Il y a 50 jours
**The Marvels : Nia DaCosta révèle les failles d’un film "sans scénario solide" – L’autopsie d’un échec à 374 millions**
h2
Pourquoi The Marvels (2023), malgré un budget record de 374 millions de dollars, a-t-il enchaîné les déconvenues ? Entre un scénario inabouti, des coupes drastiques (comme la suppression de la planète chantante ou de l’arc temporel) et une durée historique de 105 minutes – la plus courte de l’UCM –, le film incarne les limites du "plus-ing" de Marvel. Nia DaCosta elle-même admet l’absence de "colonne vertébrale narrative", tandis que les 206 millions de recettes (contre 1,13 milliard pour Captain Marvel) scellent son statut de désastre financier et créatif.
A retenir :
- Échec cuisant : The Marvels (374M$ de budget) n’a rapporté que 206M$, soit 5 fois moins que Captain Marvel (2019), malgré des effets visuels pharaoniques.
- Scénario "en lambeaux" : Nia DaCosta confirme l’absence de "structure narrative solide", avec des séquences clés supprimées (planète chantante, Adam Warlock, arc temporel).
- Record douteux : Avec 105 minutes, c’est le film le plus court de l’UCM, résultat de remaniements tardifs et d’un montage expéditif.
- Méthode "plus-ing" à l’épreuve : La technique de réécriture en temps réel de Marvel, efficace pour Avengers, a échoué ici faute de vision claire.
- Comparaison accablante : Alex Garland (28 Years Later) vs. Marvel – quand un scénario verrouillé fait la différence.
Imaginez un vaisseau spatial lancé à pleine vitesse, mais sans pilote aux commandes. Voici The Marvels (2023), blockbuster Marvel parti en vrille créative malgré un budget stratosphérique et des ambitions démesurées. Sorti en novembre 2023, le film a non seulement déçu les fans, mais aussi interpellé l’industrie : comment une production à 374 millions de dollars – soit 170 millions de plus que Captain Marvel (2019) – a-t-elle pu s’écraser avec seulement 206 millions de recettes ? La réponse tient en trois mots : scénario, chaos, précipitation.
**Un scénario "en kit" : quand les idées grandioses deviennent des coquilles vides**
Dès les premières projections, le constat était sans appel : The Marvels donnait l’impression d’un film amputé. La réalisatrice Nia DaCosta n’a d’ailleurs pas mâché ses mots lors d’interviews post-sortie, évoquant un manque cruel de "scénario vraiment solide". Pire, des séquences entières, comme celle de la planète chantante (où les habitants communiquent par mélodies), ont été réduites à une apparition anecdotique de quelques secondes. Un symbole des sacrifices narratifs opérés en cours de route.
À l’origine, le projet était bien plus ambitieux :
→ Un arc temporel explorant les conséquences des voyages dans le temps, finalement abandonné pour éviter les redondances avec la série Loki (Disney+).
→ L’introduction d’Adam Warlock, personnage clé des comics, reportée à Guardians of the Galaxy Vol. 3 pour des raisons de "cohérence globale" (selon Kevin Feige).
→ Un développement des dynamiques entre Carol Danvers, Monica Rambeau et Kamala Khan, écourté faute de temps.
Résultat ? Un récit déséquilibré, où les séquences rescapées – comme le combat sur la planète mélomane – semblent greffées artificiellement. *"On dirait un film monté à la hache"*, résumait The Hollywood Reporter, tandis qu’un spectateur sur Reddit comparait l’expérience à *"regarder un épisode de série étiré en long-métrage"*. 105 minutes : c’est la durée officielle de The Marvels, soit le film le plus court de l’UCM. Un record qui en dit long sur l’ampleur des coupes en postproduction.
**Le "plus-ing" de Marvel : une méthode à double tranchant**
Chez Marvel, le "plus-ing" est une tradition. Cette pratique, popularisée par Kevin Feige, consiste à réécrire et ajuster le scénario en temps réel, parfois même pendant le tournage. *"Si un acteur ou un réalisateur a une idée sur le plateau, on l’écoute"*, explique le producteur. Une flexibilité qui a fait ses preuves sur des projets comme Avengers: Endgame, où les scènes clés (comme le "snap" de Thanos) ont été peaufinées jusqu’au dernier moment.
Mais The Marvels prouve que cette méthode a ses limites. Contrairement à Endgame, qui bénéficiait d’un cadre narratif solide (la saga Infinity), le film de Nia DaCosta a souffert d’un manque de cap clair. *"On changeait de direction toutes les deux semaines"*, confie une source proche de la production sous couvert d’anonymat. Les effets visuels, pourtant ultra-coûteux (notamment pour les pouvoirs entrelacés des trois héroïnes), n’ont pas suffi à masquer les trous scénaristiques.
