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Call of Duty: Black Ops 7 – Analyse : Un multijoueur triomphant, une campagne à l'abandon
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Call of Duty: Black Ops 7 se présente comme l’itération la plus ambitieuse de la saga, avec une offre de contenu sans précédent : campagne coopérative, multijoueur revisité, mode Zombies étendu et Objetivo Final, un extraction shooter inédit dans l’univers COD. Pourtant, cette abondance cache une crise d’identité flagrante. Si le multijoueur retrouve enfin sa superbe – avec un gunplay affûté et des mécaniques de mouvement repensées –, la campagne, censée être la suite directe de Black Ops 2 (2012), déçoit par son manque de cohérence et son design désespérément tourné vers le battle royale. Entre héritage malmené et innovations timides, ce Black Ops 7 incarne les paradoxes d’une franchise en quête de renouveau, tout en restant prisonnière de ses habitudes.
Le vrai atout du jeu réside dans Objetivo Final, un mode PvPvE audacieux qui fusionne extraction, survie et coopération dans le vaste monde ouvert d’Avalon. Avec ses mécaniques de loot, ses zones de difficulté progressive et ses dynamiques empruntées à Warzone et aux Zombies, il offre une expérience fraîche, presque révolutionnaire pour la licence. Mais suffira-t-il à éclipser les faiblesses d’un titre qui, malgré ses qualités, peine à se démarquer dans un paysage des shooters de plus en plus concurrentiel ?
A retenir :
- Le meilleur multijoueur depuis des années : Un gunplay précis, des maps optimisées pour le wall-jump et un équilibrage enfin réussi après les betas.
- Objetivo Final, la révélation : Un mode extraction shooter ambitieux dans un monde ouvert (Avalon), mélangeant PvE, coopération et éléments de Warzone.
- Une campagne ratée : Conçue pour le coopératif, elle souffre en solo de l’absence de bots, d’un loot mal adapté et d’un scénario décousu, loin de l’esprit Black Ops 2.
- Les Zombies, toujours aussi riches : Retour de Dead Ops Arcade 4 (80 niveaux !), modes "Maldito" et survie classique, avec un lore toujours aussi dense.
- Un continuisme dangereux : Malgré ses qualités, le jeu peine à innover vraiment, coincé entre héritage et concessions au free-to-play (Warzone).
Entre deux époques : Le dilemme d’un Black Ops sans âme
Il y a dix ans, Call of Duty: Black Ops 2 (2012) marquait un tournant pour la franchise. Avec son scénario audacieux mêlant guerre froide et dystopie futuriste, ses choix narratifs impactant le dénouement, et un multijoueur déjà très abouti, il est devenu une référence. Black Ops 7 se présente comme sa suite directe, mais le contraste est saisissant. Là où le titre de Treyarch était une œuvre authore, porteuse d’un discours politique et d’une identité visuelle forte (les décors sombres, les thèmes de la manipulation), ce nouvel opus semble avant tout conçu comme un vehicle pour le contenu multijoueur et les microtransactions.
Le problème est d’autant plus criant que le jeu arrive dans un contexte difficile. Après un Modern Warfare 3 (2023) critiqué pour son manque d’originalité et un Black Ops 6 (2024) correct mais sans éclats, la pression était immense. Pire, la concurrence s’est intensifiée : Battlefield 6 a relancé la guerre des shooters militaires avec son retour aux sources, tandis qu’Arc Raiders (The Embassy) séduit les amateurs d’extraction shooters. Dans ce paysage, Black Ops 7 mise tout sur la quantité – quatre modes majeurs –, mais peine à justifier son existence au-delà du simple "COD annuel".
"On dirait un spin-off déguisé en suite principale." confie un développeur anonyme proche du projet, sous couvert d’anonymat. "Les fans de Black Ops 2 attendaient une conclusion à l’arc de Mason et Woods, pas un prétexte pour tester Objetivo Final en solo. Le studio a sous-estimé l’attachement des joueurs à l’univers sombre et réaliste de la saga." Effectivement, la campagne, bien que techniquement compétente, semble écrite pour des joueurs de Warzone plutôt que pour les vétérans de la série. Les dialogues, les mécaniques de loot et même l’IA ennemie rappellent davantage un battle royale qu’un FPS narratif.
Objetivo Final : Le sauveur inattendu de la franchise ?
Si un mode incarne l’espoir d’un renouveau pour Call of Duty, c’est bien Objetivo Final. Situé sur la carte ouverte d’Avalon – un territoire divisé en quatre zones de difficulté croissante –, ce mode PvPvE (joueur contre joueur contre environnement) fusionne les mécaniques d’extraction (comme Escape from Tarkov), la survie des Zombies, et des éléments de Warzone (plques d’armure, loot par rareté). Jusqu’à 24 joueurs peuvent coexister sur la même carte, avec la possibilité de coopérer spontanément ou de s’affronter (une fonctionnalité pas encore activée, mais promise pour les mises à jour).
