EA Sports FC 26 bat son record de prix historique sur PS5 avant même le Black Friday

La fin d’une ère FIFA, le début d’un empire : comment EA Sports a réinventé son simulateur

Quand Electronic Arts a annoncé en 2022 la fin de son partenariat avec la FIFA après près de trois décennies, les sceptiques prédisaient un déclin pour la franchise. Pourtant, EA Sports FC 26 – premier opus sous ce nouveau nom – a prouvé le contraire en devenant le jeu le plus vendu au monde en 2024, avec plus de 10 millions d’exemplaires écoulés en à peine deux semaines. Un succès qui s’explique par une stratégie audacieuse : miser sur l’innovation gameplay plutôt que sur la licence.

Le jeu conserve les fondements qui ont fait sa réputation – physique réaliste, animations fluides, et une intelligence artificielle améliorée – tout en introduisant des nouveautés majeures. Parmi elles, les classes de joueurs en mode Clubs et Carrera, qui permettent une personnalisation poussée des attributs (dribbles, passes, tir), ou encore l’intégration renforcée du football féminin, avec des ligues et des tournois dédiés. "Nous voulions créer une expérience où chaque joueur, qu’il soit amateur ou pro, se sente unique sur le terrain", expliquait Nick Channon, producteur senior chez EA Vancouver, lors de la présentation du jeu en juin 2024.

Mais le vrai tour de force réside dans le mode Ultimate Team (FUT), toujours aussi addictif. Cette année, EA a ajouté des mécaniques de marché dynamiques (fluctuations de prix basées sur les performances réelles des joueurs) et des événements communautaires comme les "FUT Champions Cup", où les meilleurs joueurs s’affrontent pour des récompenses exclusives. Un système qui a séduit même les critiques les plus sévères, à l’image de IGN, qui lui a attribué un 9/10 en soulignant : "Un Ultimate Team plus équilibré et moins 'pay-to-win' que jamais."

44,99 € : une offre Black Friday anticipée qui fait trembler la concurrence

Le prix de lancement de EA Sports FC 26 avait suscité la polémique : 79,99 €, un tarif aligné sur les blockbusters comme God of War Ragnarök ou Spider-Man 2. Pourtant, à peine deux mois après sa sortie, le jeu voit son prix chuter de 44 % sur Amazon (édition physique PS5) et de 50 % sur le PlayStation Store (version digitale à 39,99 €). Une stratégie commerciale agressive qui vise à écouler les stocks avant le Black Friday, mais aussi à contrer la concurrence, notamment eFootball (Konami), qui peine à trouver son public malgré sa gratuité.

Pour les joueurs, c’est une opportunité en or. L’édition physique à 44,99 € inclut :

• Le jeu complet avec tous les modes (Carrera, Clubs, Ultimate Team, etc.).
• Un bonus de précommande (maillot exclusif et 4 600 points FUT).
• L’accès aux mises à jour gratuites, dont les transferts hivernaux en janvier 2025.

À titre de comparaison, FIFA 23 (dernier opus sous licence FIFA) avait mis six mois à atteindre un prix similaire. "EA a compris que le marché des jeux sportifs est ultra-concurrentiel. Baisser les prix tôt permet de fidéliser les joueurs avant les fêtes", analyse Julien Chièze, journaliste spécialisé chez Gamekult. Une tactique payante : les serveurs en ligne affichent complet depuis la réduction, avec un pic de 2,3 millions de joueurs simultanés le week-end dernier (source : EA Play Tracking).

Football féminin, HyperMotion, IA : les technologies qui font la différence

Si EA Sports FC 26 domine le marché, c’est aussi grâce à des avancées techniques inédites. La plus marquante ? L’HyperMotion V, une technologie de capture de mouvement qui utilise l’IA et le machine learning pour générer plus de 19 000 animations uniques – contre 6 000 dans FIFA 23. Résultat : des duels plus réalistes, des célébrations spontanées, et une fluidité jamais vue dans un jeu de football.