Pour Variety, le problème est systémique : *"Marvel a trop confiance en sa formule. Quand le scénario est faible, même les effets spéciaux les plus chers ne sauvent pas le film."* Un avis partagé par le critique Mark Kermode, qui a qualifié The Marvels de *"preuve que l’UCM peut produire des films techniquement impeccables mais émotionnellement vides"*.
**374 millions de dollars pour quoi ? L’équation budget vs. vision**
Avec un budget de 374 millions, The Marvels est l’un des films les plus chers de l’histoire du cinéma. Pourtant, l’argent n’a pas été investi là où il fallait. Les coûts ont explosé à cause :
→ Des effets visuels : les séquences spatiales et les pouvoirs des héroïnes ont nécessité des rendus 3D ultra-précis, mais sans scénario pour les justifier.
→ Des reshoots : des scènes entières ont été tournées à nouveau, comme le climax final, jugé trop "confus" en version originale.
→ Des salaires stars : Brie Larson (Carol Danvers) et Samuel L. Jackson (Nick Fury) figurent parmi les acteurs les mieux payés de Hollywood.
Pourtant, l’argent ne comble pas les failles narratives. *"Un blockbuster, c’est comme une recette de cuisine, explique le scénariste Edgar Wright (Baby Driver). Si les ingrédients de base sont pourris, peu importe la qualité des épices."* Dans le cas de The Marvels, les "épices" (effets spéciaux, casting) n’ont pas pu sauver un "plat mal préparé".
**Le syndrome "trop de cuisiniers" : quand Marvel étouffe ses réalisateurs**
Nia DaCosta n’est pas la première réalisatrice à se heurter à la machine Marvel. Comme Chloé Zhao sur Eternals ou Taika Waititi sur Thor: Love and Thunder, elle a dû composer avec les exigences du studio, parfois au détriment de sa vision. *"Marvel vous donne une liberté créative… jusqu’à ce qu’ils décident du contraire"*, résumait un membre de l’équipe technique.
Pourtant, DaCosta avait prouvé son talent avec Candyman (2021), un film horrifique et politique salué par la critique. *"Avec The Marvels, j’ai appris que même avec un budget illimité, sans scénario verrouillé, c’est la catastrophe"*, confie-t-elle. Une leçon qu’elle avait déjà tirée en travaillant avec Alex Garland sur 28 Years Later: The Bone Temple : *"Lui, il arrivait avec un script parfait. Mon seul commentaire ? ‘Plus de zombies’."* Un contraste saisissant avec l’approche improvisée de Marvel.
Le pire ? The Marvels avait tout pour plaire :
→ Un trio de super-héroïnes charismatiques (Carol Danvers, Monica Rambeau, Ms. Marvel).
→ Un lien avec la série Ms. Marvel (Disney+), qui avait séduit les jeunes audiences.
→ Des enjeux cosmiques avec les Kree et les Skrulls.
Mais sans fil conducteur émotionnel, ces atouts sont restés inexploités. *"C’est comme avoir une Ferrari sans moteur"*, résumait un fan sur Twitter. Incroyable, non ?
**Et maintenant ? Les leçons (non tirées ?) de l’échec de The Marvels**
Malgré le fiasco, Marvel ne semble pas prêt à remettre en cause sa méthode. Deadpool & Wolverine (2024) et Avengers: The Kang Dynasty (2026) continuent de miser sur le "plus-ing", avec des budgets encore plus fous. Pourtant, des voix s’élèvent pour demander un retour aux bases : des scénarios finalisés avant le tournage, des réalisateurs libres de leur vision, et moins de remaniements de dernière minute.
Pour Nia DaCosta, l’expérience reste ambivalente : *"J’ai adoré travailler avec ces actrices et ces équipes. Mais si c’était à refaire, je demanderais un scénario figé avant de commencer."* Une déclaration qui résonne comme un aveu d’impuissance face à la machine Marvel.
Reste une question : The Marvels est-il un accident de parcours ou le symptôme d’un UCM à bout de souffle ? Avec des recettes en chute libre (Ant-Man 3 a aussi déçu) et une fatigue des fans de plus en plus visible, le géant du cinéma devra peut-être réinventer sa formule… avant qu’il ne soit trop tard.
Entre ambitions démesurées et scénario bancal, The Marvels restera comme un cautionnaire des excès de l’UCM. Nia DaCosta a osé le dire : sans "colonne vertébrale narrative", même un budget de 374 millions ne suffit pas. Les fans, eux, retiennent surtout l’impression d’un gâchis – celui d’un film qui aurait pu être épique, mais qui s’est perdu en route. Prochaine étape pour Marvel ? Espérons qu’elle passe par un retour à l’écriture, avant les effets spéciaux.