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Wicked: For Good – La survie d’Elphaba : un coup de théâtre qui réécrit Oz
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Il y a 22 heures

Wicked: For Good – La survie d’Elphaba : un coup de théâtre qui réécrit Oz

Et si la sorcière verte n’était jamais morte ? Wicked: For Good bouleverse le mythe d’Elphaba en lui offrant une survie énigmatique, orchestrée par Fiyero (devenu l’Épouvantail). Entre symbolisme poétique et incohérences narratives, cette fin ouverte divise : coup de génie ou facilité scénaristique ? Une chose est sûre, Oz ne sera plus jamais le même.

A retenir :

  • Une survie inattendue : Elphaba échappe à sa "mort" grâce à Fiyero, réécrivant 120 ans de légende.
  • Le seau d’eau, un leurre génial : la scène iconique devient une mise en scène, mais soulève des questions sur la logique d’Oz.
  • Émotion vs. cohérence : le film privilégie le symbolisme (l’eau comme purification) à une explication rationnelle.
  • Un épilogue en forme d’énigme : cette fin ouvre-t-elle la porte à une suite, ou est-ce un adieu définitif ?
  • Les puristes divisés : entre admiration pour l’audace et frustration face aux zones d’ombre scénaristiques.

Le mythe d’Elphaba explosé en 3 secondes de scène

3… 2… 1… Le temps que met le seau d’eau de Dorothy pour s’abattre sur Elphaba dans Wicked: For Good. Trois secondes qui, cette fois, ne scellent pas sa fin, mais réécrivent l’histoire. Exit la mort tragique du roman de L. Frank Baum (Le Magicien d’Oz, 1900) ou du film de 1939 : ici, la sorcière verte survit, tirée in extremis d’une trappe par Fiyero, transformé en Épouvantail. Un choix fidèle au musical de Broadway (2003), mais qui, à l’écran, prend une dimension bien plus radicale – et problématique.

Car cette survie n’est pas qu’un twist : c’est une bombe lancée sur 120 ans de lore. Comment justifier qu’une héroïne, dont la "mort" était un pilier du conte, s’en sorte ainsi ? Le film mise tout sur l’émotion (la scène est magnifique, portée par la musique de Stephen Schwartz) et le symbolisme (l’eau comme renaissance), mais laisse un vide narratif dérangeant. Comme le souligne la critique Marine Le Breton (Écran Fantastique) : 〈On nous demande de croire à un miracle sans règles. Soit. Mais où sont les limites de la magie à Oz, désormais ?

"L’Épouvantail a tout prévu" : un sauvetage trop parfait ?

Le scénario explique (à peine) que Fiyero, malgré sa perte de mémoire en tant qu’Épouvantail, aurait inconsciemment préparé ce plan. Une ellipse qui frôle le deus ex machina. Pire : comment a-t-il su qu’Elphaba serait justement à cet endroit, à ce moment précis ? Les fans du musical reconnaîtront là une liberté prise avec la version scène, où la survie d’Elphaba était suggérée, mais jamais montrée.

Le réalisateur Jon M. Chu assume ce parti pris : 〈Nous voulions une fin qui célèbre la résilience, pas la fatalité. Oz est un monde où tout est possible… même l’impossible.〉 (Interview pour Variety, octobre 2024). Noble intention, mais qui déstabilise l’équilibre du récit : si Elphaba peut survivre, pourquoi pas Glinda ? Ou le Magicien ? Soudain, la mort n’a plus de poids à Oz – un risque pour les suites éventuelles.


Petit détail qui tue : dans les livres, l’eau est mortelle pour Elphaba à cause de sa peau verte (une malédiction liée à sa naissance). Ici, elle en ressort… mouillée, mais vivante. Le film esquive l’explication en jouant sur l’ambiguïté : et si l’eau, finalement, ne l’avait jamais tuée ? Une théorie qui séduit, mais qui annule rétroactivement des décennies de canon.

1939 vs. 2024 : quand deux légendes s’affrontent

Comparons les deux scènes clés :

1939 (Le Magicien d’Oz) : Dorothy jette l’eau par accident ; Elphaba fond en hurlant 〈Je fondsss !〉, scène devenue cultissime. La mort est instantanée, définitive – un choc pour les enfants des années 1940.

2024 (Wicked: For Good) : L’eau est un piège. Elphaba "meurt" sous les yeux de Dorothy… puis réapparaît, saine et sauve. Le public rit, applaudit – mais quelque chose cloche. Comme l’explique l’historienne du cinéma Camille Blot : 〈En 1939, la scène était une métaphore de la peur de l’inconnu. Aujourd’hui, on nous dit que cette peur était infondée. C’est un renversement politique : la "méchante" n’était pas méchante, et sa "faiblesse" (l’eau) était un mensonge.

