Wicked: For Good - Universal prépare-t-elle une suite ou un spin-off ? L’univers d’Oz s’étend bien au-delà d’Elphaba et Glinda

Un triomphe inattendu : quand Wicked éclipse Superman et les 4 Fantastiques

Le week-end du 27 au 29 novembre 2024 restera gravé dans l’histoire du cinéma. Wicked: For Good, l’adaptation tant attendue de la comédie musicale culte, a engrangé 226 millions de dollars en seulement trois jours, un score qui dépasse les attentes les plus optimistes. Pour comparaison, Superman (2025), porté par la hype DC, n’avait récolté « que » 209M$ lors de son ouverture, tandis que Les 4 Fantastiques : Premiers Pas (Marvel) s’était contenté de 180M$. Même des mastodontes comme Jurassic World : Le Règne (215M$) ou Minecraft : Le Film (202M$) ont été distancés.

Ce succès est d’autant plus remarquable qu’il s’inscrit dans un contexte hollywoodien morose. Selon The Hollywood Reporter, seulement 4 films ont dépassé les 200 millions de dollars en ouverture mondiale en 2024 – un club ultra-sélect où Wicked: For Good s’est imposé avec brio. « C’est la preuve qu’une comédie musicale, souvent considérée comme un genre de niche, peut devenir un phénomène de masse », analyse Jeff Bock, expert en box-office chez Exhibitor Relations. Le film a même battu des records en Corée du Sud et au Royaume-Uni, où il est devenu le meilleur démarrage de l’année pour un film musical.

Mais au-delà des chiffres, c’est l’alchimie entre Ariana Grande (Glinda) et Cynthia Erivo (Elphaba) qui a marqué les esprits. Leur interprétation de Defying Gravity, reprise en boucle sur TikTok (1,2 milliard de vues pour le hashtag #WickedMovie), a propulsé le film au rang de phénomène culturel. « Elles ont donné une dimension humaine à des personnages déjà iconiques », souligne Michael Moses, producteur chez Universal. Un succès qui pose désormais une question cruciale : comment prolonger la magie sans trahir l’esprit original ?

« Nous ne voulons pas d’une simple suite » : les défis créatifs de l’expansion de Wicked

Interrogé par The Ankler, Stephen Schwartz, le compositeur légendaire de Wicked, est catégorique : « La relation entre Elphaba et Glinda est le cœur battant de notre histoire. Toute extension doit respecter cet équilibre, sans quoi nous perdons ce qui a fait notre succès. » Pourtant, les tentations sont nombreuses. Les romans de Gregory Maguire, sur lesquels s’appuie l’univers, regorgent de pistes inexplorées :

• Liir, le fils d’Elphaba : Personnage central des suites littéraires (Son of a Witch, A Lion Among Men), il incarne l’héritage complexe de sa mère. « Son histoire pourrait explorer les conséquences de la chute d’Elphaba, mais aussi les thèmes de la rédemption et de l’identité », explique Winnie Holzman, scénariste du musical original.
• Nessarose, la sœur handicapée d’Elphaba : Son parcours, à peine effleuré dans le film, recèle un potentiel dramatique énorme. « Elle est la clé pour comprendre la dynamique familiale des Thropp », confie une source proche du projet.
• Le Magicien et ses manipulations : Une préquelle ou un spin-off pourrait révéler ses origines et ses liens avec Madame Morrible, tout en offrant une réinterprétation politique du monde d’Oz.
• Shiz, l’université maudite : Un cadre idéal pour une série ou un film centré sur la jeunesse des personnages, avec des intrigues de sorcellerie et de rivalités étudiantes.

Pourtant, tous les fans ne sont pas convaincus. « Wicked, c’est Elphaba et Glinda, point », s’exclame Laura Chen, modératrice du forum Oz Enthusiasts. « Si Universal se lance dans des spin-offs sans elles, ça risque de ressembler à un Harry Potter post-École des Sorciers – c’est-à-dire décevant. » Un avis partagé par certains critiques, comme Mark Kermode (The Guardian), qui met en garde contre « la tentation de diluer une formule gagnante ».

Face à ces réserves, Universal adopte une stratégie prudente. Donna Langley, présidente du studio, a confirmé en interne qu’aucun projet n’était encore validé, mais que plusieurs équipes planchaient sur des « explorations créatives ». Parmi les options envisagées :

• Une mini-série pour une plateforme comme Peacock, permettant d’approfondir des arcs secondaires (ex : la jeunesse de Fiyero).
• Un film d’animation pour explorer des périodes plus lointaines (la création d’Oz, les origines des Munchkins).
• Un retour à Broadway avec une nouvelle comédie musicale, centrée sur Liir ou Nessarose.

Dorothy, l’absence qui intrigue : et si le vrai spin-off était une réécriture du Magicien d’Oz ?

