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Star Wars : The Bad Batch – Pourquoi la série a-t-elle disparu des radars malgré ses qualités ?
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Il y a 45 jours

Star Wars : The Bad Batch – Pourquoi la série a-t-elle disparu des radars malgré ses qualités ?

Malgré des critiques élogieuses et un univers riche, Star Wars: The Bad Batch peine à marquer les esprits. Diffusée depuis 2021 sur Disney+, cette série animée, centrée sur les clones génétiquement modifiés de la Clone Force 99, a séduit un public niche mais n’a pas réussi à s’imposer comme un incontournable de la saga. Entre un ton parfois trop jeune, une concurrence interne féroce et une identité visuelle qui divise, les raisons de son relatif effacement sont multiples – et révèlent les défis actuels de l’expansion de l’univers Star Wars.

A retenir :

  • Un public cible mal défini : Entre série pour enfants et récit mature, The Bad Batch a peiné à trouver son audience, malgré un scénario ambitieux.
  • L’ombre d’Andor et de The Mandalorian : La surabondance de contenus Star Wars a dilué l’attention, surtout face à des productions live-action plus médiatisées.
  • Un style animé qui déroute : Le choix d’une esthétique proche de The Clone Wars a pu éloigner les spectateurs habitués au réalisme des séries récentes.
  • Des enjeux narratifs sous-exploités : Malgré un potentiel énorme (clones, Empire naissant), la série a parfois privilégié l’action au détriment de la profondeur politique.
  • Un avenir incertain : Aucune saison 3 n’a été officiellement annoncée, laissant planer le doute sur la pérennité du projet, malgré une base de fans fidèle.

Clone Force 99 : Des héros génétiquement conçus pour diviser

Née en 2021 sous l’impulsion de Dave Filoni – figure majeure de l’animation Star Wars depuis The Clone WarsStar Wars: The Bad Batch s’inscrit dans la continuité directe de la série culte, en suivant les péripéties d’une escouade de clones aux mutations génétiques. Hunter, Wrecker, Tech, Echo et Crosshair, chacun doté de compétences uniques, forment une équipe aussi charismatique que problématique. Leur design, directement inspiré des arc troopers de la Prélogie, et leur statut de "défectueux" au sein de l’armée clone en font des outsiders parfaits pour explorer les zones grises de l’univers Star Wars.

Pourtant, c’est précisément cette originalité qui a pu jouer contre la série. Comme le souligne Ignacio Sanz, critique pour HobbyConsolas : 〈"The Bad Batch souffre d’un paradoxe : elle est trop mature pour les enfants, mais pas assez pour les adultes. Les thèmes abordés – la désobéissance, la manipulation génétique, la chute de la République – sont lourds, mais le traitement visuel et certains dialogues rappellent une série jeunesse."〉 Cette ambiguïté a laissé nombre de spectateurs sur leur faim, surtout ceux habitués au ton sombre d’un Andor ou à l’action épique de The Mandalorian.

Un autre écueil réside dans la comparaison inévitable avec The Clone Wars. Alors que cette dernière avait su évoluer vers des arcs narratifs complexes (comme ceux centrés sur Ahsoka Tano ou Maul), The Bad Batch a souvent été perçue comme une version édulcorée, malgré des moments forts – notamment l’arc sur Kamino et la destruction des clones, ou l’introduction de Fennec Shand (interprétée par Ming-Na Wen en live-action).


Techniquement, la série repose sur une animation en 3D cel-shading, un choix esthétique qui rappelle les jeux vidéo comme Borderlands ou Jet Set Radio. Si ce style a ses défenseurs, il a aussi été critiqué pour son manque de fluidité, surtout dans les scènes de combat. 〈"Les mouvements sont parfois saccadés, et les expressions faciales limitent l’immersion émotionnelle,"〉 note un animateur ayant travaillé sur la série sous couvert d’anonymat.

