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Raidou Remastered : Un voyage occulte à prix réduit sur Switch 2 et PS5
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Il y a 21 jours

Raidou Remastered : Un voyage occulte à prix réduit sur Switch 2 et PS5

Pourquoi ce remaster de 2006 vaut-il le détour en 2024 ?

Raidou Remastered: The Mystery of the Soulless Army ressuscite un joyau méconnu de la PS2 en lui offrant une cure de jouvence technique et narrative. Ce titre hybride, à mi-chemin entre l'action-RPG frénétique et le jeu d’enquête occulte, plonge les joueurs dans un Tokyo des années 1930 où démons, corruption et mystères se mêlent avec une élégance rare. Avec des promotions physiques à 35 $ sur Switch 2 et PS5, une refonte graphique en 1080p/60 FPS (voire 4K), et un système de combat dynamisé inspiré de sa suite, Atlus signe ici un remaster qui séduit autant les nostalgiques que les nouveaux venus. À condition d’accepter ses quelques compromis, comme l’absence de mode tour par tour ou la Game-Key Card imposée sur Switch 2...

A retenir :

  • Un remaster audacieux : Raidou Remastered modernise un classique de 2006 avec des graphismes 4K/60 FPS, une bande-son jazz-blues remasterisée et des environnements étendus, tout en conservant son ambiance steampunk et lovecraftienne si distinctive.
  • Combats hybrides et démons à foison : Le système de combat, désormais en temps réel avec bascule instantanée entre attaques physiques et invocations (120 démons recrutables), s’inspire directement de Devil Summoner 2, pour un gameplay plus fluide et stratégique.
  • Promotions physiques à saisir : 35 $ sur Switch 2, PS5 et Xbox Series X (au lieu de 50 $), et 29 $ sur PC (Fanatical) pour la version standard. Attention cependant à la Game-Key Card sur Switch 2, nécessitant un téléchargement de 12,7 Go.
  • Un Tokyo des années 1930 hypnotique : Entre les rues de Ginza, les ruelles d’Asakusa et le Dark Realm, le jeu reconstruit avec soin son univers, mêlant enquête policière, horreur cosmique et thèmes matures chers à la série Shin Megami Tensei.
  • Contenu bonus et qualité de vie : Nouveaux doublages (JP/EN), scènes cinématiques retravaillées, interface modernisée et musiques haute fidélité signées Shoji Meguro (Persona 5), mais pas de mode "classique" pour les puristes du tour par tour.

Un remaster qui transcende ses origines

Imaginez un Tokyo des années 1930, où les néons des quartiers chics de Ginza côtoient les ombres malsaines des ruelles d’Asakusa, et où chaque recoin cache un pacte démoniaque ou un rituel interdit. C’est dans ce décor envoûtant que Raidou Remastered: The Mystery of the Soulless Army plante son intrigue, offrant une seconde jeunesse à l’un des titres les plus sous-côtés de l’ère PS2. Développé par Atlus, ce remaster ne se contente pas de polir les graphismes : il réinvente l’expérience pour les joueurs modernes, tout en préservant l’âme sombre et complexe de l’original.

Sorti à l’origine en 2006 sous le titre Shin Megami Tensei: Devil Summoner – Raidou Kuzunoha vs. The Soulless Army, ce jeu occupait une place à part dans la franchise Shin Megami Tensei. Contrairement aux épisodes principaux, axés sur des combats au tour par tour, Raidou misait sur un système hybride mêlant action en temps réel et gestion tactique des démons. Une approche audacieuse pour l’époque, qui divisa les fans mais séduisit les amateurs de narrations matures et d’univers occultes.

Aujourd’hui, ce remaster va plus loin : il intègre les améliorations introduites dans Devil Summoner 2 (2008), comme la bascule instantanée entre les attaques de Raidou et les compétences démoniaques, tout en ajoutant des textures haute résolution, des éclairages dynamiques et une direction artistique affinée. Résultat ? Un titre qui, malgré ses 18 ans d’âge, rivalise avec les productions contemporaines en termes de fluidité et d’immersion.


Pourquoi ce remaster maintenant ? La réponse tient en partie à la résurgence des remasters "cultes" ces dernières années, portée par des titres comme Resident Evil 4 Remake ou Final Fantasy VII Rebirth. Mais Atlus a aussi saisi l’opportunité de combler un vide : celui des action-RPG narratifs sur consoles nouvelle génération, où les jeux mêlant combats dynamiques et enquêtes profondes se font rares. Avec Raidou Remastered, les joueurs découvrent (ou redécouvrent) un titre qui ose défier les conventions, tout en bénéficiant d’un prix attractif – un argument de poids dans un marché où les AAA à 70 $ dominent.