Autre révolution : l’intégration complète du football féminin. Pour la première fois, les joueuses bénéficient des mêmes traitements que leurs homologues masculins :

• Licences officielles pour la Ligue des Champions féminine et les principales ligues (D1 Arkema, FA Women’s Super League).
• Un système de jeu adapté (rythme, tactiques, physique) basé sur des données réelles.
• Des commentaires dédiés avec Natacha Henry (ex-joueuse du PSG) et Stewart Robson.

Côté IA, le jeu utilise désormais le "Tactical AI", un algorithme qui analyse les schémas de jeu des adversaires en temps réel. "Si vous affrontez un joueur qui privilégie les contre-attaques, l’IA ajustera automatiquement la défense pour couvrir les espaces", détaille un développeur d’EA dans une interview accordée à Eurogamer. Une innovation qui a réduit les frustrations liées aux "buts cheap", ces buts faciles souvent critiqués dans les précédents opus.

Mode Carrera : une refonte ambitieuse, mais des limites persistantes

Le mode Carrera (ou "Carrière" en français) a toujours été un pilier de la franchise, mais il peinait à évoluer depuis des années. Avec FC 26, EA a enfin écouté les joueurs en introduisant :

• Un système de classes : 14 archétypes (ex : "Playmaker", "Poacher") qui influencent les statistiques et le style de jeu.
• Des cinématiques interactives pour les moments clés (transfers, blessures), avec des choix impactant la suite de la carrière.
• Un marché des transferts dynamique, où les clubs réagissent aux performances (ex : une série de buts peut déclencher une offre du Real Madrid).

Pourtant, des limites subsistent. Les dialogues restent peu variés, et l’IA des entraîneurs peut prendre des décisions illogiques (ex : titulariser un gardien blessé). "C’est un bon début, mais on est encore loin d’un RPG footballistique comme Football Manager", tempère Thomas C., streamer spécialisé sur Twitch. Un avis partagé par la communauté, qui réclame plus de profondeur narrative à l’image de NBA 2K et son mode "MyCareer".

Malgré ces défauts, le mode Carrera reste le plus complet du marché, surtout grâce à son intégration avec le mode Clubs : les joueurs peuvent désormais importer leur avatar personnalisé pour évoluer en ligne avec des amis. Une fonctionnalité qui a boosté l’engagement, avec une hausse de 40 % du temps passé en mode solo (source : EA Analytics).

L’ombre de la controverse : microtransactions, fatigue de la licence, et l’avenir d’EA Sports

Malgré ses qualités, EA Sports FC 26 n’échappe pas aux critiques récurrentes sur les microtransactions. Le mode Ultimate Team, bien que moins "pay-to-win", reste un vivier de revenus pour EA : les joueurs peuvent dépenser des centaines d’euros en FUT Points pour obtenir des cartes rares. En 2023, ce modèle avait rapporté 1,6 milliard de dollars à l’éditeur (rapport annuel EA), soit 60 % de ses profits sur les jeux sportifs.

Autre écueil : la fatigue de la licence. Certains fans reprochent à EA de recycler des mécaniques d’un opus à l’autre, avec des changements incrémentaux. "À part l’HyperMotion et le football féminin, qu’est-ce qui justifie d’acheter FC 26 si on a déjà FC 24 ?", s’interroge Marc L., modérateur sur le forum JeuxVideo.com. Une question légitime, alors que des alternatives comme Football Manager (SEGA) ou eFootball (Konami) tentent de grignoter des parts de marché.

Pourtant, EA semble avoir un plan. Des rumeurs évoquent un FC 27 révolutionnaire en 2025, avec :

• Un moteur graphique Unreal Engine 5 pour des stades et des joueurs photoréalistes.
• Un mode "Légendes" où l’on pourrait incarner des stars du passé (Maradona, Pelé).
• Une collaboration avec la Premier League pour des contenus exclusifs (documentaires, interviews).

"Nous voulons que FC devienne une plateforme, pas juste un jeu annuel", déclarait Camille Cellucci, vice-présidente d’EA Sports, lors d’une conférence en octobre. Un virage ambitieux, mais qui devra convaincre les joueurs lassés par les "reskins" (recyclages de contenu) des dernières années.