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Baby Steps : Quand Devolver Digital transforme la marche en chaos hilarant
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Il y a 15 jours

Baby Steps : Quand Devolver Digital transforme la marche en chaos hilarant

Un stream qui défie les attentes, un jeu qui célèbre l'absurdité

Avec Baby Steps, Devolver Digital signe une campagne marketing aussi audacieuse que le jeu lui-même. Entre paysages bucoliques et chutes grotesques de Nate – ce bébé géant aux allures de colosse maladroit –, le stream promotionnel incarne l'ADN déjanté du titre. Disponible sur PC, PS5 et compatible Steam Deck, ce walking simulator assumé joue la carte de la physique chaotique et des contrôles contre-intuitifs, hérités de QWOP. Résultat : une expérience à la fois exaspérante et jubilatoire, où chaque pas peut se transformer en cascade de ragdolls dignes des pires fails de Gang Beasts. Avec une note Metacritic de 78 et un classement ESRB aussi surprenant que son héros, Baby Steps s'impose comme une curiosité indépendante à part, entre humour noir et game design subversif.

A retenir :

  • Un stream promotionnel génialement absurde : paysages relaxants sabotés par les chutes répétées de Nate, toutes les 10 à 20 minutes, pour un effet comique garanti.
  • Des clés de jeu cachées en direct : Devolver Digital récompense les spectateurs attentifs avec des exemplaires gratuits, transformant le live en chasse au trésor.
  • Un gameplay héritier de QWOP : contrôles indépendants pour chaque jambe, pentes traître et physique imprévisible pour des ragdolls aussi spectaculaires qu’incontrôlables.
  • Disponible sur PC, PS5 et Steam Deck, avec un classement ESRB qui assume son absurdité ("hybrides homme-âne aux organes exposés").
  • Une note Metacritic de 78 et des avis partagés : entre frustration pure et fou rires ininterrompus, le jeu divise… mais marque les esprits.

Quand la contemplation rencontre le chaos : le stream qui résume Baby Steps

Imaginez un live sur Twitch où défilent des forêts luxuriantes, des cascades apaisantes, et une bande-son ambiante digne des meilleurs lo-fi beats. Puis, sans crier gare, un géant aux proportions de bébé s’écrase dans le décor, déclenchant un tremblement de terre visuel. Bienvenue dans l’univers de Baby Steps, où Devolver Digital a réussi l’exploit de condenser l’essence du jeu en une seule séquence : la beauté de la nature, brutalement interrompue par l’absurdité.

Ce stream promotionnel, diffusé en boucle sur les plateformes de l’éditeur, n’est pas qu’un coup marketing. C’est une métaphore parfaite du titre : une apparence paisible (un walking simulator dans une montagne idyllique) qui cache un gameplay aussi imprévisible qu’hilarant. Les chutes de Nate, le protagoniste, surviennent toutes les 10 à 20 minutes, selon un timer aléatoire. Assez pour installer une tension comique, entre l’attente du prochain fail et la contemplation des paysages. "C’est comme regarder un documentaire sur la méditation… jusqu’à ce qu’un éléphant tombe du ciel", résume un spectateur sur Reddit.

Mais le génie de Devolver ne s’arrête pas là. Entre deux apparitions fracassantes de Nate, des clés de jeu défilent discrètement à l’écran. Une manière malicieuse de récompenser ceux qui osent rester devant ce spectacle soi-disant relaxant. Résultat : des milliers de joueurs ont pu tester Baby Steps gratuitement, tout en alimentant le buzz autour d’un titre qui, sur le papier, aurait pu passer inaperçu.


Nate, le héros (involontaire) d’une simulation de marche déjantée

Si le stream est une réussite, le jeu lui-même est une ode à l’échec spectaculaire. Nate, ce comically proportioned man-baby (pour reprendre la description officielle), doit gravir une "montagne à l’échelle d’une montagne" – une formule absurde qui résume à elle seule l’ambition du titre. Mais voici le piège : chaque pas est une épreuve. Les contrôles, inspirés de QWOP (ce jeu culte où il fallait faire courir un athlète en pilotant chaque muscle séparément), exigent de gérer indépendamment chaque jambe via des touches directionnelles distinctes. Ajoutez à cela un système d’équilibre approximatif, des pentes glissantes, et des rochers instables, et vous obtenez une recette infaillible pour le désastre.

Contrairement à des titres comme The Climb (où la précision est reine) ou A Short Hike (où la progression est fluide et apaisante), Baby Steps célèbre l’imperfection. Ici, ragdolls, chutes en cascade et cris de Nate (un mélange de grognements et de pleurs) deviennent la norme. "C’est comme essayer de marcher après une nuit blanche… mais en pire", confie un joueur sur Steam. Certains y voient une métaphore de la vie (on avance péniblement, malgré les obstacles), d’autres un exutoire comique pour évacuer le stress. Qu’importe : le jeu assume son côté low-stakes mais high-chaos.

Techniquement, Baby Steps repose sur une physique exagérée, où chaque collision, chaque déséquilibre, est poussé à l’extrême pour un effet maximal. Les développeurs, fans assumés de Human: Fall Flat et de Gang Beasts, ont d’ailleurs glissé des clins d’œil à ces titres, comme ces moments où Nate s’accroche désespérément à un rocher… avant de dévaler la pente en hurlant. "On voulait que les joueurs rient de leurs échecs, pas qu’ils ragequitent", explique l’un des créateurs dans une interview à PC Gamer.


"Hybrides homme-âne aux organes exposés" : quand l’ESRB résume l’esprit du jeu

Si Baby Steps se distingue, c’est aussi grâce à son ton décomplexé, assumé jusqu’au bout – y compris dans son classement ESRB. La fiche du jeu mentionne en effet des "hybrides homme-âne aux organes génitaux masculins exposés", une description qui a fait le tour des réseaux sociaux. "Seul Devolver Digital pourrait transformer une simple ascension en prétexte pour une telle absurdité", note un critique sur Kotaku.

Cette touche grivoise et surréaliste n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans la lignée des titres de l’éditeur, connu pour ses jeux politiquement incorrects mais intelligemment écrits, comme The Red Strings Club ou Hatoful Boyfriend. Ici, l’humour noir et les situations grotesques servent un propos : détourner les codes du jeu vidéo pour en révéler l’absurdité. Même la bande-son, alternant entre mélodies relaxantes et bruits de chutes sourds, participe à cette dualité.

Sur PlayStation 5 et PC (avec une compatibilité Steam Deck vérifiée), le jeu tire parti des capacités des machines pour afficher des paysages détaillés… que le joueur aura bien du mal à admirer, trop occupé à éviter de s’étaler. Les performances sont stables, même lors des séquences les plus chaotiques, preuve que le moteur physique a été optimisé pour le borderline controlled chaos.


Marketing, critiques et joueurs : un trio qui divise (mais qui parle)

Avec une note Metacritic de 78 (version PC), Baby Steps ne fait pas l’unanimité, mais c’est précisément ce qui en fait un titre marquant. Les avis des joueurs oscillent entre :

  • "Le jeu le plus frustrant que j’aie jamais aimé" (note : 10/10 sur Steam).
  • "Une blague qui dure trop longtemps… mais une blague géniale" (note : 6/10 sur Metacritic).
  • "Devolver a encore réussi à me faire payer pour me moquer de moi-même" (commentaire Reddit).

Les critiques soulignent surtout l’audace du concept, même si certains regrettent un manque de variété dans les mécaniques. "Après une heure, on a fait le tour des possibilités… mais quelle heure !", écrit Eurogamer. D’autres, comme IGN, saluent la cohérence entre le stream et le jeu : "Devolver a créé une boucle marketing parfaite : le live donne envie de jouer, et le jeu justifie l’absurdité du live."

Côté stratégie commerciale, la campagne de Baby Steps rappelle celle d’Untitled Goose Game (2019), où l’humour et le décalage avaient propulsé un jeu niche au rang de phénomène culturel. Ici, l’éditeur mise sur l’effet de surprise et sur une communauté active (les clés gratuites ont été partagées massivement sur Discord et Twitter). Reste à voir si Baby Steps parviendra à maintenir son élan, surtout avec la sortie prochaine d’Anger Foot, un autre titre Devolver où… on joue avec un pied géant. "Ils ont trouvé leur filon : vendre du chaos avec élégance", résume un observateur.


Derrière le rire, une réflexion sur le game design "échec-friendly"

Au-delà de l’humour, Baby Steps pose une question intéressante : et si le jeu vidéo célébrait l’échec plutôt que la maîtrise ? Dans un paysage où les roguelikes et les souls dominent, le titre de Devolver Digital propose une alternative radicale : un espace où l’on rit de ses propres limites.

Cette philosophie n’est pas nouvelle. Des jeux comme Getting Over It (un autre titre Devolver) ou Octodad avaient déjà exploré cette voie. Mais Baby Steps pousse le concept plus loin en intégrant le joueur dans la blague : les chutes ne sont pas des game overs, mais des moments de gloire. "Le jour où j’ai réussi à faire 10 pas sans tomber, j’ai cru à un bug", avoue un streamer sur Twitch.

Pour les développeurs, l’enjeu était de trouver le bon équilibre entre frustration et plaisir. "On ne voulait pas d’un jeu sadique, mais d’une expérience où l’échec devient une anecdote à raconter", explique l’un d’eux. Mission accomplie : les forums regorgent de captures d’écran de Nate dans des positions improbables, accompagnées de légendes du type "Mon record personnel : 3 secondes de marche droite".

Baby Steps est bien plus qu’un simple walking simulator raté. C’est une expérience – à la fois marketing, gameplay et culturelle – qui prouve que Devolver Digital reste un maître dans l’art de bousculer les codes. Entre un stream promotionnel génialement absurde, des mécaniques qui transforment chaque pas en aventure, et un ton qui oscille entre humour noir et autodérision, le jeu s’impose comme une curiosité indispensable pour les amateurs de titres décalés.

Reste une question : jusqu’où l’éditeur peut-il pousser le concept ? Avec Anger Foot à l’horizon, une chose est sûre : Devolver a trouvé sa recette, et elle repose sur un ingrédient simple, mais redoutable : l’audace de rire de tout, y compris de nous-mêmes.

L'Avis de la rédaction
Par Celtic
"Baby Steps" est un jeu qui célèbre l'échec avec une élégance déconcertante. Devolver Digital a réussi à transformer une simple ascension en un spectacle grotesque et hilarant. Nate, ce "man-baby" comiquement proportionné, devient le héros involontaire d'une simulation de marche déjantée. Chaque pas est une épreuve, chaque chute une leçon. Le jeu assume son côté "low-stakes mais high-chaos", et c'est précisément ce qui le rend unique. Les développeurs ont poussé la physique à l'extrême pour un effet maximal, et le résultat est un titre qui divise mais qui parle. "Baby Steps" est une ode à l'échec spectaculaire, et c'est exactement ce dont le jeu vidéo avait besoin.

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic