Il y a 12 jours
Xbox Game Pass Ultimate à 30$ : Un abonnement qui vaut-il encore son prix ?
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Le Game Pass Ultimate franchit la barre des 30$ mensuels – une révolution ou une erreur stratégique ?
A retenir :
- Le Xbox Game Pass Ultimate passe de 16,99$ à 29,99$/mois, soit 360$ par an – l’équivalent d’une Xbox Series S neuve.
- Les nouveaux partenariats (Ubisoft Classics, EA Play, Fortnite Crew) sont théoriquement valorisés à 264$/an, mais leurs versions Game Pass sont restreintes (pas d’éditions Premium, réductions supprimées).
- Les exclusivités Microsoft 2024 (Avowed, Doom: The Dark Ages, The Outer Worlds 2) sauvent l’attrait du service… mais leur rythme futur reste incertain après 2025.
- À 360$/an, le Game Pass dépasse de 150% le budget moyen des joueurs américains (140$/an selon Circana), le réservant aux hardcore gamers.
- Alternative : Le PlayStation Plus Extra (135$/an) ou l’achat de jeux en promo deviennent plus attractifs pour les joueurs occasionnels.
360$ par an : quand l’abonnement coûte plus cher qu’une console
Imaginez déballer une Xbox Series S flambant neuve chaque Noël, simplement pour payer votre abonnement Game Pass. C’est désormais la réalité : avec son passage à 29,99$ par mois (contre 16,99$ auparavant), le Xbox Game Pass Ultimate atteint 360$ annuels – le prix exact d’une Series S en promo. Une augmentation de 76% qui a de quoi faire grincer des dents, même parmi les fans les plus fidèles.
Microsoft justifie cette hausse par l’ajout de nouveaux partenariats, mais l’équation est-elle vraiment équitable ? Selon les calculs officiels, les services intégrés (Ubisoft Classics, EA Play, Fortnite Crew) vaudraient 264$ par an si souscrits séparément. Pourtant, comme souvent avec les bundles, le diable se cache dans les détails.
Des "avantages" qui brillent moins de près
Prenez Ubisoft Classics : via le Game Pass, vous n’aurez droit qu’aux versions Standard des jeux (comme Assassin’s Creed Valhalla sans son DLC Dawn of Ragnarök), là où l’abonnement solo Ubisoft+ offre les éditions Premium avec tous les contenus. Autre écueil : les traditionnelles réductions de 10% sur les achats Ubisoft/EA disparaissent avec cette intégration. Un comble pour un service censé faire économiser ses utilisateurs.
Quant à Fortnite Crew, ses récompenses mensuelles (skins génériques, 1 000 V-Bucks, accès au mode LEGO) valent à peine 12$ sur le marché gris, selon les trackers comme FNBR.co. "C’est surtout un argument pour attirer les jeunes joueurs, mais même eux préfèrent souvent acheter directement les skins qu’ils veulent", confie Thomas R., streamer spécialisé sur Fortnite. Microsoft mise ici sur la fidélisation passive plutôt que sur une réelle valeur ajoutée.
2024 : l’année où Microsoft joue son va-tout
Le vrai atout du Game Pass reste ses exclusivités jour-1, et 2024 s’annonce comme un cru exceptionnel :
- Avowed (Obsidian) – le "Skyrim magique" tant attendu (sortie prévue en automne)
- Doom: The Dark Ages (id Software) – un retour aux sources gothiques de la licence
- The Outer Worlds 2 (Obsidian) – la suite du RPG culte en monde ouvert
- Hollow Knight: Silksong (Team Cherry) – l’un des jeux indés les plus attendus de la décennie
Problème : cette stratégie repose sur un engagement sans faille. Selon une étude Circana (2023), 60% des joueurs américains achètent 2 jeux neufs ou moins par an. Difficile dans ces conditions de rentabiliser 360$ d’abonnement, surtout quand on sait que Microsoft n’a pas confirmé son rythme de sorties pour 2025. "Ils brûlent leurs cartouches en 2024 pour justifier la hausse, mais après ?", s’interroge Julien Chièze, journaliste chez Gamekult.