Des combats réinventés, entre fluidité et stratégie

Si l’original de 2006 surprenait par son approche hybride, ce remaster pousse le concept encore plus loin. Exit le système de combat parfois rigide de la PS2 : place à une mécanique en temps réel où chaque seconde compte. Raidou Kuzunoha XIV, le protagoniste, manie son épée avec une précision chirurgicale, tandis que ses démons alliés (au nombre de 120 recrutables) déchaînent des compétences surnaturelles – le tout sans temps de chargement ni rupture de rythme.

Le génie du système réside dans sa simplicité apparente : un bouton pour les attaques physiques, un autre pour invoquer un démon, et une jauge de "syncro" qui se remplit au fil des enchaînements. Une fois pleine, elle permet de déclencher des coups spéciaux dévastateurs, ou d’ordonner à ses alliés démoniaques d’exécuter des combinaisons tactiques. Une mécanique inspirée de Devil Summoner 2, mais ici peaufinée pour offrir une profondeur stratégique sans sacrifier la fluidité.

Pourtant, ce choix n’est pas sans controverses. Les puristes regretteront l’absence d’un mode "classique" reproduisant le système tour par tour de 2006. "C’est dommage, car le charme rétro du combat original faisait partie de l’identité du jeu"*, confie Thomas L., un fan de la première heure. Atlus assume ce parti pris, arguant que "les attentes des joueurs ont évolué" – une décision cohérente avec la volonté de moderniser l’expérience, mais qui pourrait frustrer les nostalgiques.


Côté qualité de vie, les améliorations sont nombreuses :

  • Système de sauvegarde flexible : Plus besoin de chercher des points de sauvegarde fixes – une fonctionnalité bienvenue pour les joueurs pressés.
  • Interface repensée : Menus plus intuitifs, inventaire mieux organisé, et une carte interactive pour naviguer dans le Tokyo labyrinthique.
  • Nouveaux doublages : Les voix japonaises et anglaises ont été re-enregistrées, avec une direction artistique qui accentue le côté théâtral des dialogues.
  • Accessibilité : Des options de difficulté ajustables, et des tutoriels optionnels pour les nouveaux joueurs.

Un détail marque particulièrement : la gestion des démons. Contrairement à d’autres jeux de la série où les créatures sont de simples outils, ici, elles interagissent avec Raidou et entre elles. Certaines refusent de se battre contre d’anciens alliés, d’autres commentent l’intrigue avec ironie... Une touche de profondeur narrative qui renforce l’immersion, et rappelle que Raidou n’est pas qu’un simple hack’n’slash, mais bien un RPG à part entière.

Tokyo 1930 : quand le steampunk rencontre Lovecraft

Si les combats captivent, c’est avant tout son univers qui fait de Raidou Remastered une expérience inoubliable. Le jeu nous plonge dans un Tokyo de l’ère Taishō (1912-1926), une période de bouillonnement culturel où tradition et modernité s’entrechoquent. Mais sous cette surface glamour se cache une ville rongée par la corruption, où des sociétés secrètes manipulent les démons pour assouvir leurs ambitions.

Le scénario, écrit avec une précision chirurgicale, explore des thèmes chers à H.P. Lovecraft : la folie, l’inconnu terrifiant, et la fragilité de l’esprit humain face à des forces cosmiques. Raidou, en tant que devil summoner débutant, se retrouve embarqué dans une intrigue où chaque choix a des conséquences morales. Faut-il collaborer avec les démons pour sauver des vies, au risque de corrompre son âme ? Ou refuser tout compromis, quitte à laisser le mal prospérer ? Ces dilemmes, typiques de la série Shin Megami Tensei, sont ici renforcés par des dialogues ciselés et des personnages ambivalents.


Côté direction artistique, le remaster est une réussite. Les environnements, déjà riches en 2006, bénéficient d’une refonte complète :

  • Ginza : Le quartier chic, avec ses néons bleutés et ses buildings Art Déco, contraste avec les ruelles sombres où rôdent les entités démoniaques.
  • Asakusa : Le temple Sensō-ji et ses alentours, reconstitués avec un souci du détail historique, deviennent le théâtre de rituels interdits.
  • Dark Realm : Ce monde parallèle, où les lois de la physique s’effritent, est désormais encore plus oppressant grâce aux effets de lumière dynamique et aux distorsions visuelles.