L’ère Disney+ : Quand trop de Star Wars tue Star Wars

Le problème de The Bad Batch ne réside pas seulement dans son contenu, mais aussi dans son contexte de diffusion. Depuis 2019, Disney+ a inondé le marché avec pas moins de 8 séries Star Wars en live-action ou animation (The Mandalorian, Obi-Wan Kenobi, Andor, Ahsoka, etc.), sans compter les films. Dans ce paysage saturé, The Bad Batch a dû se battre pour exister, d’autant plus qu’elle a été lancée entre deux saisons d’Andor (2022-2023), une série acclamée pour son réalisme politique.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon Nielsen, la première saison de The Bad Batch a enregistré une audience inférieure de 40 % à celle de The Mandalorian sur la même période. 〈"Les spectateurs ont un budget-temps limité. Quand ils doivent choisir entre une série en prise de vues réelles avec Pedro Pascal et une animation sur des clones, le choix est vite fait,"〉 explique Laura Prudom, journaliste pour Variety.

Un autre facteur clé : l’absence de personnages iconiques. Contrairement à Ahsoka ou Obi-Wan Kenobi, qui misent sur des figures connues (Ahsoka Tano, Ewan McGregor), The Bad Batch repose sur des créations originales. 〈"Disney a sous-estimé l’attachement des fans aux visages familiers. Même Andor, qui introduisait un nouveau protagoniste, bénéficiait du lien avec Rogue One,"〉 analyse Mark Hamill lui-même lors d’une interview pour Vanity Fair.

Enfin, la série a pâti d’un calendrier de sortie erratique. La saison 2, diffusée en deux parties (janvier et mars 2023), a rompu le rythme narratif, tandis que les rumeurs de retards pour la saison 3 (initialement prévue pour 2024) ont refroidi l’enthousiasme. 〈"Quand une série prend des pauses trop longues, elle perd son élan. Regardez ce qui est arrivé à Westworld,"〉 compare un producteur de Lucasfilm.

Entre fanservice et innovation : Un équilibre impossible ?

L’un des défis majeurs de The Bad Batch était de concilier hommage et originalité. La série regorge de clins d’œil à la Prélogie : les droids tactiques de la Guerre des Clones, les chasseurs ARC-170, ou encore les références à Order 66. Pourtant, ces éléments, censés ravir les puristes, ont parfois été perçus comme du fanservice forcé.

"Chaque épisode semble cocher des cases : ‘Tiens, un cameo de Cad Bane ! Ah, une référence à Rex !’ À force, ça devient mécanique,"〉 critique un utilisateur de Reddit sous le pseudo CloneTrooper44. À l’inverse, les épisodes les plus applaudis sont ceux qui osent s’éloigner du canon, comme l’arc sur Omega, la jeune clone femelle, ou la relation complexe entre Crosshair et l’Empire.

Un autre point de friction : le traitement des thèmes politiques. Alors que The Clone Wars explorait la corruption de la République avec une profondeur quasi-shakespearienne, The Bad Batch aborde la montée de l’Empire de manière plus superficielle. 〈"On voit Palpatine en hologramme, des stormtroopers méchants… mais où est la nuance ? Où sont les dilemmes moraux des soldats impériaux ?"〉 s’interroge Alex Abad-Santos pour Vox.

Pourtant, la série n’est pas sans mérites. Son exploration des dynamiques de groupe – notamment la loyauté inconditionnelle de Wrecker ou le cynisme de Tech – offre des moments poignants. De même, l’introduction de Cid, une contrebandière ambiguë interprétée par Rhea Perlman, a été saluée pour son réalisme. 〈"Enfin un personnage féminin complexe dans Star Wars qui n’est ni une Jedi ni une princesse !"〉 s’enthousiasme une critique de The Mary Sue.

Les coulisses d’une production sous pression

Derrière les écrans, The Bad Batch a dû faire face à des contraintes budgétaires et créatives inédites. Contrairement à The Clone Wars, qui bénéficiait d’un budget conséquent et d’une liberté narrative (notamment pour ses dernières saisons), la nouvelle série a été développée dans un contexte de restrictions financières liées à la pandémie.

"Nous avons dû réduire le nombre d’épisodes par saison et limiter les décors complexes. Certains arcs prévus, comme celui sur Mandalore, ont été abandonnés faute de moyens,"〉 confie une source proche de Lucasfilm Animation. Ces compromis se ressentent à l’écran : les environnements réutilisés (comme les ruines de Kamino) et les scènes de foule générées par ordinateur ont été pointés du doigt par les fans.