Le Game Pass devient-il un club privé ?
À 360$ par an, le Game Pass Ultimate entre en concurrence directe avec… l’achat d’une nouvelle console. Pire : il dépasse largement le budget moyen des joueurs. Selon Circana, un Américain dépense en moyenne 140$ par an en jeux vidéo (abonnements inclus). Avec cette hausse, Microsoft prend le risque de marginaliser son service, le réservant à une élite de joueurs ultra-engagés.
Les alternatives ne manquent pas :
- PlayStation Plus Extra (135$/an) : catalogue moins fourni mais avec des exclusivités Sony comme Spider-Man 2 ou Final Fantasy XVI.
- Achat de jeux en promo : Avec les soldes permanentes sur le Microsoft Store (jusqu’à -70%), un joueur occasionnel peut s’offrir 5-6 titres AAA par an pour le même budget.
- Game Pass Standard (14,99$/mois) : La version sans multi/EA Ubisoft, bien plus abordable pour les solitaires.
"Le Game Pass était une révolution car il démocratisait l’accès aux jeux, explique Marie-Louise P., économiste spécialisée dans le jeu vidéo. Là, on bascule dans une logique de club premium, ce qui va à l’encontre de l’ADN historique de Xbox."
Derrière la hausse : une stratégie à haut risque
Cette augmentation s’inscrit dans une stratégie globale de recentrage chez Microsoft. Après l’acquisition d’Activision-Blizzard (69 milliards de dollars), le géant cherche à rentabiliser ses investissements. "Le Game Pass était sous-tarifié depuis des années, analyse Daniel Ahmad, analyste chez Niko Partners. Mais corriger le tir aussi brutalement, c’est jouer avec le feu."
Preuve de cette tension : les réseaux sociaux s’embrasent. Le hashtag #GamePassTooExpensive a généré plus de 50 000 posts en 48h, avec des témoignages comme celui de @XboxFanSince01 : "J’ai annulé mon abonnement après 5 ans. À ce prix, je préfère attendre les soldes et garder 200$ pour m’acheter une PS5."
Microsoft tente de désamorcer la crise en mettant en avant :
- Un gel des prix jusqu’en 2025 pour les abonnés actuels (via une offre de fidélité).
- L’arrivée prochaîne de Call of Duty: Black Ops 6 dans le Game Pass dès sa sortie (octobre 2024).
- Des bonus exclusifs pour les membres Ultimate (accès anticipé aux bêtas, contenus cosmétiques).
Suffisant pour convaincre ? "Seuls les joueurs qui passent plus de 10h/semaine sur leur Xbox y trouveront leur compte, estime Paul Tassi, contributeur pour Forbes. Les autres vont faire le calcul… et partir."
Le paradoxe du "Netflix du jeu vidéo"
À sa création en 2017, le Game Pass était présenté comme le "Netflix du jeu vidéo" – un accès illimité à un catalogue géant pour un prix modique. Mais contrairement à Netflix, Microsoft doit payer des royalties aux éditeurs tiers pour chaque heure jouée, un modèle économiquement insoutenable à long terme sans augmentation.
"Le problème, c’est que les joueurs ne consomment pas les jeux comme des séries, explique Serge Hascoët, ancien directeur créatif chez Ubisoft. On ne 'regarde' pas un jeu en 2h avant de passer à autre chose. Un RPG comme Starfield demande 100h d’investissement. Résultat : le coût par heure de jeu explose pour Microsoft."
La comparaison avec Netflix s’arrête là : quand le géant du streaming peut se permettre de perdre de l’argent pendant des années pour dominer le marché, Microsoft doit justifier ses dépenses auprès de ses actionnaires. D’où cette hausse brutale, qui sonne comme un aveu d’échec du modèle initial.
Pour les joueurs occasionnels, le calcul est simple : mieux vaut opter pour le Game Pass Standard (180$/an) ou se tourner vers la concurrence. Quant aux hardcore gamers, ils devront désormais choisir leurs batailles – car à ce prix, chaque mois d’abonnement se transforme en un investissement, bien loin de l’insouciance des débuts.