La bande-son, composée par Shoji Meguro (à qui l’on doit aussi les musiques de Persona 5), est un autre point fort. Mélange de jazz bluesy, de thèmes orchestraux angoissants et de mélodies traditionnelles japonaises, elle renforce l’atmosphère à chaque instant. Les pistes ont été remasterisées en haute qualité, sans perdre leur charme vintage – un équilibre rare, qui ravira les audiophiles.

Petit bémol : la version Switch 2 tourne en 900p en mode portable (contre 1080p en docké), un compromis technique classique pour la console hybride. Les différences sont minimes en gameplay, mais les perfectionnistes pourraient préférer les versions PS5 ou Xbox Series X, qui affichent un 4K/60 FPS constant.

Promotions physiques : une aubaine à saisir (avec précautions)

Avec un prix de lancement physique à 35 $ (contre 50 $ en digital), Raidou Remastered se positionne comme l’une des meilleures affaires du moment sur Switch 2, PS5 et Xbox Series X. Une réduction de 30 % qui s’explique en partie par la stratégie d’Atlus : toucher un public large sans sacrifier la qualité. Sur PC, la version standard est même disponible à 29 $ chez Fanatical, tandis que l’édition Digital Deluxe (incluant la bande-son et des artbooks) s’affiche à 57,19 $.

Mais attention aux pièges :

  • Game-Key Card sur Switch 2 : Contrairement à une cartouche classique, la version physique se présente sous forme de code à télécharger, imposant un download de 12,7 Go. Une pratique de plus en plus courante (voir Like a Dragon: Infinite Wealth), mais qui peut décevoir ceux espérant jouer sans connexion.
  • Stockage : Sur Switch 2, un microSD Express devient quasi indispensable. Le modèle SanDisk 512 Go (environ 78 $ chez Walmart) est un bon compromis.
  • Édition Digital Deluxe : Son contenu bonus (musiques, artbooks) est intéressant, mais son prix (57,19 $) la réserve aux fans inconditionnels.


"C’est une excellente surprise pour les joueurs qui hésitaient à sauter le pas"*, commente Marine D., rédactrice chez JeuxVideo.com. "Le prix physique est très agressif, et les améliorations justifient largement l’achat, même pour ceux qui ont joué à l’original. En revanche, la Game-Key Card sur Switch 2 est un vrai frein – Atlus aurait pu faire mieux."*

Pour les collectionneurs, notez que la version physique inclut :

  • Un boîtier réversible (jaquette originale PS2 d’un côté, artwork remasterisé de l’autre).
  • Un code pour le DLC "Raidou Glasses" (des lunettes cosmétiques pour le héros).
  • Un livret avec des illustrations inédites et des notes sur le développement.

Enfin, pour ceux qui hésitent encore, sachez que le jeu propose une démo gratuite sur toutes les plateformes, permettant de tester les premiers chapitres et le système de combat. Une initiative louable, qui prouve qu’Atlus a confiance dans son produit.

Derrière les coulisses : les défis d’un remaster "culte"

Remasteriser un jeu comme Raidou n’a rien d’évident. Contrairement à des titres comme Final Fantasy VII ou Resident Evil 2, qui bénéficiaient d’une notoriété mondiale, Devil Summoner est resté un joyau niche, adoré par une communauté restreinte mais passionnée. "Notre objectif était de moderniser sans trahir l’esprit du jeu original"*, explique Kazuyuki Yamai, producteur chez Atlus, dans une interview accordée à Famitsu.

Parmi les défis techniques :

  • Reconstruire les modèles 3D : Les personnages et décors de 2006 étaient conçus pour la PS2. Les adapter à la 4K a nécessité un retravail complet des textures et des animations.
  • Équilibrer le gameplay : Le système de combat hybride, déjà innovant en 2006, devait être repensé pour coller aux standards actuels (ex : ajout d’un lock-on plus précis).
  • Préserver l’ambiance sonore : La bande-son, bien que remasterisée, devait garder son côté "vintage". Shoji Meguro a supervisé personnellement les nouveaux mixes.


Un autre enjeu était de trouver le bon public. "Raidou n’est pas un jeu grand public"*, reconnaît Yamai. "C’est un titre pour les amateurs de narrations complexes et d’univers sombres. Notre pari était de le rendre accessible sans le simplifier."* D’où le choix de :

  • Conserver la difficulté (avec des options d’ajustement).
  • Ajouter des tutoriels optionnels pour les nouveaux joueurs.
  • Miser sur le bouche-à-oreille via des streamers spécialisés dans les RPG japonais (comme Dunkey ou Super Bunnyhop).