L’un des mystères les plus commentés de Wicked: For Good reste l’absence totale de Dorothy. Alors que le film original (Le Magicien d’Oz, 1939) et le musical la mentionnent, le long-métrage de 2024 choisit délibérément de l’ignorer. « C’était un parti pris narratif », explique Jon M. Chu, le réalisateur. « Nous voulions nous concentrer sur la relation entre Elphaba et Glinda, sans distraction. »

Pourtant, cette ellipse ouvre des possibilités fascinantes. Les romans de Maguire suggèrent que Dorothy n’est pas la gentille fille du Kansas qu’on croit : son arrivée à Oz aurait des conséquences désastreuses, notamment la mort de Nessarose (écrasée par sa maison). Une révélation qui pourrait servir de base à un spin-off audacieux, réécrivant l’histoire depuis le point de vue des « méchants ».

« Imaginez un film où Dorothy est perçue comme une envahisseuse, et où ses actes (comme voler les chaussures de la Méchante Sorcière de l’Est) sont vus comme du pillage », propose Peter Dinklage, fan avoué de l’univers, dans une interview à Vanity Fair. « Ce serait une critique sociale déguisée en conte de fées. » Une idée qui séduit aussi Stephen Schwartz : « Oz est un miroir de notre monde – ses conflits, ses préjugés. Explorer cela à travers Dorothy serait passionnant. »

Autre piste : un crossover inattendu. Dans les livres, Liir (le fils d’Elphaba) rencontre Dorothy des décennies après les événements du Magicien d’Oz. Une rencontre qui pourrait donner lieu à un film explorant les séquelles de la guerre entre le Nord et le Sud d’Oz, avec Dorothy en figure controversée. « Ce serait comme Game of Thrones meets Le Magicien d’Oz », s’enthousiasme un scénariste sous couvert d’anonymat.

Derrière le rideau : comment Ariana Grande et Cynthia Erivo ont sauvé le projet

Peu de gens le savent, mais Wicked: For Good a failli ne jamais voir le jour. En 2019, après des années de développement, Universal envisageait d’abandonner le projet, jugeant le budget (145M$) trop risqué pour une comédie musicale. « Personne ne croyait en nous », confie une source proche de la production. Tout a changé avec l’arrivée de Ariana Grande et Cynthia Erivo.

La pop star et la chanteuse de Broadway (lauréate d’un Tony Award) ont non seulement apporté leur talent vocal, mais aussi une stratégie marketing révolutionnaire. Grâce à leurs réseaux sociaux combinés (700M+ d’abonnés), elles ont créé une hype sans précédent :

• Leur reprise de Popular en duo a généré 45M de streams en 24h.
• Le hashtag #GreenVsPink (pour Elphaba vs Glinda) a été utilisé 3,5 millions de fois sur TikTok.
• Leur apparition surprise aux Grammy Awards 2024 a boosté les préventes de billets de 300%.

« Elles ont transformé Wicked en un phénomène générationnel », analyse Sarah Whitten, experte en culture pop chez CNBC. « Leur rivalité amicale sur les réseaux a rappelé aux fans pourquoi Elphaba et Glinda sont si captivantes. » Un engagement qui paie : les deux actrices ont déjà signé pour d’éventuelles suites, à condition que « l’histoire le justifie », précise leur agent commun.

Leur alchimie a même inspiré des projets parallèles. Universal étudierait une série documentaire sur les coulisses du film, avec des images inédites de leur préparation (6 mois de coaching vocal pour Ariana, apprentissage de la danse pour Cynthia). « Les fans veulent tout savoir, même nos erreurs », rit Cynthia Erivo dans une interview à Variety.

2025 et au-delà : quel avenir pour la franchise Wicked ?

Avec un tel succès, Universal a désormais le choix entre capitaliser rapidement (avec des spin-offs dès 2026) ou laisser mûrir les projets pour éviter la surcharge. Plusieurs indices laissent penser que le studio optera pour une stratégie hybride :

• À court terme (2025-2026) :
  • Une réédition du film avec des scènes supplémentaires (notamment sur le passé de Fiyero).
  • Une tournée mondiale de concerts avec Ariana Grande et Cynthia Erivo, reprenant les tubes du film.
  • Un jeu mobile (style Harry Potter: Hogwarts Mystery) pour explorer Oz.
• À moyen terme (2027-2028) :
  • Un spin-off animé sur Liir, en collaboration avec DreamWorks.
  • Une série live-action sur Shiz, diffusée sur Peacock.
• À long terme (2030+) :
  • Une trilogie cinématographique adaptant les romans de Maguire, avec un focus sur la guerre d’Oz.
  • Un crossover avec Le Magicien d’Oz original, réinterprété à la manière de Maléfique (Disney).

« Nous ne voulons pas précipiter les choses », tempère Donna Langley. « Wicked est une propriété intellectuelle rare : elle a déjà une base de fans fidèle ET un public nouveau. Notre priorité est de préserver cette magie, pas de la diluer. » Une prudence qui contraste avec la frénésie habituelle d’Hollywood, où les franchises sont souvent exploitées jusqu’à l’épuisement (voir Pirates des Caraïbes ou Fast & Furious).

Reste une question : le public suivra-t-il sans Elphaba et Glinda ? Les premiers sondages (Deadline) sont encourageants : 68% des fans se disent intéressés par un spin-off sur Liir, et 55% par une préquelle sur Shiz. Mais l’enthousiasme retombe à 32% pour un projet sans les deux héroïnes. « Elles sont notre boussole », résume Stephen Schwartz. « Tant que nous les gardons au centre, même indirectement, l’univers peut s’étendre à l’infini. »