Il y a 22 jours
Borderlands 4 : Quand Randy Pitchford défie les joueurs "4K têtus" et relance le débat sur l'optimisation PC
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Un AAA en crise d'optimisation
La sortie de Borderlands 4 a viré au clash technique : malgré des promesses visuelles ambitieuses, le jeu peine à tenir ses performances, même sur du matériel haut de gamme. Randy Pitchford, PDG de Gearbox, a enflammé les débats en qualifiant les joueurs exigeants de *"4K têtus"*, tout en défendant un choix technique qui divise. Entre benchmarks décevants, solutions de contournement artisanales et moddeurs à la rescousse, le titre interroge : et si l'Unreal Engine 5 poussait les développeurs à sacrifier la fluidité sur l'autel du réalisme ?
A retenir :
- Borderlands 4 accumule les critiques pour ses problèmes de performances (chutes de FPS, bugs) malgré un Unreal Engine 5 censé représenter le fer de lance technologique de 2025.
- Randy Pitchford (Gearbox) crée la polémique en traitant les joueurs de *"4K stubborn"*, estimant que leurs configurations sont inadaptées à un jeu *"premium pour des joueurs premium"*.
- Les benchmarks de PC Gamer et Digital Foundry révèlent des performances instables même sur RTX 4090 et RX 7900 XTX, avec des FPS en dessous des 60 en 4K natif.
- Absence de profils d'optimisation prédéfinis : contrairement à Cyberpunk 2077, les joueurs doivent bricoler les settings (DLSS, motion blur, ombres) pour gagner en fluidité.
- Les moddeurs prennent le relais avec des correctifs non officiels, améliorant les FPS de 15 à 30% en désactivant des effets gourmands comme le volumetric fog.
- Comparaison accablante avec des titres comme Starfield ou Alan Wake 2 : Borderlands 4 semble moins bien optimisé malgré des outils comme le DLSS 3.5.
- Un débat plus large émerge : jusqu'où les développeurs peuvent-ils pousser les exigences matérielles au nom du progrès graphique, sans aliéner une partie de leur audience ?
"Un jeu premium pour des joueurs premium" : quand l'arrogance technique de Gearbox rencontre la réalité des joueurs
Imaginez la scène : vous venez de déballer votre exemplaire de Borderlands 4, impatient de plonger dans les nouvelles planètes de Pandore. Votre PC, pourtant équipé d'une RTX 4080 et d'un Ryzen 9 7950X3D, peine à maintenir 60 FPS en 4K. Vous consultez les forums, et là, surprise : le PDG de Gearbox, Randy Pitchford, vous qualifie de *"4K têtu"* sur X (ex-Twitter), sous-entendant que votre matériel – pourtant haut de gamme – n'est tout simplement *"pas à la hauteur"*. Le ton est donné.
Depuis sa sortie le 10 octobre 2025, Borderlands 4 est au cœur d'une tempête technique. Les joueurs rapportent en masse des chutes de FPS, des micro-freezes et des bugs graphiques, même sur des configurations censées écraser le jeu. Pire : les avis Steam s'accumulent, avec une note *"Majoritairement négative"* en moins de 48h. Face à ce tollé, Pitchford a choisi une stratégie pour le moins risquée : remettre la faute sur les joueurs. *"Borderlands 4 est conçu pour des joueurs premium avec du matériel premium"*, a-t-il déclaré, avant d'ajouter que *"vouloir du 4K natif sur une carte de 2020, c'est comme exiger qu'une 2CV roule à 200 km/h"*.
Une comparaison qui fait grincer des dents, surtout quand on découvre les benchmarks publiés par Digital Foundry :
- Une RTX 4090 (la carte la plus puissante du marché en 2025) oscille entre 55 et 60 FPS en 4K natif, avec des creux à 45 FPS dans les zones densément peuplées.
- Une RX 7900 XTX (son équivalent AMD) chute sous les 50 FPS en Ultra, malgré un prix dépassant les 1000€.
- Même en 1440p, des configurations comme une RTX 3080 + i7-12700K (pourtant au-dessus des recommandations officielles) subissent des stutterings réguliers.
Pourtant, le problème ne se limite pas aux *"vieilles"* cartes. Des joueurs avec des RTX 4070 Ti ou des RX 7800 XT (sorties en 2023-2024) rapportent des performances inférieures à celles de Borderlands 3 en 2019. Un comble pour un jeu qui se targue d'utiliser l'Unreal Engine 5 et ses technologies phares comme le Lumen (éclairage global dynamique) ou le Nanite (géométrie virtuelle).
Gearbox a réagi en publiant un guide d'optimisation sur Steam, recommandant :
- L'activation du DLSS 3.5 (ou du FSR 3 pour les cartes AMD).
