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LoL : le clip des Worlds 2025 retardé pour exclure Bwipo après ses propos sur les joueuses – un symbole fort ou une mesure insuffisante ?
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Pourquoi le clip d’ouverture des Worlds 2025 a-t-il été modifié en urgence ?
À quelques jours du coup d’envoi des Worlds 2025 en Chine (14 octobre – 9 novembre), Riot Games a repoussé de 48 heures la sortie du clip musical traditionnel, un contenu phare habituellement dévoilé en amont de l’événement. Motif : l’exclusion de Bwipo, star de FlyQuest, dont les déclarations sexistes sur les joueuses et leurs cycles menstruels ont provoqué un tollé mondial. Une décision éditoriale forte, mais qui laisse intacte sa qualification pour la compétition. Entre symbolisme et incohérence, ce retard révèle les tensions persistantes autour de la place des femmes dans l’esport.A retenir :
- Report surprise : le clip des Worlds 2025 finalement diffusé le 13 octobre, avec 2 jours de retard, après une refonte express pour retirer Bwipo.
- Propos controversés : le joueur avait affirmé sur Twitch que les règles rendraient les joueuses "trop irritables" pour compétitionner, déclenchant une vague de critiques.
- Sanction éditoriale : Riot supprime toute trace de Bwipo et de la région Amériques dans le montage, sans mesure disciplinaire officielle.
- Débat relancé : malgré une suspension symbolique par FlyQuest (1 match), sa participation aux Worlds divise – entre rédemption et manque de fermeté.
- Enjeu sociétal : l’affaire met en lumière le sexisme structurel dans l’esport, un milieu encore dominé à 90% par les hommes.
Un clip sous haute tension : quand l’art rencontre la polémique
Chaque année, le clip d’ouverture des Worlds de League of Legends est un moment attendu par des millions de fans. Mélange d’images épiques, de musique entraînante et de références aux stars du jeu, ce contenu incarne l’esprit de la compétition. Pourtant, en 2025, sa sortie a été repoussée au 13 octobre – une première dans l’histoire de l’événement. La raison ? Une refonte express pour effacer toute trace de Gabriel "Bwipo" Rau, joueur vedette de FlyQuest, dont les propos sur les joueuses ont choqué la communauté.
Dans un communiqué sobre, Riot Games a expliqué que cette décision visait à "aligner le contenu avec les valeurs d’inclusivité et de respect" de l’esport. Concrètement, les équipes de montage ont dû supprimer toutes les séquences mettant en scène Bwipo, mais aussi… celles représentant la région Amériques, qu’il était censé incarner. Un choix radical, qui transforme ce clip en un symbole ambigu : à la fois acte de fermeté et aveu d’impréparation.
"Représenter notre sport sur une scène mondiale exige une cohérence avec nos principes", souligne le communiqué. Pourtant, aucun mot sur une éventuelle sanction sportive pour Bwipo. Le joueur reste bel et bien qualifié pour les Worlds, une décision qui interroge : comment concilier image publique et réalité compétitive ?
"Les règles rendent les joueuses moins performantes" : retour sur la polémique
Tout commence le 12 septembre 2025, lors d’un stream Twitch où Bwipo, connu pour son franc-parler, aborde un sujet délicat : la place des femmes dans l’esport. Sans filtre, il déclare :
"Quand une femme est dans une période du mois défavorable pour jouer de manière compétitive… c’est évident qu’elle est plus énervée par tout. Moi, j’ai vécu ça avec une colocataire qui jouait à LoL : pendant ses règles, elle rageait sur tout, même sur des trucs normaux. C’est biologique, quoi."
Ces propos, non étayés scientifiquement, provoquent un émoi immédiat. Les réactions fusent : des joueuses professionnelles comme Maria "Remilia" Creveling (ex-CLG) dénoncent un "sexisme déguisé en pseudo-science", tandis que des fans rappellent que des études (comme celle de l’Université de Stanford en 2021) montrent aucune corrélation entre cycle menstruel et performance cognitive.
Sous la pression, Bwipo présente des excuses publiques 48h plus tard : "Je regrette d’avoir alimenté la haine au lieu du soutien. Mes mots ont blessé, et ça, c’est inacceptable." Trop peu, trop tard pour beaucoup. FlyQuest le suspend pour un match – une peine jugée dérisoire par des associations comme Women in Games, qui réclament une "tolérance zéro" contre les discours discriminants.