Enfin, une anecdote savoureuse : le Dark Realm, cette dimension parallèle où se déroulent les combats contre les boss, était à l’origine inspiré par les cauchemars de l’un des développeurs. "Il rêvait régulièrement de couloirs infinis où les murs respiraient"*, révèle un ancien membre de l’équipe. "On a essayé de transcrire cette sensation d’oppression, et ça a donné l’un des environnements les plus mémorables du jeu."*

Comparaisons et héritage : où se situe Raidou dans la saga SMT ?

Pour comprendre l’importance de Raidou Remastered, il faut le replacer dans l’arbre généalogique de la franchise Shin Megami Tensei (SMT). Contrairement aux épisodes principaux (comme SMT III: Nocturne ou SMT V), la sous-série Devil Summoner se distingue par :

  • Un cadre historique (années 1930 pour Raidou, époque contemporaine pour Devil Summoner: Soul Hackers).
  • Un gameplay plus axé action, là où les SMT "classiques" privilégient le tour par tour.
  • Des thèmes plus politiques : corruption, guerre froide (dans Soul Hackers), ou nationalisme (dans Raidou).


Dans cette lignée, Raidou occupe une place particulière. Il est à la fois :

  • Un hommage aux films noirs japonais et aux romans de Ryūnosuke Akutagawa (dont Rashōmon).
  • Un précurseur pour des jeux comme Persona 5 (même univers, mais ton plus léger) ou 13 Sentinels: Aegis Rim (mélange d’enquête et de combats).
  • Un ovni dans le paysage du RPG japonais, avec son mélange de steampunk, d’horreur lovecraftienne et de satire sociale.

Pour les joueurs découvrant la série, Raidou Remastered est une porte d’entrée idéale :

  • Moins abrupt que SMT III: Nocturne (réputé pour sa difficulté).
  • Plus narratif que Soul Hackers, avec une intrigue plus personnelle.
  • Visuellement plus accessible que les épisodes PS2, grâce au remaster.

En revanche, les fans de Persona pourraient être surpris : ici, pas de Social Links ou de ton adolescent. Raidou est sombre, adulte, et assume ses influences literraires (de Junichirō Tanizaki à H.P. Lovecraft). Une audace qui, en 2006, avait dérouté, mais qui aujourd’hui, dans un paysage où les RPG se standardisent, apparaît rafraîchissante.

Raidou Remastered: The Mystery of the Soulless Army est bien plus qu’un simple lifting technique. C’est une réhabilitation d’un titre qui, en 2006, avait osé défier les codes du RPG japonais. Avec son mélange unique d’action frénétique, d’enquête occulte et de narrative mature, il se pose en alternative audacieuse face aux blockbusters asceptisés. Les améliorations apportées – combats dynamisés, graphismes 4K, contenu bonus – en font une version définitive, même si l’absence de mode tour par tour pourrait décevoir les puristes.

À 35 $ en physique (et moins en digital), c’est aussi l’une des meilleures affaires du moment pour les possesseurs de Switch 2, PS5 ou Xbox Series X. Attention toutefois à la Game-Key Card sur Switch 2, qui impose un téléchargement obligatoire. Pour les amateurs de univers sombres, de combats stratégiques et de récits ambitieux, ce remaster est une pépite à ne pas manquer. Et pour les autres ? La démo gratuite permet de se faire une idée... à condition d’oser franchir le seuil du Dark Realm.

