Il y a 49 jours
The Last of Us Saison 3 : Le Voyage d’Abby, un Défi Narratif et Technique Sans Précédent
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Pourquoi la saison 3 de The Last of Us repousse les limites de l’adaptation ?
HBO prépare un tournant audacieux pour la saison 3 de sa série phare : un retour au format long (8 à 10 épisodes) pour explorer en profondeur le parcours tourmenté d’Abby, personnage clé de Part II. Avec un budget record de 15M$ par épisode, des défis techniques inédits (décors aquatiques, *motion capture* hyperréaliste) et une collaboration poussée avec Naughty Dog, la production, prévue pour 2027, promet une réinvention cinématographique du jeu. Mais ce projet titanesque soulève une question : comment concilier fidélité à l’œuvre originale et liberté créative, sans tomber dans les pièges des adaptations précipitées ?
A retenir :
- Format élargi : 8 à 10 épisodes (contre 7 en S2) pour développer l’arc complexe d’Abby, plus dense que celui d’Ellie dans Part II.
- Budget pharaonique : 15M$ par épisode (vs 10M$ en S1), avec des partenariats technologiques inédits (Naughty Dog, VFX) pour des combats ultra-réalistes et des décors post-apocalyptiques immersifs.
- Défis logistiques : Tournage repoussé à 2027 pour transposer les séquences aquatiques de Santa Barbara et les ruines de Seattle, avec 12 mois de pré-production prévus.
- Innovation narrative : Craig Mazin promet une "réinvention cinématographique" des scènes, évitant le simple calque du jeu, avec un rythme adapté aux dilemmes moraux d’Abby.
- Comparaisons industrielles : HBO mise sur une approche opposée à The Witcher (Netflix), critiqué pour ses arcs secondaires bâclés, en privilégiant la profondeur psychologique.
- Enjeux culturels : La série doit concilier les attentes des fans du jeu (exigeants sur la fidélité) et celles d’un public télévisuel moins familier avec l’univers.
Un Choix Audacieux : Pourquoi la Saison 3 Reviendra au Format Long ?
La saison 2 de The Last of Us avait surpris en condensant l’intrigue monumentale de Part II en seulement sept épisodes, un rythme effréné qui avait divisé les fans. Craig Mazin, showrunner de la série, assume aujourd’hui ce choix comme une "expérience narrative nécessaire", mais annonce un virage à 180 degrés pour la saison 3. *"Nous revenons à une structure plus proche de la saison 1, avec un nombre d’épisodes significativement plus élevé"*, déclare-t-il lors d’une conférence à Austin. Une décision qui n’a rien d’anodin : Part II accorde à Abby un parcours bien plus étendu que celui d’Ellie, avec des enjeux moraux et des revirements psychologiques qui méritent un traitement télévisuel approfondi.
Pour comprendre ce revirement, il faut plonger dans les coulisses de l’adaptation. The Last of Us Part II (2020) est un jeu deux fois plus long que le premier opus, avec une narration non linéaire et des séquences de gameplay qui définissent l’expérience du joueur. Transposer cela à l’écran sans perdre en intensité relève du casse-tête. *"La saison 2 était un exercice de compression extrême. Pour la saison 3, nous voulons respirer, laisser le temps aux émotions de s’installer"*, explique un proche de la production. Huit à dix épisodes sont ainsi envisagés – un format qui, s’il se confirme, permettrait d’explorer des zones d’ombre du personnage, comme son rôle ambigu chez les Lucioles ou sa quête de rédemption après les événements de Seattle.
Ce choix s’inscrit aussi dans une stratégie globale d’HBO, qui mise sur des séries à la narration ambitieuse plutôt que sur des adaptations bâclées. À titre de comparaison, The Witcher (Netflix) avait essuyé des critiques pour ses arcs secondaires sous-développés, notamment celui de Ciri, dont le parcours manquait cruellement de profondeur. *"Nous ne voulons pas répéter les mêmes erreurs"*, confie un membre de l’équipe, soulignant que l’équilibre entre rythme et développement des personnages sera au cœur des préoccupations.
"Abby n’est pas un simple antagoniste. C’est une survivante brisée, dont les choix reflètent les contradictions de ce monde. Lui accorder moins de temps à l’écran serait une trahison." — Craig Mazin, showrunner.
