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Xbox : Sarah Bond enterre les exclusivités, une révolution ou un pari risqué ?
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En 2025, Xbox tourne résolument le dos aux exclusivités, une stratégie jugée "antiquée" par Sarah Bond. Entre l’arrivée potentielle de Starfield sur PS5 en 2026, le lancement du Rogue Ally X (terminal hybride ultra-performant) et une politique d’ouverture sélective, Microsoft mise sur la flexibilité pour séduire les joueurs. Pourtant, face à un Nintendo toujours triomphant avec ses exclusivités (+200M de Switch) et un Sony observateur, cette approche soulève une question brûlante : l’ère des écosystèmes fermés est-elle vraiment révolue, ou Xbox joue-t-elle avec le feu ?
A retenir :
- Sarah Bond (Xbox) qualifie les exclusivités de "modèle dépassé" en 2025, une déclaration qui marque un tournant stratégique pour Microsoft.
- Starfield sur PS5 en 2026 ? Ce RPG spatial, symbole du Game Pass, pourrait devenir le premier blockbuster Xbox à franchir officiellement la barrière PlayStation – un test grandeur nature.
- Rogue Ally X : avec son écran AMOLED 7" 120 Hz et son Ryzen Z1 Extreme, ce terminal hybride incarne la philosophie "sans frontières" de Xbox, entre cloud, PC et consoles.
- Stratégie à deux vitesses : Microsoft ouvre certaines licences (Starfield, Helldivers 2 sur Xbox) tout en gardant des exclusifs (Avowed, Fable) pour le Game Pass.
- Nintendo résiste : avec +200 millions de Switch vendues, la firme prouve que les exclusivités restent un modèle viable, à contre-courant de l’industrie.
- Le paradoxe du joueur : liberté accrue vs. attachement aux écosystèmes – entre abonnements (Game Pass) et achats à la carte.
2025 : l’année où Xbox a enterré les exclusivités
"Les exclusivités, c’est antiqué." La phrase de Sarah Bond, présidente d’Xbox, a fait l’effet d’une bombe lors de sa déclaration en mars 2025. Un aveu surprenant pour une industrie qui, depuis des décennies, misait sur des titres réservés à une seule plateforme pour vendre ses consoles. Pourtant, les signes avant-coureurs étaient là : Helldivers 2, exclusif Sony à sa sortie, débarque sur Xbox en 2024 ; Starfield, fleuron du Game Pass, est annoncé pour une sortie PS5 en 2026 ; même Call of Duty, autrefois inféodé à PlayStation, devient un symbole de l’ère multiplateforme.
Mais pourquoi un tel revirement ? La réponse tient en trois mots : communauté, rentabilité, cloud. Comme l’explique Bond, "les joueurs veulent jouer avec leurs amis, peu importe la plateforme. Les restreindre à un écosystème, c’est comme leur dire de changer de réseau social pour discuter." Une métaphore frappante, surtout quand on sait que Fortnite (500M de joueurs) ou Minecraft (300M) doivent leur succès à leur accessibilité tous supports confondus. Pourtant, un doute persiste : si l’ouverture élargit l’audience, ne risque-t-elle pas de diluer l’identité Xbox ?
À titre de comparaison, Nintendo affiche un sourire en coin. Avec 203 millions de Switch vendues (chiffres 2024) et des licences comme Zelda ou Mario strictement verrouillées, la firme japonaise prouve que l’exclusivité n’est pas un vestige du passé, mais un levier commercial redoutable. "Nos joueurs achètent une Switch pour nos jeux, pas l’inverse", résumait Shuntaro Furukawa, PDG de Nintendo, en 2023. Un modèle que même Sony, pourtant adepte des exclusivités, commence à remettre en question avec des ports PC de plus en plus rapides (God of War Ragnarök en 2024, The Last of Us Part I en 2023).