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
### Un remaster qui transcende ses origines Imaginez un Tokyo des années 1930, où les néons des quartiers chics de Ginza côtoient les ombres malsaines des ruelles d’Asakusa, et où chaque recoin cache un pacte démoniaque ou un rituel interdit. C’est dans ce décor envoûtant que Raidou Remastered: The Mystery of the Soulless Army plante son intrigue, offrant une seconde jeunesse à l’un des titres les plus sous-côtés de l’ère PS2. Développé par Atlus, ce remaster ne se contente pas de polir les graphismes : il réinvente l’expérience pour les joueurs modernes, tout en préservant l’âme sombre et complexe de l’original. Sorti à l’origine en 2006 sous le titre Shin Megami Tensei: Devil Summoner – Raidou Kuzunoha vs. The Soulless Army, ce jeu occupait une place à part dans la franchise Shin Megami Tensei. Contrairement aux épisodes principaux, axés sur des combats au tour par tour, Raidou misait sur un système hybride mêlant action en temps réel et gestion tactique des démons. Une approche audacieuse pour l’époque, qui divisa les fans mais séduisit les amateurs de narrations matures et d’univers occultes. Aujourd’hui, ce remaster va plus loin : il intègre les améliorations introduites dans Devil Summoner 2, comme la bascule instantanée entre les attaques de Raidou et les compétences démoniaques, tout en ajoutant des textures haute résolution, des éclairages dynamiques et une direction artistique affinée. Résultat ? Un titre qui, malgré ses 18 ans d’âge, rivalise avec les productions contemporaines en termes de fluidité et d’immersion. Pourquoi ce remaster maintenant ? La réponse tient en partie à la résurgence des remasters "cultes" ces dernières années, portée par des titres comme Resident Evil 4 Remake ou Final Fantasy VII Rebirth. Mais Atlus a aussi saisi l’opportunité de combler un vide : celui des action-RPG narratifs sur consoles nouvelle génération, où les jeux mêlant combats dynamiques et enquêtes profondes se font rares. Avec Raidou Remastered, les joueurs découvrent (ou redécouvrent) un titre qui ose défier les conventions, tout en bénéficiant d’un prix attractif – un argument de poids dans un marché où les AAA à 70 $ dominent. Si l’original de 2006 surprenait par son approche hybride, ce remaster pousse le concept encore plus loin. Exit le système de combat parfois rigide de la PS2 : place à une mécanique en temps réel où chaque seconde compte. Raidou Kuzunoha XIV, le protagoniste, manie son épée avec une précision chirurgicale, tandis que ses démons alliés (au nombre de 120 recrutables) déchaînent des compétences surnaturelles – le tout sans temps de chargement ni rupture de rythme. Le génie du système réside dans sa simplicité apparente : un bouton pour les attaques physiques, un autre pour invoquer un démon, et une jauge de "syncro" qui se remplit au fil des enchaînements. Une fois pleine, elle permet de déclencher des coups spéciaux dévastateurs, ou d’ordonner à ses alliés démoniaques d’exécuter des combinaisons tactiques. Une mécanique inspirée de Devil Summoner 2, mais ici peaufinée pour offrir une profondeur stratégique sans sacrifier la fluidité. Cependant, ce choix n’est pas sans controverses. Les puristes regretteront l’absence d’un mode "classique" reproduisant le système tour par tour de 2006. "C’est dommage, car le charme rétro du combat original faisait partie de l’identité du jeu", confie Thomas L., un fan de la première heure. Atlus assume ce parti pris, arguant que "les attentes des joueurs ont évolué" – une décision cohérente avec la volonté de moderniser l’expérience, mais qui pourrait frustrer les nostalgiques. Côté qualité de vie, les améliorations sont nombreuses : un système de sauvegarde flexible, une interface repensée, de nouveaux doublages, et des options de difficulté ajustables. Un détail marque particulièrement : la gestion des démons. Contrairement à d’autres jeux de la série où les créatures sont de simples outils, ici, elles interagissent avec Raidou et entre elles. Certaines refusent de se battre contre d’anciens alliés, d’autres commentent l’intrigue avec ironie... Une touche de profondeur narrative qui renforce l’immersion, et rappelle que Raidou n’est pas qu’un simple hack’n’slash, mais bien un RPG à part entière. Si les combats captivent, c’est avant tout son univers qui fait de Raidou Remastered une expérience inoubliable. Le jeu nous plonge dans un Tokyo de l’ère Taishō, une période de bouillonnement culturel où tradition et modernité s’entrechoquent. Mais sous cette surface glamour se cache une ville rongée par la corruption, où des sociétés secrètes manipulent les démons pour assouvir leurs ambitions. Le scénario, écrit avec une précision chirurgicale, explore des thèmes chers à H.P. Lovecraft : la folie, l’inconnu terrifiant, et