2027 : L’Année de Tous les Défis Techniques
Si les fans devront patienter jusqu’en 2027 pour découvrir cette saison 3, c’est que sa production s’annonce comme un chantier titanesque, à la hauteur des ambitions narratives. Craig Mazin a évoqué des *"exigences techniques qui repoussent les limites de ce que nous avons fait jusqu’ici"*. En ligne de mire : les décors post-apocalyptiques de Part II, notamment les séquences aquatiques de Santa Barbara et les ruines envasées de Seattle, qui nécessiteront des effets spéciaux révolutionnaires.
Pour donner une idée de l’ampleur du projet, la reconstruction du Capitol Building pour la saison 1 avait déjà mobilisé 12 mois de pré-production et un budget de 8 millions de dollars. *"Cette fois, nous parlons de décors dynamiques, où l’eau et la boue jouent un rôle central. Ce n’est pas juste une question d’esthétique, mais de crédibilité immersive"*, précise un superviseur VFX. HBO semble prêt à investir massivement : le budget par épisode est estimé à 15 millions de dollars (contre 10 pour la saison 1), une enveloppe qui place la série parmi les productions télévisuelles les plus chères de l’histoire, aux côtés de Game of Thrones ou The Rings of Power.
Mais l’enjeu ne se limite pas aux décors. La série collabore étroitement avec Naughty Dog pour adapter le *motion capture* des combats, réputé pour son réalisme brut dans le jeu. *"Nous ne voulons pas d’un simple calque. L’objectif est une réinvention cinématographique, où chaque coup, chaque chute, a un poids émotionnel"*, explique un animateur impliqué dans le projet. Un pari risqué, quand on sait que des séries comme The Wheel of Time (Prime Video) ont été critiquées pour leurs effets spéciaux précaires. Pour éviter ce piège, HBO mise sur des technologies de capture de mouvement inédites, combinées à des techniques de tournage hybrides (mélange de prises de vues réelles et de CGI).
Un autre défi de taille : les scènes sous-marines. Dans Part II, Abby traverse des zones inondées de Santa Barbara, des séquences qui avaient marqué les joueurs par leur atmosphère oppressante. *"Recréer cela à l’écran sans tomber dans le cliché du 'film catastrophe' demande une approche subtile. Nous travaillons avec des spécialistes des effets aquatiques pour capturer la lourdeur des mouvements et la distortion des sons sous l’eau"*, détaille un technicien.
Abby, au Cœur d’une Guerre des Réceptions
Si la saison 3 suscite autant d’attentes, c’est aussi parce qu’elle place Abby – personnage le plus clivant de Part II – au centre de son intrigue. Dans le jeu, son parcours divise : certains y voient une exploration audacieuse de la moralité en univers post-apocalyptique, tandis que d’autres la perçoivent comme une trahison des codes narratifs de la licence. *"Abby est un miroir. Elle reflète nos propres contradictions : jusqu’où irions-nous pour survivre ?"*, analyse Laura Bailey, l’actrice qui lui prête sa voix dans le jeu.
La série devra donc naviguer entre fidélité au matériel original et adaptation pour un public plus large. Un équilibre délicat, comme le souligne un critique de Variety : *"Les fans du jeu attendent une transposition fidèle, mais HBO doit aussi séduire les téléspectateurs qui ne connaissent pas l’univers. Le risque ? Diluer ce qui fait la force d’Abby : sa complexité brutale."*
Pour y parvenir, Craig Mazin mise sur une approche "humaniste" du personnage. *"Nous allons montrer ses failles, ses doutes, ses moments de vulnérabilité. Ce n’est pas une héroïne, ni une méchante. C’est une femme en guerre contre elle-même"*, confie-t-il. Une direction qui rappelle le traitement de Joel en saison 1, où la série avait su nuancer son portrait sans édulcorer sa violence.
Reste une question épineuse : comment gérer la réception d’Abby par le public ? Dans le jeu, son introduction avait provoqué un backlash immédiat, certains joueurs refusant de jouer ses segments. *"La série a l’avantage du temps. Elle peut préparer le terrain, faire comprendre les motivations d’Abby avant de la confronter à Ellie"*, estime un scénariste. Une stratégie qui rappelle celle de Breaking Bad, où des personnages comme Skyler ou Jesse avaient été réhabilités par une narration patiente.
