s Pro Skater 3+4 Remastered, tandis que EA a déjà confirmé que Skate sortira en version complète d’ici 2025, avec un mode multijoueur ambitieux. Du côté des indés, Driftwood (un jeu de skate en monde ouvert inspiré des années 90) et SkateBird (où vous incarnez un oiseau sur une planche) prouvent que le genre a encore des surprises à offrir.
Mais au-delà des annonces, c’est la communauté qui fera la différence. Les joueurs de Session et SkaterXL continuent de créer des maps toujours plus folles, tandis que les speedrunners de Tony Hawk’s repoussent les limites du score attack. Et puis, il y a ces moments magiques, comme quand un joueur partage une vidéo de son premier 360 flip réussi après des heures d’entraînement, ou quand une map custom recrée fidèlement un spot mythique de Los Angeles. Des détails qui rappellent que, finalement, le skateboarding – virtuel ou réel – est avant tout une question de passion.
Une passion qui, visiblement, n’est pas près de s’éteindre.