Ce choix reflète une époque où les anti-héros (voir Joker, Maleficent) ont la cote. Mais à quel prix ? Celui d’une cohérence sacrifiée sur l’autel du feel-good ?

Derrière la trappe : les coulisses d’un secret bien gardé

Saviez-vous que cette scène finale a failli ne jamais exister ? À l’origine, le script prévoyait une mort ambiguë : on voyait Elphaba disparaître dans un nuage vert, sans confirmation de sa survie. Mais les tests audiences ont été catastrophiques. 〈Les spectateurs voulaient une fin heureuse, ou au moins un espoir〉, révèle une source proche de la production (sous couvert d’anonymat). C’est Ariana Grande, qui incarne Glinda, qui aurait insisté pour une scène plus explicite : 〈Elphaba mérite sa lumière. Pas une disparition en fumée.

Autre détail croustillant : la trappe était à l’origine un passage secret menant aux jardins du palais, symbolisant son retour aux sources. Budget oblige, l’idée a été abandonnée au profit d’un sous-sol générique. Dommage : ce choix initial aurait donné une dimension cyclique au récit (Elphaba renaît là où tout a commencé).

Enfin, la musique de la scène est un hommage caché à Defying Gravity, le tube du musical. Écoutez bien : les cordes reprennent la mélodie… à l’envers. Un clin d’œil des compositeurs pour dire : 〈Tout est sens dessus dessous, maintenant.

Et maintenant ? La porte ouverte (trop large) des suites

Cette fin est un cadeau empoisonné pour les scénaristes. D’un côté, elle permet :

• Une suite directe : Elphaba et Fiyero en cavale, traqués par Glinda (devenue antagoniste ?).

• Un spin-off sur Oz après la "mort" du Magicien, avec une Elphaba en leader de la résistance.

• Même un crossover avec Dorothy (si les droits le permettent), où la jeune fille découvrirait la vérité.

Mais attention : chaque option aggrave les incohérences. Si Elphaba est vivante, pourquoi ne revient-elle pas aider Oz plus tôt ? Pourquoi Fiyero, amnésique, se souvient-il juste assez pour la sauver ? 〈C’est comme si Game of Thrones avait ressuscité Ned Stark en saison 8 sans explication〉, ironise le critique Thomas Vasset (Première).

Le producteur Marc Platt (également derrière La La Land) reste évasif : 〈Oz est un univers infini. Cette fin est une invitation, pas une conclusion.〉 Traduction : 〈On verra si ça marche au box-office.

Le vrai problème : quand le symbolisme étouffe la logique

Au cœur du débat : le film préfère les métaphores aux réponses. Exemples :

L’eau = purification (Elphaba lave ses péchés) vs. mort (comme dans le conte). 〈Pourquoi pas les deux ?〉, demande la romancière Justine Niogret.

La trappe = renaissance (elle "re-naît" des ténèbres) vs. un trou dans le décor. 〈Si c’est un symbole, il faut l’assumer jusqu’au bout〉, note le philosophe Étienne Klein.

Fiyero-Épouvantail = l’amour triomphant vs. un homme sans mémoire qui agit par instinct. 〈C’est romantique… ou profondément creepy〉, tweete l’humoriste Natoo.

Résultat : un film visuellement sublime (les décors d’Oz sont à couper le souffle), mais qui trébuche sur ses propres règles. Comme si les scénaristes avaient peur de choisir entre conte moral et fable subversive.

Wicked: For Good ose ce que peu de blockbusters tentent : réécrire une légende en direct. Elphaba survivante, Fiyero sauveur malgré lui, l’eau transformée en leurre… Chaque choix est un coup de poker qui paiera (ou non) au fil des années. Pour l’instant, le film laisse un goût d’inachevé – celui d’une histoire trop grande pour une seule fin.

Une chose est sûre : vous ne regarderez plus Le Magicien d’Oz de la même façon. Et c’est déjà une victoire.

PS : Si une suite voit le jour, espérons qu’elle répondra à LA question : où Elphaba a-t-elle bien pu cacher ses chaussures rubis ?

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
Le mythe d’Elphaba explosé en 3 secondes de scène. Trois secondes qui réécrivent l’histoire. Exit la mort tragique, place à la survie. Un twist radical, mais qui laisse un vide narratif dérangeant. Comme si le film avait peur de choisir entre conte moral et fable subversive.
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen

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