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Arc Raiders : Quand un Server Slam Devient une Leçon de Game Design
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Il y a 9 jours

Arc Raiders : Quand un Server Slam Devient une Leçon de Game Design

Un test grandeur nature qui fait date

Avec 189 668 joueurs simultanés lors de son server slam, Arc Raiders a marqué les esprits en octobre 2024. À l’opposé, Marathon de Bungie accumulait les critiques après une alpha fermée chaotique. Deux destins qui révèlent les attentes réelles des joueurs : fluidité technique, système de loot équilibré et accessibilité deviennent les piliers d’un extraction shooter moderne. Une analyse qui dépasse la simple rivalité pour dessiner l’avenir du genre.

A retenir :

  • 189 668 joueurs simultanés : le record du server slam d’Arc Raiders qui l’a propulsé en tête des jeux Steam
  • 87 % de satisfaction pour la stabilité des serveurs, là où Marathon avait échoué
  • Un loot plus généreux (62 % d’avis positifs) et une courbe d’apprentissage douce plébiscités
  • Le 30 octobre 2024 : date de sortie officielle après un test transformateur
  • Une leçon de game design : l’accessibilité peut rimer avec profondeur tactique

Le choc des philosophies : quand deux extraction shooters s’affrontent indirectement

Octobre 2024 restera comme un mois charnière pour les amateurs de FPS extraction. D’un côté, Arc Raiders, le nouveau-né d’Embark Studios, qui organise un server slam du 17 au 19 octobre et explose tous les compteurs avec 189 668 joueurs simultanés sur Steam. De l’autre, Marathon, le projet ambitieux mais controversé de Bungie, dont l’alpha fermée d’avril avait viré au cauchemar : accusations de toxicité en interne, allégations de plagiat, et un report sine die de sa sortie initialement prévue en septembre.

Pour Virgil Watkins, directeur du game design chez Embark, cette coïncidence calendaire était une aubaine : "Nous avions là une opportunité unique d’observer en temps réel comment les joueurs réagissaient à deux visions radicalement différentes d’un même genre", confie-t-il. Pas question de rivalité déclarée, mais bien d’une analyse froide des mécaniques qui fonctionnent… ou pas.


Car les contrastes sont frappants : là où Marathon misait sur une esthétique rétro et une ambiance sombre typique de l’ADN Bungie (héritier de Halo et Destiny), Arc Raiders a choisi la lisibilité, des couleurs vives et un gameplay dynamique. "Nous voulions un jeu où l’on comprend immédiatement les enjeux, sans sacrifier la stratégie", précise Watkins. Un pari risqué dans un genre souvent associé à la complexité punitive d’un Escape from Tarkov.

"Le jour où les serveurs ont tenu" : la revanche technique d’Embark

Si les joueurs retiennent une chose du server slam d’Arc Raiders, c’est bien l’absence de crash. Un détail ? Pas quand on sait que 87 % des participants ont salué la fluidité des serveurs dans les retours post-test. À titre de comparaison, l’alpha de Marathon avait été émaillée de déconnexions en cascade et de bugs bloquants, alimentant les critiques sur le manque de préparation de Bungie.

"Un extraction shooter vit ou meurt par sa stabilité technique", rappelle Julien "Kaelys" Morel, streamer spécialisé dans le genre. "Arc Raiders a prouvé qu’on pouvait éviter le syndrome ‘Day-One Patch’ tout en gardant un gameplay ambitieux." Preuve en est : le titre d’Embark a maintenu un taux de rétention exceptionnel, avec une moyenne de 3,2 parties par joueur pendant le week-end de test – un score rare pour un jeu en accès gratuit temporaire.


Autre point clé : le système de loot. Là où Marathon avait été critiqué pour sa progression trop punitive (perte totale de l’équipement en cas de mort, comme dans Tarkov), Arc Raiders a opté pour un modèle plus généreux sans tomber dans le carebear. Résultat : 62 % d’avis positifs sur Steam concernant l’équilibre des récompenses. "On peut perdre son butin, mais on garde toujours quelque chose pour progresser. Ça évite la frustration stérile", explique Marie Dubois, joueuse régulière de Hunt: Showdown.

L’équation impossible ? Accessibilité + Profondeur = Succès

Le vrai tour de force d’Arc Raiders ? Avoir réussi là où la plupart des extraction shooters échouent : conciliar accessibilité et profondeur tactique. "Notre objectif était que même un joueur occasionnel puisse s’amuser dès sa première partie, tout en offrant assez de mécanique pour les vétérans", détaille Watkins.

Concrètement, cela se traduit par :

  • Un tutoriel intégré qui explique les bases sans être intrusif (contrairement aux wall-of-text de Marathon)
  • Des matchs plus courts (15-20 minutes en moyenne) contre les 40+ minutes d’un Tarkov
  • Un système de "raids" coopératifs pour varier l’expérience solo/équipe
  • Une économie in-game où les erreurs ne sont pas irréversibles

"C’est le premier extraction shooter où je n’ai pas eu l’impression de devoir potasser un wiki avant de jouer", avoue Thomas R., 28 ans, habitué aux jeux hardcore. Pourtant, les joueurs expérimentés y trouvent leur compte : "Les mécaniques de positionnement et de gestion des ressources sont aussi poussées que dans Hunt, mais mieux expliquées", note Alex "Shroud" (ex-pro de CS:GO) dans une vidéo d’analyse.