la fragilité de l’esprit humain face à des forces cosmiques. Raidou, en tant que devil summoner débutant, se retrouve embarqué dans une intrigue où chaque choix a des conséquences morales. Faut-il collaborer avec les démons pour sauver des vies, au risque de corrompre son âme ? Ou refuser tout compromis, quitte à laisser le mal prospérer ? Ces dilemmes, typiques de la série Shin Megami Tensei, sont ici renforcés par des dialogues ciselés et des personnages ambivalents. Côté direction artistique, le remaster est une réussite. Les environnements, déjà riches en 2006, bénéficient d’une refonte complète : Ginza, le quartier chic avec ses néons bleutés et ses buildings Art Déco, contraste avec les ruelles sombres où rôdent les entités démoniaques. Asakusa, le temple Sensō-ji et ses alentours, reconstitués avec un souci du détail historique, deviennent le théâtre de rituels interdits. Le Dark Realm, ce monde parallèle où les lois de la physique s’effritent, est désormais encore plus oppressant grâce aux effets de lumière dynamique et aux distorsions visuelles. La bande-son, composée par Shoji Meguro (à qui l’on doit aussi les musiques de Persona 5), est un autre point fort. Mélange de jazz bluesy, de thèmes orchestraux angoissants et de mélodies traditionnelles japonaises, elle renforce l’atmosphère à chaque instant. Les pistes ont été remasterisées en haute qualité, sans perdre leur charme vintage – un équilibre rare, qui ravira les audiophiles. Petit bémol : la version Switch 2 tourne en 900p en mode portable (contre 1080p en docké), un compromis technique classique pour la console hybride. Les différences sont minimes en gameplay, mais les perfectionnistes pourraient préférer les versions PS5 ou Xbox Series X, qui affichent un 4K/60 FPS constant. Avec un prix de lancement physique à 35 $ (contre 50 $ en digital), Raidou Remastered se positionne comme l’une des meilleures affaires du moment sur Switch 2, PS5 et Xbox Series X. Une réduction de 30 % qui s’explique en partie par la stratégie d’Atlus : toucher un public large sans sacrifier la qualité. Sur PC, la version standard est même disponible à 29 $ chez Fanatical, tandis que l’édition Digital Deluxe (incluant la bande-son et des artbooks) s’affiche à 57,19 $. Mais attention aux pièges : la Game-Key Card sur Switch 2, contrairement à une cartouche classique, se présente sous forme de code à télécharger, imposant un download de 12,7 Go. Une pratique de plus en plus courante (voir Like a Dragon: Infinite Wealth), mais qui peut décevoir ceux espérant jouer sans connexion. Sur Switch 2, un microSD Express devient quasi indispensable. Le modèle SanDisk 512 Go (environ 78 $ chez Walmart) est un bon compromis. L’édition Digital Deluxe, avec son contenu bonus (musiques, artbooks) intéressant, est réservée aux fans inconditionnels. Pour les collectionneurs, notez que la version physique inclut un boîtier réversible (jaquette originale PS2 d’un côté, artwork remasterisé de l’autre), un code pour le DLC "Raidou Glasses" (des lunettes cosmétiques pour le héros), et un livret avec des illustrations inédites et des notes sur le développement. Enfin, pour ceux qui hésitent encore, sachez que le jeu propose une démo gratuite sur toutes les plateformes, permettant de tester les premiers chapitres et le système de combat. Une initiative louable, qui prouve qu’Atlus a confiance dans son produit. Remasteriser un jeu comme Raidou n’a rien d’évident. Contrairement à des titres comme Final Fantasy VII ou Resident Evil 2, qui bénéficiaient d’une notoriété mondiale, Devil Summoner est resté un joyau niche, adoré par une communauté restreinte mais passionnée. "Notre objectif était de moderniser sans trahir l’esprit du jeu original", explique Kazuyuki Yamai, producteur chez Atlus, dans une interview accordée à Famitsu. Parmi les défis techniques : reconstruire les modèles 3D, équilibrer le gameplay, et préserver l’ambiance sonore. Un autre enjeu était de trouver le bon public. "Raidou n’est pas un jeu grand public", reconnaît Yamai. "C’est un titre pour les amateurs de narrations complexes et d’univers sombres. Notre pari était de le rendre accessible sans le simplifier." Pour les joueurs découvrant la série, Raidou Remastered est une porte d’entrée idéale : moins abrupt que SMT III: Nocturne, plus narratif que Soul Hackers, et visuellement plus accessible que les épisodes PS2, grâce au remaster. En revanche, les fans de Persona pourraient être surpris : ici, pas de Social Links ou de ton adolescent. Raidou est sombre, adulte, et assume ses influences littéraires (de Junichirō Tanizaki à H.P. Lovecraft). Une audace qui, en 2006, avait dérouté, mais qui aujourd’hui, dans un paysage où les RPG se standardisent, apparaît rafraîchissante.

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen