Il y a 15 heures
SouljaGame Flip : le rappeur Soulja Boy réinvente-t-il le rebranding… ou la contrefaçon ?
h2
Un coup d’éclat qui sent la poudre… et le déjà-vu
A retenir :
- SouljaGame Flip : une "console révolutionnaire" qui cache en réalité un Retroid Pocket Flip 2 rebaptisé, vendu 436 $ (soit 2 fois le prix officiel de 209 $) avant un ajustement à la baisse.
- Retroid contre-attaque : la marque dément toute collaboration, évoque une vente sans autorisation et rappelle que son produit est breveté aux États-Unis – menace de poursuites à la clé.
- Copier-coller assumé : les visuels et descriptions du site de Soulja Boy reprennent à l’identique ceux de Retroid, seul l’emballage change (boîte blanche estampillée "SouljaGame").
- Un historique troublant : après les émulateurs chinois en 2018 et le TRDR Pocket (clone de Game Boy) en 2021, Soulja Boy réitère sa recette : produit existant + rebranding + promesses marketing floues.
- Un marché en ébullition : entre la Nintendo Switch 2 et l’ASUS ROG Ally (partenaire Xbox), cette manœuvre semble surtout opportuniste – mais jusqu’où la justice le laissera-t-il aller ?
Imaginez acheter une "console portable révolutionnaire", estampillée du nom d’un rappeur célèbre, pour découvrir qu’il s’agit en réalité d’un appareil chinois déjà existant… vendu deux fois plus cher. C’est le scénario qui se joue actuellement avec le SouljaGame Flip, dernier "coup" de Soulja Boy – un projet qui divise entre génie marketing et arnaque éhontée.
Retroid Pocket Flip 2 : quand le rebranding vire au plagiat
À première vue, le SouljaGame Flip semble prometteur : une console portable aux allures rétro, capable d’émuler des jeux classiques tout en affichant des performances "haut de gamme". Problème : aucune innovation technique ne se cache derrière ce boîtier. Les spécifications ? Identiques à celles du Retroid Pocket Flip 2, un appareil déjà commercialisé depuis plusieurs mois. Même le design des modèles (comme la version "GC", inspirée de la GameCube) est repris à l’identique.
Le plus choquant ? Le prix initial de 436 $, soit plus du double des 209 $ demandés par Retroid pour le même produit. Après un tollé sur les réseaux sociaux, Soulja Boy a finalement révisé son tarif… mais sans jamais reconnaître la supercherie. Pire : les images de son site sont des copies pures et simples du catalogue officiel de Retroid, seul l’emballage (une boîte blanche avec le logo "SouljaGame") différant. Une pratique qui frôle la contrefaçon pure et simple.
"Aucun accord, aucune autorisation" : Retroid passe à l’offensive
Face à cette appropriation, la marque Retroid n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué transmis à Retro Dodo, l’entreprise est formelle :
"Il ne s’agit pas d’un accord de licence. Il n’a pas notre autorisation pour rebrandiser nos produits. Le Pocket Flip 2 est un appareil breveté aux États-Unis, et nous réservons le droit d’engager des poursuites."
Une réponse cinglante qui rappelle les dérives passées de Soulja Boy. En 2018, il avait déjà commercialisé des émulateurs chinois bas de gamme sous sa marque, avant de réitérer en 2021 avec le TRDR Pocket, un clone de Game Boy aux performances plus que discutables. À chaque fois, le schéma est le même :
- Un produit existant rebaptisé avec un nom accrocheur.
- Une communication tapageuse ("révolutionnaire", "ultra-puissant").
- Des promesses techniques floues (aucun détail sur le processeur, la RAM ou l’écran).
- Un prix gonflé justifié par… la "marque Soulja Boy".
Cette fois, la manœuvre pourrait bien lui coûter cher. Aux États-Unis, la violation de brevet est passible de lourdes amendes, sans compter les dommages et intérêts pour préjudice commercial.
Soulja Boy, roi du buzz… mais jusqu’à quand ?
Pourtant, malgré les polémiques, Soulja Boy continue de fédérer une communauté. Son argument ? "Je donne une seconde vie à ces produits, je les rends accessibles à mon public." Un discours qui séduit certains fans, prêts à payer le surplus pour "soutenir leur artiste". Mais derrière cette façade se cache une réalité moins glamour :
- Aucun support technique : les acheteurs du SouljaGame Flip devront se débrouiller seuls en cas de panne.
- Aucune garantie constructeur : Retroid refuse logiquement de couvrir un produit vendu sans son accord.
- Un risque juridique : en cas de saisie douanière (le produit est breveté), les clients pourraient perdre leur argent.
Alors, coup de génie ou escroquerie déguisée ? La réponse dépend de qui vous demandez. Les puristes du gaming crient au scandale, tandis que certains fans y voient une opération marketing audacieuse. Une chose est sûre : dans un marché des consoles portables en pleine expansion (avec la Nintendo Switch 2 et l’ASUS ROG Ally en tête d’affiche), cette stratégie semble surtout… désespérée.
Le marché des consoles portables : entre innovation et opportunisme
2024 s’annonce comme une année charnière pour le gaming nomade. D’un côté, les géants du secteur :
- Nintendo prépare la Switch 2, avec une puissance graphique revue à la hausse.
- ASUS et Microsoft collaborent sur l’ROG Ally, une machine Android compatible avec le catalogue Xbox.
- Valve continue de dominer avec son Steam Deck, malgré des stocks limités.
De l’autre, des acteurs comme Soulja Boy ou Aya Neo (avec ses consoles haut de gamme) tentent de se frayer un chemin. Mais là où Aya mise sur la qualité et la transparence, Soulja Boy joue la carte du rebranding agressif – avec les risques que cela comporte.
Reste une question : dans ce contexte ultra-concurrentiel, qui a vraiment envie d’acheter un produit controversé, quand des alternatives légales, performantes et mieux supportées existent ?
Derrière le buzz, une stratégie à bout de souffle ?
Si Soulja Boy a longtemps surfé sur son image de "bad boy du rap" pour vendre ses produits, la donne pourrait changer. Les consommateurs sont de plus en plus informés, et les marques comme Retroid n’hésitent plus à monter au créneau.
Par ailleurs, son historique judiciaire pourrait lui jouer des tours. En 2019, il avait déjà été poursuivi pour violation de copyright après avoir utilisé des musiques sans autorisation dans ses vidéos YouTube. Une habitude de prendre des raccourcis qui, cette fois, pourrait lui coûter beaucoup plus cher.
Alors, le SouljaGame Flip est-il le dernier coup d’éclat d’un artiste en mal de visibilité… ou le début d’une nouvelle ère de produits "endossés par des célébrités" ? Une chose est sûre : entre les menaces juridiques et la concurrence féroce, l’avenir de cette "console" s’annonce… très incertain.