Derrière les Coulisses : Quand Naughty Dog Rencontre Hollywood
La collaboration entre Naughty Dog et les équipes d’HBO est l’un des aspects les plus fascinants de cette production. Contrairement à d’autres adaptations (comme Halo ou Assassin’s Creed), où les studios de jeu restent en retrait, ici, les créateurs du jeu sont pleinement impliqués. *"Nous ne sommes pas là pour valider des choix, mais pour co-construire la série"*, explique Neil Druckmann, directeur créatif de Naughty Dog.
Cette synergie se manifeste notamment dans le travail sur les combats. Dans Part II, les scènes de corps-à-corps sont connues pour leur violence crue et leur réalisme physique. *"Un coup de couteau dans le jeu doit faire mal à regarder. À l’écran, ce doit être insoutenable"*, résume un chorégraphe de combats. Pour y parvenir, les acteurs suivent un entraînement intensif, inspiré des techniques de système de combat Krav Maga, utilisé dans le jeu.
Autre innovation : l’utilisation de la technologie de *motion capture* en temps réel. *"Nous filmons les scènes avec les acteurs en costume de capture, puis nous ajustons les mouvements en post-production pour coller à l’esthétique du jeu. Le résultat est un mélange de cinéma pur et de langage vidéoludique"*, détaille un ingénieur VFX. Une approche qui rappelle celle de The Mandalorian, où les décors virtuels en temps réel avaient révolutionné les tournages.
Enfin, la série bénéficiera d’un accès exclusif aux archives de Naughty Dog, incluant des concepts arts inédits et des enregistrements audio non utilisés dans le jeu. *"Il y a des scènes coupées de Part II qui pourraient trouver leur place dans la série. Pas comme du *filler*, mais comme des extensions narratives qui enrichissent l’univers"*, tease un scénariste.
Le Paradoxe d’Abby : Entre Héroïsme et Monstruosité
Si Abby fascine autant qu’elle dérange, c’est parce qu’elle incarne un paradoxe narratif : à la fois bourreau et victime, sauvage et humaine. Dans Part II, son parcours est jalonné de choix impossibles – comme celui de sauver deux enfants (Lev et Yara) au prix de trahisons répétées. *"Abby est une survivante avant tout. Ses actes ne sont pas 'bons' ou 'mauvais' : ils sont nécessaires dans son monde"*, analyse un professeur de narratologie à l’USC.
La série devra donc explorer cette dualité sans tomber dans le manichéisme. Un défi de taille, quand on sait que les adaptations ont souvent tendance à lisser les ambiguïtés des personnages. *"Prenez The Walking Dead : au fil des saisons, les personnages sont devenus des archétypes. Nous voulons éviter cela"*, prévient Craig Mazin.
Pour y parvenir, les scénaristes s’appuient sur des références cinématographiques variées, allant de Children of Men (pour son réalisme brut) à First Reformed (pour son exploration de la culpabilité). *"Abby n’est pas une Mad Max en mode survie. C’est une femme qui porte le poids de ses actes, et ça, c’est bien plus intéressant"*, souligne une scénariste.
Un autre angle crucial : sa relation avec les Lucioles. Dans le jeu, son intégration au groupe est ambiguë – elle est à la fois une sauveteuse et une menace. *"Les Lucioles ne sont pas des gentils. Ce sont des idéalistes prêts à tout pour leur cause. Abby s’y reconnaît, mais jusqu’à quel point ?"*, interroge un analyste de Polygon. La série pourrait approfondir ce conflit idéologique, en montrant comment Abby remet en question les méthodes du groupe.
Enfin, la question de sa confrontation avec Ellie plane comme une ombre. Dans le jeu, leur duel final est physique et symbolique – deux femmes brisées par la vengeance. *"La série a l’opportunité de rendre cette scène encore plus puissante, en y intégrant des flashbacks qui montrent leur parallèle depuis le début"*, suggère un fan sur Reddit. Une idée qui séduit l’équipe : *"Nous voulons que le public comprenne que, malgré tout, Abby et Ellie sont deux faces d’une même pièce."*
En attendant 2027, une question persiste : et si Abby, finalement, était le personnage dont nous avions tous besoin pour repenser la survie ?