- La désactivation du motion blur et la réduction des ombres.
- La limitation des effets de destruction dynamique, pourtant mis en avant dans les bandes-annonces.
Unreal Engine 5 : révolution graphique ou cauchemar d'optimisation ?
Le vrai débat dépasse Borderlands 4 : c'est toute la philosophie de l'Unreal Engine 5 qui est remise en question. Ce moteur, utilisé par des titres comme Fortnite, The Matrix Awakens ou Black Myth: Wukong, promet des mondes ouverts ultra-détaillés et des effets visuels révolutionnaires. Mais à quel prix ?
Les tests de Digital Foundry révèlent que :
- Le système Lumen (éclairage global) peut consommer jusqu'à 30% des ressources GPU dans certaines scènes.
- Le volumetric fog (brouillard dynamique) et les particules destructibles ajoutent 15 à 20% de charge supplémentaire.
- Le Nanite, censé optimiser le rendu des détails, surcharge le CPU sur les configurations milieu de gamme.
Résultat : Borderlands 4 se retrouve dans une situation ubuesque. D'un côté, Gearbox vante une *"expérience next-gen"* avec des environnements ultra-détaillés et des effets de destruction spectaculaires. De l'autre, les joueurs doivent désactiver ces mêmes effets pour espérer une fluidité acceptable. *"C'est comme acheter une Ferrari et devoir rouler en troisième vitesse pour éviter la surchauffe"*, résume un utilisateur sur Reddit.
À titre de comparaison, des jeux comme :
- Alan Wake 2 (Remedy) : utilise l'UE5 mais propose des présets équilibrés et un DLSS 3 bien intégré, permettant du 4K fluide sur une RTX 4080.
- Starfield (Bethesda) : malgré des critiques sur son optimisation, offre des options de scalabilité plus claires pour adapter les performances.
- Cyberpunk 2077 (CD Projekt Red) : après son lancement catastrophique, a été complètement repensé avec des patchs et des modes performance/ray tracing distincts.
Le problème de Borderlands 4 ? L'absence de profils d'optimisation adaptés. Contrairement à Cyberpunk, qui propose des réglages prédéfinis pour le DLSS ou le FSR en fonction de la carte graphique, Gearbox laisse les joueurs dans le flou. *"On dirait qu'ils ont développé le jeu pour une RTX 5090 qui n'existe pas encore"*, ironise un testeur de PC Gamer.
Les moddeurs à la rescousse : quand la communauté fait le travail de Gearbox
Face à l'inaction (relative) de Gearbox, les moddeurs ont pris les choses en main. Sur Nexus Mods, plusieurs correctifs non officiels ont émergé en moins d'une semaine :
- "Borderlands 4 Performance Fix" : désactive certains effets de global illumination et de volumetric fog, gagnant 15 à 30 FPS en 1440p sur une RTX 3070.
- "Ultra to High Preset Converter" : réduit automatiquement les paramètres les plus gourmands (ombres, réflexions) sans toucher aux textures.
- "DLSS Auto-Injector" : force l'activation du DLSS même sur les cartes non officiellement supportées (comme certaines RTX 20 series).
Ces initiatives soulignent un paradoxe criant : alors que Pitchford défend un jeu *"pour joueurs premium"*, c'est la communauté qui doit pallier les lacunes techniques. *"On paie 70€ pour un jeu AAA, et on doit installer des mods pour qu'il tourne correctement ? Sérieusement ?"*, s'indigne un joueur sur les forums Steam.
L'histoire se répète : en 2019, Borderlands 3 avait connu des problèmes similaires, avec des bugs de synchronisation et des problèmes de netcode en multijoueur. Gearbox avait mis trois mois à sortir un patch majeur. Cette fois, les joueurs espèrent une réaction plus rapide... mais les précédents ne sont pas rassurants.
Pourtant, des solutions existent. Digital Foundry a démontré que :
- En désactivant le motion blur et en passant les ombres en "High" (au lieu d'"Ultra"), une RTX 3080 gagne 20 FPS en 1440p.
- Le DLSS 3.5 (avec génération de frames) peut doubler les performances sur les cartes NVIDIA récentes, mais Gearbox n'a pas activé cette option par défaut.
- Certains effets comme les reflets en temps réel pourraient être précalculés pour réduire la charge GPU, sans perte visible de qualité.