Starfield sur PS5 : le coup de poker de Microsoft
Imaginons la scène : 2026, un joueur allume sa PS5 et lance Starfield. Ce scénario, impensable il y a cinq ans, pourrait bien devenir réalité. Après des mois de rumeurs, des sources proches de Microsoft (via Windows Central) confirment que le RPG spatial de Bethesda est en cours de portage sur PlayStation. Un choix audacieux, quand on sait que le jeu a déjà séduit 25 millions de joueurs sur Xbox et PC depuis son lancement en 2023.
Pourquoi prendre un tel risque ? Parce que Starfield est un cobaye idéal :
- Un jeu "service" : avec ses mises à jour régulières et son contenu généré par l’IA (via les outils Bethesda), il a besoin d’une base de joueurs la plus large possible.
- Un test marché : si les ventes PS5 explosent, Microsoft validera sa stratégie d’ouverture. Sinon, la firme pourra toujours invoquer "l’ADN Xbox" du titre pour justifier un échec.
- Un coup de pression sur Sony : après avoir accueilli Helldivers 2 sur Xbox, PlayStation se doit de rendre la pareille… ou de passer pour le "méchant" de l’histoire.
Mais l’opération n’est pas sans dangers. Certains fans historiques d’Xbox, comme @XboxEra sur Twitter (120K abonnés), s’inquiètent : "Si Starfield perd son exclusivité, qu’est-ce qui justifie encore d’acheter une Series X ? Le Game Pass ?" Une question qui fait écho aux craintes des développeurs. Todd Howard (Bethesda) a d’ailleurs nuancé : "Starfield a été conçu pour Xbox. Le porter ailleurs, c’est comme traduire un roman – on perd toujours un peu de l’âme originale." Un aveu qui en dit long sur les défis techniques et créatifs de cette transition.
Rogue Ally X : le cheval de Troie de la stratégie "sans frontières"
Si les discours de Sarah Bond résonnent comme une révolution, c’est parce qu’ils s’incarnent dans des produits concrets. Preuve en est : le Rogue Ally X, annoncé en juin 2025. Ce terminal hybride, fruit d’un partenariat entre Xbox et ASUS ROG, est une déclaration de guerre aux écosystèmes fermés. Ses spécifications parlent d’elles-mêmes :
- Écran AMOLED 7 pouces (1080p, 120 Hz, HDR10+) pour une qualité visuelle proche des consoles next-gen.
- Puce AMD Ryzen Z1 Extreme (8 cœurs, RDNA 3) : une puissance brute capable de faire tourner Starfield en 1080p/60 FPS en mode portable.
- Compatibilité totale avec le cloud (xCloud), le PC (via Windows 11) et les consoles Xbox traditionnelles.
- Prix agressif : 599€, soit 100€ de moins que la Steam Deck OLED (699€), son principale concurrente.
Mais le vrai atout du Rogue Ally X, c’est sa philosophie : "Un seul appareil pour tous vos jeux, où que vous soyez", comme le martèle la campagne marketing. Une promesse qui séduit déjà les early adopters. Lors de sa précommande, le terminal a pulvérisé les records de Xbox avec 500 000 unités réservées en 48h (source : NPD Group). Pourtant, des voix dissonantes s’élèvent. Jim Ryan, ex-PDG de PlayStation, a ironisé : "Microsoft vend du rêve, mais les joueurs veulent des jeux, pas des machines à tout faire. Regardez la Wii U…" Une pique qui rappelle que l’histoire du gaming est jonchée d’appareils "révolutionnaires" devenus des flops (oublions Ouya, Stadia, ou même la Virtual Boy de Nintendo).
Pourtant, le Rogue Ally X a un atout majeur : il s’inscrit dans l’écosystème Game Pass Ultimate. Avec 400+ jeux inclus dès le premier jour, dont des exclusivités temporaires comme Forza Horizon 6 (2025), Microsoft mise sur l’effet "tout-en-un". "Pour 16,99€/mois, vous avez une console portable + une bibliothèque de jeux + le cloud. Qui peut rivaliser ?", interroge Phil Spencer, patron d’Xbox, lors d’une interview à IGN.
Derrière la stratégie : une guerre économique et culturelle
L’abandon (partiel) des exclusivités par Xbox n’est pas qu’une question de philosophie – c’est une manœuvre économique calculée. En 2024, Microsoft a dépensé 68,7 milliards de dollars pour racheter Activision Blizzard, un investissement colossal qui ne sera rentable que si Call of Duty, Diablo ou Overwatch touchent le maximum de joueurs. Dans ce contexte, verrouiller ces licences sur Xbox reviendrait à brûler de l’argent.
Mais il y a plus : une guerre culturelle se joue entre les géants du gaming. D’un côté, Sony et Nintendo défendent l’idée que "les jeux définissent les consoles". De l’autre, Microsoft et Valve (avec Steam) misent sur la "liberté du joueur". Deux visions irréconciliables ? Pas forcément. Comme le note Serge Hascoët, ex-directeur créatif d’Ubisoft : "L’industrie est en train de se scinder en deux : ceux qui vendent du hardware (Nintendo, Sony) et ceux qui vendent des services (Microsoft, Google Stadia avant sa mort). Les premiers misent sur l’émotion, les seconds sur la commodité."
Pourtant, même chez Xbox, on temporise. Avowed (le "Skyrim made by Obsidian") et Fable (le reboot tant attendu) restent exclusifs… pour l’instant. "Certains jeux sont indissociables de notre écosystème", justifie Sarah Bond. Une position qui rappelle étrangement celle de Sony en 2018, quand la PS4 dominait le marché. Ironie de l’histoire : aujourd’hui, c’est PlayStation qui doit s’adapter, avec des exclusivités comme Spider-Man 2 (2023) qui mettent 3 ans à arriver sur PC.
Alors, qui a raison ? Les chiffres trancheront. En 2025, le Game Pass compte 35 millions d’abonnés (contre 25M en 2022), tandis que les ventes de PS5 stagnent à 50 millions d’unités (source : Sony IR). Pourtant, un détail intrigue : malgré l’ouverture d’Xbox, 70% des joueurs de Starfield sont toujours sur Xbox (chiffres Bethesda 2024). Preuve que l’attachement à une plateforme ne se décrète pas – il se vit.
Et si les joueurs avaient le dernier mot ?
Au-delà des stratégies et des chiffres, une question persiste : que veulent vraiment les joueurs ? Les réactions sur les réseaux sont partagées :
- Les "pro-ouverture" : "Enfin ! Je pourrai jouer à Halo avec mon pote sur PS5 sans racheter une console." (@GamerDad42, Reddit).
- Les puristes : "Si Starfield sort sur PS5, à quoi bon avoir une Series X ? Next-gen my ass." (@XboxFanSince98, Twitter).
- Les sceptiques : "Microsoft va juste diluer ses licences pour maximiser ses profits. Regardez ce qu’ils ont fait à Minecraft…" (@IndieDevGirl, Bluesky).
Un sondage GameSpot (2025) révèle que 62% des joueurs veulent plus de jeux multiplateformes, mais 45% avouent rester fidèles à leur écosystème principal par habitude. Un paradoxe qui explique pourquoi Nintendo continue de cartonner : ses joueurs ne veulent pas de liberté – ils veulent des expériences uniques.
Face à cette fragmentation, Xbox mise sur un argument imparable : le Game Pass. Avec son modèle "Netflix du jeu vidéo", Microsoft transforme la question "Sur quelle console jouer ?" en "À quel service s’abonner ?". Une approche qui séduit les casual gamers, mais laisse les hardcore players sur leur faim. Comme le résume Angela, 28 ans, joueuse depuis 15 ans : "J’adore l’idée de jouer à tout, partout… mais au fond, ce que je veux, c’est qu’un jeu me fasse vibrer. Peu importe la plateforme."
En 2025, une chose est sûre : l’ère des exclusivités absolues est terminée. Mais leur disparition totale ? Rien n’est moins sûr. Comme dans toute révolution, il y aura des gagnants (les joueurs occasionnels, les services cloud) et des perdants (les fans inconditionnels, les petits studios dépendants des exclusivités). Quant à savoir si Xbox a raison de parier sur l’ouverture, la réponse viendra des chiffres… et des cœurs des joueurs.