Entre deux feux : Riot Games et l’impossible équilibre
La gestion de cette crise révèle les contradictions de Riot Games. D’un côté, l’éditeur se veut progressiste : en 2023, il lançait le programme "Game Changers" pour promouvoir les joueuses, et en 2024, il signait une charte contre les violences sexistes dans l’esport. De l’autre, ses actions restent timides face aux dérives.
"Riot a peur de froisser ses stars masculines", estime Léa "Misfits" Smith, commentatrice esport. "Retirer Bwipo du clip, c’est bien… mais le laisser jouer aux Worlds, c’est envoyer un message flou. Soit on sanctionne le sexisme, soit on ne le fait pas." D’autant que l’affaire intervient dans un contexte tendu : selon un rapport de Newzoo (2025), seulement 5% des pros de LoL Esports sont des femmes, un chiffre en stagnation depuis 5 ans.
Certains y voient une stratégie calculée : "Riot veut éviter un bad buzz pendant les Worlds, mais sans exclure un joueur populaire qui attire des viewers", analyse un ancien employé sous couvert d’anonymat. Résultat ? Une demi-mesure qui satisfait personne : ni les défenseurs d’une ligne dure, ni les partisans de la clémence.
Bwipo, bouc émissaire ou victime d’un système ?
Derrière la polémique se cache une question plus large : Bwipo est-il un cas isolé, ou le produit d’une culture esport toxique ? Ses détracteurs pointent ses antécédents : en 2020, il avait déjà été critiqué pour des blagues graveleuses sur les streamers féminines. Ses supporters, eux, invoquent son humour potache et son manque de filtre, typique des streams Twitch.
"On lui tombe dessus parce qu’il a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas", défend un modérateur de sa communauté. Un argument qui fait bondir : "C’est exactement le problème !", rétorque Amélie "Mely" Durand, joueuse semi-pro. "Normaliser ces idées, c’est ce qui décourage les femmes de se lancer."
L’affaire Bwipo devient ainsi un miroir grossissant des tensions de l’esport :
- Un milieu ultra-compétitif où la testostérone et les stéréotypes de genre persistent.
- Des structures (équipes, organisateurs) qui peinent à concilier rentabilité et éthique.
- Des fans divisés entre ceux qui veulent un esport "apolitique" et ceux qui réclament plus d’inclusivité.
Dans ce contexte, le report du clip des Worlds n’est qu’un épisode de plus. La vraie question reste : l’esport est-il prêt à changer ?
Et maintenant ? Les leçons (non tirées) de l’affaire Bwipo
Alors que les Worlds 2025 s’apprêtent à débuter, cette polémique laisse un goût amer. Voici ce qu’elle révèle :
1. L’urgence d’une formation anti-sexisme : Comme dans le football ou le basket, l’esport a besoin de modules obligatoires pour ses joueurs, comme le propose l’association Fair Play For Women. "On ne peut plus compter sur le bon vouloir des individus", plaide sa fondatrice.
2. La nécessité de sanctions claires : Une suspension d’un match pour des propos sexistes ? "C’est comme donner une tape sur les doigts à un enfant qui a cassé une vitre", ironise un journaliste de Dexerto. Des peines proportionnelles (exclusion de tournois, amendes) s’imposent.
3. Le rôle des sponsors : Red Bull, Mastercard… Les marques qui investissent des millions dans l’esport pourraient conditionner leurs partenariats à des engagements RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Une pression financière qui ferait bouger les lignes.
Pourtant, à court terme, rien ne changera. Les Worlds 2025 se dérouleront avec Bwipo sur la scène, mais sans lui dans le clip. Une schizophrénie qui résume à elle seule les défis de l’esport moderne : comment grandir sans renier ses valeurs ?
Alors que les projecteurs s’allumeront bientôt sur Shanghai, une certitude s’impose : les Worlds ne seront pas qu’une compétition sportive. Ils seront aussi un test – celui de la capacité de l’esport à passer des mots aux actes. Et cette fois, les excuses ne suffiront plus.