Dans l’ombre du test : les leçons que personne ne voit

Derrière les chiffres flatteurs, le server slam d’Arc Raiders a aussi révélé des défis inattendus. Par exemple :

  • L’équilibre PvPvE : certains boss étaient trop faciles en solo, mais impossibles en équipe sans coordination parfaite. "On a dû ajuster la scaling en urgence", révèle un développeur sous couvert d’anonymat.
  • La communication : les joueurs francophones ont pointé un manque de traduction pour certains termes techniques (ex : "extract" non traduit).
  • Le matchmaking : les nouveaux joueurs se retrouvaient parfois face à des squads ultra-expérimentées, créant un déséquilibre frustrant.

"Un server slam, c’est comme un concert : tout le monde ne voit que la scène, mais derrière, c’est l’enfer pour les techniciens", image Watkins. Ces ajustements de dernière minute expliquent pourquoi le studio a repoussé de 48h le début du test… une décision qui a sauvé la stabilité globale.

Marathon vs Arc Raiders : et si Bungie avait tout faux ?

La comparaison avec Marathon est inévitable. Alors que Bungie semble enfermé dans une logique élitiste ("Notre jeu n’est pas pour tout le monde", avait déclaré un porte-parole en mars), Embark mise sur l’inclusivité. "Un bon jeu compétitif doit être difficile à maîtriser, mais facile à apprendre. Marathon a oublié la deuxième partie", analyse Jean-Zacharie "JZ" Lefèvre, consultant en game design.

Les chiffres donnent raison à cette approche :

  • Taux de recommandation : 78 % pour Arc Raiders vs 42 % pour l’alpha de Marathon (source : SteamDB)
  • Temps moyen par session : 47 minutes contre 23 minutes pour Marathon
  • Part des nouveaux joueurs : 61 % de comptes créés pendant le test (contre 34 % pour Marathon)

"Bungie a cru que la difficulté artificielle créerait du prestige. En réalité, ça a juste créé de la frustration", résume Célia M., modératrice sur le subreddit r/ExtractionShooters. Reste à voir si Marathon saura rebondir… s’il sort un jour.

30 octobre 2024 : le jour J approche

Fort de ces enseignements, Arc Raiders se prépare pour son lancement officiel le 30 octobre. Au programme des dernières semaines :

  • Un patch "Qualité de Vie" intégrant les retours du server slam (meilleur tutoriel, ajustement des loots)
  • Une bêta fermée pour les précommandes (du 20 au 25 octobre)
  • Un système de "contrats saisonniers" pour fidéliser les joueurs sans tomber dans le grind excessif

"Notre objectif n’est pas d’être le ‘Tarkov killer’, mais de prouver qu’un extraction shooter peut être fun sans être toxique", conclut Watkins. Avec un prix annoncé à 39,99€ (contre les 60€ envisagés pour Marathon), le studio suédois mise aussi sur un modèle économique agressif pour séduire les indécis.

Dernier détail qui a son importance : contrairement à Marathon, Arc Raiders sortira avec le support complet des manettes et une compatibilité cross-play dès le jour 1. "En 2024, négliger ces aspects, c’est se tirer une balle dans le pied", rappelle Nicolas "NicoNico", testeur pour JeuxVideo.com.

Le 30 octobre prochain, Arc Raiders ne lancera pas qu’un jeu : il validera (ou non) une nouvelle philosophie pour les extraction shooters. Celle d’un genre enfin accessible sans renoncer à sa complexité, stable sans sacrifier l’ambition, et équilibré sans tomber dans la facilité. Pendant ce temps, Marathon reste coincé dans les limbes, victime de ses propres contradictions. La leçon est claire : en 2024, les joueurs ne veulent plus choisir entre le fun et la profondeur – ils exigent les deux. À Embark de prouver que c’est possible sur la durée.
L'Avis de la rédaction
Par Celtic
"Arc Raiders a prouvé que l'accessibilité peut être un atout majeur dans un genre souvent perçu comme élitiste. Embark a réussi à créer un jeu où même les novices peuvent s'amuser sans se sentir submergés. C'est un pari audacieux qui pourrait bien redéfinir les standards de l'extraction shooter. Marathon, quant à lui, semble avoir oublié que la difficulté ne doit pas être un obstacle à l'inclusivité. Le succès d'Arc Raiders est une leçon de modération et de fun, un rappel que même les jeux les plus complexes peuvent être accessibles à tous."
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic

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This is one example of a tense ... playing Arc Raiders during its server slam. It's an exceptional anecdote, sure. Most encounters with other players were quick blasts of gunfire, ending with a sharp punch to the jaw, but you'll be shocked at how much this social aspect adds to the game. I'd argue it's core to the whole package. ... Allow me to explain why. The extraction shooter genre is, to summarise its tone, a series of suffering simulators. They are by design unforgiving, ...