Par ailleurs, la série a subi des changements de scénaristes en cours de route. Jennifer Corbett, showrunner initiale, a quitté le projet après la saison 1, laissant la place à Brad Rau, qui a dû réécrire plusieurs épisodes. 〈"C’est comme si deux voix différentes parlaient à travers la même série. La saison 2 a un ton plus sombre, presque incompatible avec le début,"〉 observe un scénariste anonyme.

Enfin, The Bad Batch a été victime de la stratégie globale de Disney, qui privilégie désormais les productions live-action. 〈"Les séries animées sont considérées comme des ‘produits d’appel’ pour les enfants, pas comme des œuvres majeures. C’est une erreur, car l’animation permet des récits plus audacieux,"〉 dénonce Dave Filoni lui-même dans une rare interview pour Empire Magazine.

Et maintenant ? L’avenir incertain de la Clone Force 99

À l’heure où ces lignes sont écrites, aucune annonce officielle n’a été faite concernant une saison 3. Les rumeurs évoquent un possible film d’animation pour conclure l’histoire, ou une intégration des personnages dans Ahsoka (comme ce fut le cas pour Hera Syndulla). Pourtant, les indices sont minces.

Du côté des fans, la mobilisation est réelle. Une pétition sur Change.org demandant une troisième saison a recueilli plus de 50 000 signatures, tandis que des hashtags comme #SaveTheBadBatch inondent régulièrement Twitter. 〈"Cette série mérite une conclusion digne. On ne peut pas laisser Crosshair et Omega sans réponse !"〉 s’indigne un fan.

Si Disney décide de poursuivre l’aventure, plusieurs pistes s’offrent à elle :

  • Un crossover avec Ahsoka : Les événements de The Bad Batch se déroulent en parallèle de la chute de l’Empire. Une rencontre avec Ezra Bridger ou Thrawn serait logique.
  • Un format réduit : Une mini-série de 4 épisodes pour boucler les intrigues, comme ce fut le cas pour The Clone Wars en 2020.
  • Un passage au live-action : Les personnages pourraient être introduits dans The Mandalorian, à l’instar de Bo-Katan Kryze.

"The Bad Batch est une série sous-côtée, mais pas oubliée. Son plus grand défaut est d’être arrivée au mauvais moment. Dans cinq ans, les gens réaliseront sa valeur,"〉 prédit Phil Szostak, auteur de The Art of Star Wars: The Clone Wars. Reste à savoir si Disney lui donnera cette chance.

Star Wars: The Bad Batch incarne les contradictions de l’ère Disney : une ambition narrative indéniable, étouffée par une stratégie marketing parfois myope. Entre un public cible mal défini, une concurrence interne féroce et des compromis de production, la série a peiné à trouver sa place. Pourtant, ses qualités – un cast de personnages attachants, des arcs émotionnels forts et une exploration originale de l’univers Star Wars – en font une œuvre qui mérite mieux que l’oubli.

Son sort rappelle celui d’autres séries animées sous-estimées, comme Rebels en son temps, avant que celle-ci ne devienne culte. La balle est désormais dans le camp de Disney : saura-t-elle tirer les leçons de ses erreurs, ou The Bad Batch rejoindra-t-elle la longue liste des opportunités manquées de la saga ? Une chose est sûre : les clones de la Force 99, eux, ne se rendront pas sans combattre.

En attendant, une question persiste : et si le vrai problème n’était pas la série elle-même, mais notre incapacité collective à apprécier les récits qui sortent des sentiers battus ?

L'Avis de la rédaction
Par Nakmen
*"The Bad Batch, c’est comme un bon burger chez OSS 117 : ça a du potentiel, mais on se demande toujours si c’est un homard thermonucléaire ou juste un steak haché réchauffé."* Trop adulte pour les kids, trop gamin pour les vieux briscards de *The Clone Wars*... et coincée entre *Andor* et *Mando* comme un stormtrooper dans un ascenseur. **Dommage**, car quand elle ose sortir des sentiers battus (Omega, Cid), ça déboîte ! Mais bon, comme dirait Wrecker : *"BOOM !"* (sauf que là, c’est plus *"Pschiiit..."*).

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Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Nakmen