*"Borderlands 4 est un cas d'école de ce qui ne va pas dans l'industrie du jeu vidéo AAA en 2025"*, analyse un rédacteur de PC Gamer. *"On nous vend des moteurs graphiques toujours plus gourmands, mais sans l'optimisation qui va avec. Résultat : soit tu as une config monstrueuse, soit tu passes ton temps à bidouiller les paramètres."*
Le vrai problème : un décalage entre ambitions techniques et réalité du marché
Au-delà des polémiques, Borderlands 4 révèle un décalage croissant entre les ambitions des développeurs et la réalité du parc matériel des joueurs. Selon une étude Steam Hardware Survey (septembre 2025) :
- Seulement 12,8% des joueurs PC ont une carte graphique RTX 40 series ou RX 7000 series.
- 34,5% utilisent encore des cartes GTX 10 series ou RTX 20 series (sorties entre 2016 et 2019).
- Le 1440p reste la résolution la plus populaire (42%), devant le 1080p (38%) et le 4K (20%).
Des chiffres qui contrastent avec les déclarations de Pitchford. *"Dire que les joueurs doivent mettre à niveau leur matériel, c'est ignorer que la majorité des gens ne peuvent (ou ne veulent) pas dépenser 1500€ en GPU tous les 2 ans"*, souligne un analyste de Jon Peddie Research.
Le pire ? Borderlands 4 n'est pas un cas isolé. En 2025, plusieurs AAA ont souffert de problèmes similaires :
- The Day Before (sorti en janvier) : annulé après des accusations de fausses démos et une optimisation désastreuse.
- Skull and Bones (Ubisoft) : critiqué pour ses serveurs instables et ses exigences matérielles excessives.
- Redfall (Arkane) : patché pendant des mois pour atteindre une fluidité acceptable.
Alors, Borderlands 4 est-il vraiment *"un jeu premium pour des joueurs premium"*... ou simplement le symptôme d'une industrie qui perd de vue ses joueurs ? Une chose est sûre : entre les promesses marketing de l'Unreal Engine 5 et la réalité technique, le fossé n'a jamais semblé aussi large.
Que faire en attendant un patch ? Nos recommandations pour optimiser Borderlands 4
Si vous avez déjà acheté Borderlands 4 et que vous rencontrez des problèmes de performances, voici les meilleurs réglages à ajuster en attendant une mise à jour officielle :
- Activez le DLSS/FSR : Même en mode "Qualité", cela peut améliorer les FPS de 30 à 50%.
- Désactivez le motion blur : Gain immédiat de 5 à 10 FPS sans perte de lisibilité.
- Passez les ombres en "High" : Le réglage "Ultra" ajoute très peu de détails mais consomme 20% de GPU en plus.
- Limitez les effets de destruction : Réduisez le paramètre "Débris dynamiques" à "Moyen".
- Utilisez un mod : Le "Borderlands 4 Performance Fix" sur Nexus Mods est le plus efficace à ce jour.
Pour les possesseurs de cartes NVIDIA :
- Activez le DLSS 3.5 avec génération de frames (si disponible).
- Utilisez le filtre NIS (dans les paramètres NVIDIA) pour adoucir l'image en 1440p.
- Mettez à jour vos pilotes GeForce (version https://550.XX ou supérieure recommandée).
Pour les utilisateurs AMD :
- Privilégiez le FSR 3 en mode "Performance".
- Activez le Radeon Super Resolution dans les paramètres AMD.
- Désactivez le "TressFX" (effets de cheveux) si présent, très gourmand en ressources.
Enfin, si rien ne fonctionne, une solution radicale (mais efficace) : jouez en 1080p avec reconstruction d'image. Avec le DLSS/FSR, la différence visuelle est minime, mais le gain de performances peut atteindre 60 à 80%.
Entre défis techniques mal maîtrisés et communication agressive, Borderlands 4 s'inscrit dans une tendance inquiétante : celle des AAA qui sacrifient l'accessibilité sur l'autel du réalisme. Randy Pitchford a peut-être raison sur un point : l'Unreal Engine 5 repousse les limites du possible. Mais à quel coût pour les joueurs ?
Alors que les moddeurs prouvent qu'une optimisation intelligente est possible (sans sacrifier la qualité visuelle), Gearbox se retrouve face à un choix : écouter sa communauté et corriger rapidement ces problèmes, ou persister dans une approche élitiste qui risque d'aliéner une grande partie de son public. Une chose est sûre : en 2025, un jeu à 70€ se doit d'être plus qu'une simple démo technique – il doit être jouable, point.
Reste une question : cette polémique marquera-t-elle un tournant, poussant les développeurs à repenser leur rapport à l'optimisation ? Ou deviendra-t-elle la nouvelle norme, où les joueurs devront choisir entre performance et fidélité visuelle, comme on choisit entre le beurre et l'argent du beurre ? L'avenir de Borderlands 4 – et peut-être de toute une génération de jeux UE5 – en dépend.