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Star Trek : Uhura en 1963, quand la science-fiction rencontre l’Histoire
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Pourquoi ce one-shot Star Trek centré sur Uhura est un événement culturel ?
À l’occasion du Mois de l’Histoire Afro-Américaine, IDW Publishing dévoile Star Trek Deviations: Threads of Destiny, un récit alternatif audacieux où Nyota Uhura – l’icône des communications de l’Enterprise – se retrouve projetée en 1963, année charnière des luttes pour les droits civiques. Scénarisé par Stephanie Williams (Nubia and the Amazons) et illustré par un duo d’artistes aux influences rétro-futuristes, ce one-shot réinvente l’épisode culte The City on the Edge of Forever pour explorer un dialogue poignant entre fiction et réalité. Une œuvre graphique et engagée, à paraître le 25 février 2026, qui célèbre l’héritage afro-américain tout en interrogeant l’universalisme de Star Trek.A retenir :
- Un récit alternatif inédit : Uhura remplace Kirk dans un voyage temporel vers 1963, année clé des droits civiques, revisitant l’épisode mythique The City on the Edge of Forever.
- Un hommage artistique et historique : Scénario de Stephanie Williams et dessins dynamiques mêlant esthétique des années 60 et éléments futuristes, signés Greg Maldonado et Anthony Fowler Jr.
- Une sortie symbolique : Parution le 25 février 2026 pendant le Mois de l’Histoire Afro-Américaine, avec précommandes ouvertes jusqu’au 19 janvier 2026.
- Un pont entre deux époques : Uhura, officier de communication du XXIIIᵉ siècle, affronte les injustices raciales de 1963, entre le discours de Martin Luther King Jr. et l’assassinat de Medgar Evers.
- Une réflexion intemporelle : Comment la science-fiction peut-elle éclairer les combats sociaux ? Une exploration de l’humanisme à travers le prisme de Star Trek.
Uhura, héroïne d’un récit où la fiction épouse l’Histoire
Imaginez : le voyage temporel ne concerne plus le capitaine Kirk, mais Nyota Uhura, l’officier des communications dont la voix a traversé les décennies comme un symbole d’ouverture et de diversité. C’est le pari osé de Star Trek Deviations: Threads of Destiny, un one-shot événement publié par IDW Publishing pour célébrer le Mois de l’Histoire Afro-Américaine. Ici, la science-fiction ne se contente pas de divertir : elle dialogue avec le passé, en envoyant Uhura en 1963, une année où l’Amérique tremblait sous les coups des luttes pour les droits civiques.
Le choix de cette période n’est pas hasard. 1963, c’est l’année où Martin Luther King Jr. prononce son discours I Have a Dream, mais aussi celle où Medgar Evers, militant des droits civiques, est assassiné. C’est une Amérique en ébullition, où chaque avancée se paie en sang et en larmes. En y plaçant Uhura – une femme noire, brillante, polyglotte, incarnant l’idéal d’une humanité unie – les auteurs Stephanie Williams, Greg Maldonado et Anthony Fowler Jr. créent un choc des temporalités aussi puissant que révélateur.
"The City on the Edge of Forever" revisité : quand Uhura remplace Kirk
Les fans de Star Trek connaissent bien The City on the Edge of Forever (1967), cet épisode culte où Kirk tombe amoureux d’Edith Keeler, une militante pacifiste dont la mort évite un futur sous domination nazie. Mais ici, le scénario bascule : c’est Uhura qui se retrouve propulsée dans le passé, et c’est son regard – celui d’une femme noire du XXIIIᵉ siècle – qui observe, horrifiée et déterminée, les injustices de 1963. Une subversion narrative qui permet d’explorer des thèmes rarement abordés dans la série originale.
Stephanie Williams, scénariste connue pour son travail sur Nubia and the Amazons (DC Comics), explique cette approche : "Uhura n’est pas une spectatrice. Elle agit, elle s’engage. En 1963, elle voit des gens se battre pour des droits qu’elle tient pour acquis dans son époque. Cela crée une tension dramatique incroyable." Le récit évite ainsi l’écueil du tourisme temporel : Uhura n’est pas là pour "sauver" l’Histoire, mais pour comprendre comment le passé façonne l’avenir – y compris le sien.
1963 vs. 2263 : un dialogue visuel entre deux époques
L’un des défis de ce one-shot était de fusionner deux esthétiques : le réalisme historique des années 60 et le futurisme de Star Trek. Les dessinateurs Greg Maldonado et Anthony Fowler Jr. relèvent le pari avec brio. Leurs planches alternent entre :
- Des scènes urbaines saisissantes : les rues de New York ou de Birmingham, avec leurs pancartes "Whites Only" et leurs manifestations réprimées dans la violence, rendues avec un souci du détail historique.
- Des éléments futuristes subtils : les interférences temporelles du Gardien de l’Éternité, représentées par des distorsions lumineuses, ou les reflets métalliques dans le regard d’Uhura, rappelant son origine stellaire.
- Un jeu de couleurs audacieux : des tons sépia pour les scènes "réelles", contrastant avec des bleus électriques quand la technologie du XXIIIᵉ siècle perce à travers le temps.
Anthony Fowler Jr. précise : "Nous voulions que le lecteur ressente physiquement le décalage entre les deux époques. Uhura doit paraître à la fois déplacée et parfaitement à sa place – comme si elle avait toujours été là, mais venue d’ailleurs."
Pourquoi ce récit résonne aujourd’hui ?
À l’heure où les débats sur la représentation et la diversité agitent la culture pop, ce one-shot arrive comme une réponse élégante et engagée. Uhura, interprétée à l’écran par Nichelle Nichols (dont le rôle a inspiré des générations de femmes noires, dont Whoopi Goldberg ou Mae Jemison, première astronaute afro-américaine), devient ici bien plus qu’un personnage : un symbole de résistance.
Le comic book interroge aussi la responsabilité de la science-fiction. Star Trek, dès les années 60, a osé montrer un équipage multiethnique et un baiser interracial (entre Kirk et Uhura dans Plato’s Stepchildren, 1968). Mais en 2026, alors que les remakes et reboots se multiplient, comment réinventer ces héritages sans tomber dans le nostalgie stérile ? Stephanie Williams propose une piste : "Il ne s’agit pas de réécrire le passé, mais de montrer comment le présent peut en réinterpréter les leçons."
Derrière les planches : l’histoire secrète d’un projet militant
Saviez-vous que ce one-shot est né d’une rencontre improbable ? En 2022, Stephanie Williams participe à une table ronde sur la représentation noire dans les comics. Dans le public, un fan lui demande : "Pourquoi Uhura n’a-t-elle jamais eu son propre récit centré sur son identité ?" La question la hante. Quelques mois plus tard, elle soumet l’idée à IDW Publishing, qui vient de lancer la série Star Trek: Deviations, explorant des réalités alternatives.
Le projet prend forme grâce à un travail collaboratif intense :
- Des recherches historiques : L’équipe consulte des archives du Movement for Black Lives et des témoignages de militants des années 60 pour recréer l’ambiance de l’époque.
- Un dialogue avec Nichelle Nichols : Avant sa disparition en 2022, l’actrice a donné son accord et partagé des anecdotes sur son personnage, insistant sur son "rôle de pont entre les cultures".
- Un choix éditorial fort : IDW décide de sortir le comic pendant le Mois de l’Histoire Afro-Américaine, avec une campagne de précommandes soutenue par des librairies spécialisées dans la littérature noire.
Un détail poignant : la couverture alternative, dessinée par Jen Bartel, représente Uhura marchant aux côtés de Rosa Parks, dans un bus où les sièges sont remplacés par des consoles de l’Enterprise. Une image qui résume à elle seule l’ambition du projet : faire dialoguer les luttes, qu’elles soient terrestres ou galactiques.
Précommandes et attentes : un comic déjà culte ?
Depuis l’annonce officielle en décembre 2025, l’engouement est palpable. Les précommandes, ouvertes jusqu’au 19 janvier 2026, affichent complet dans plusieurs boutiques en ligne. Les réseaux sociaux s’embrasent, avec des hashtags comme #Uhura1963 ou #TrekThePast. Même Wil Wheaton (Wesley Crusher dans Star Trek: The Next Generation) a salué l’initiative sur Twitter : "Enfin un récit qui honore Uhura comme elle le mérite : pas en marge, mais au centre de l’Histoire."
Plusieurs éditions sont prévues :
- Édition standard (12$, couverture par Greg Maldonado).
- Édition deluxe (25$, avec un dossier de 16 pages sur les liens entre Star Trek et le mouvement des droits civiques, préface par Whoopi Goldberg).
- Édition limitée (50$, tirée à 1000 exemplaires, avec une lithographie signée par Stephanie Williams).
Les librairies indépendantes, comme Black Garnett Books à Brooklyn ou Octavia’s Bookshelf à Pasadena (nommée en hommage à Octavia Butler), organisent des soirées de lancement le 25 février, avec des débats sur "La science-fiction comme outil de militantisme". Un succès annoncé, donc, mais qui pose question : ce one-shot restera-t-il un objet de collection ou marquera-t-il un tournant dans la façon dont Star Trek aborde son héritage social ?