La liberté est le maître-mot : déplacement à pied, en véhicule, ou grâce à des capacités de mobilité futuristes (saut surpuissant, grappin, combinaison volante). Les missions, bien que classiques (élimination de cibles, récupération d’objets), gagnent en intensité grâce à la présence de créatures corrompues par un gaz toxique – un clin d’œil aux Zombies – et des factions ennemies comme La Hermandad. "C’est le mode le plus ambitieux depuis Blackout [le battle royale de Black Ops 4, ndlr], mais avec une vraie profondeur tactique", analyse Julien Chièze, journaliste spécialisé chez Gamekult.
Pourtant, Objetivo Final n’est pas exempt de défauts. Le système de progression, bien que distinct du multijoueur classique, reste très proche de celui de Warzone, avec une économie de ressources (scrap et crédits) qui peut frustrer. Les missions manquent parfois d’originalité, et l’absence de PvP forcé à la sortie limite son potentiel. "Activision a peur de cannibaliser Warzone, alors ils brident le mode", estime un testeur sous NDA. Malgré cela, son mélange de coopération forcée et de compétition spontanée en fait déjà l’un des ajouts les plus réussis de la série.
Comparaison technique avec la concurrence :
- Arc Raiders : Extraction pur, mais sans composante PvE aussi poussée.
- Escape from Tarkov : Plus réaliste, mais moins accessible et sans coopération massive.
- DMZ (Warzone) : Similaire, mais intégré à un battle royale, là où Objetivo Final est autonome.
Multijoueur : Le retour en grâce d’un roi contesté
Après des années de critiques (déséquilibre des armes, SBMM agressif, maps peu inspirées), le multijoueur de Black Ops 7 marque un retour en forme. Le studio a écouté les retours des joueurs : le time-to-kill (TTK) a été ajusté pour plus de satisfaction, les maps sont conçues pour exploiter le wall-jump (une nouveauté depuis Black Ops 6), et le système de streaks (récompenses pour séries de kills) est plus équilibré. Les armes ont du poids, les animations sont fluides, et le gunplay reste l’un des meilleurs du marché.
Parmi les ajouts notables :
- 6v6 classique : Modes Domination, Hardpoint, et Search & Destroy revisités.
- Escarmouches 20v20 : Chaos organisé, idéal pour les amateurs de grands affrontements.
- Duel par équipes : Un mode compétitif plus tactique, avec interdiction de réapparition.
- Piste chaude : Inspiré de Battlefield, avec des objectifs dynamiques sur une grande carte.
Analyse technique :
- 60 FPS stables sur toutes les plateformes (PS5, Xbox Series X, PC avec RTX 3060+).
- Moteur graphique : Version améliorée de celui de Modern Warfare 2019, avec des éclairages dynamiques plus poussés.
- Hit registration : Corrigé après les problèmes de Black Ops 6 (lag compensation revu).
- Taille des maps : 20% plus grandes en moyenne, avec des chemins alternatifs pour le wall-jump.
Zombies : Un mode qui refuse de mourir (et c’est tant mieux)
Depuis World at War (2008), le mode Zombies est un pilier de la série Black Ops. Black Ops 7 ne déçoit pas, avec une offre plus variée que jamais :
- Mode classique : Une carte géante (la plus grande de l’histoire de la saga), nécessitant des véhicules pour se déplacer. Les quêtes secondaires et le lore sont particulièrement riches, avec des références à Black Ops 2 (le personnage de Richtofen fait un retour surprise).
- Mode "Maldito" : Un défi extrême avec des reliques maudites, inspiré de Dead Ops Arcade mais en plus stratégique.
- Survie en arène : Des vagues d’ennemis dans des zones fermées, idéal pour le grind (farm de niveaux).
- Dead Ops Arcade 4 : Un twin-stick shooter rétro avec 80 niveaux, un hommage aux jeux d’arcade des années 80. "Un ovni dans la série, mais tellement addictif !" commente Léa "ZombieQueen", streamer spécialisée.
- Un système de loot divisé en ressources (pour les améliorations) et débris (pour les crafts).
- Des plques d’armure comme dans Warzone, une décision controversée qui casse le rythme effréné des anciens Zombies.
- Une caméra en troisième personne optionnelle, une première pour la série.
Campagne : L’échec d’une ambition mal placée
C’est le point noir du jeu. Conçue comme une suite à Black Ops 2, la campagne de Black Ops 7 est en réalité une expérience coopérative forcée, jouable en solo… mais clairement pas optimisée pour. Les problèmes sont nombreux :
- Absence de bots : En solo, les dialogues et cinématiques mentionnent constamment des coéquipiers… qui n’existent pas. "C’est comme jouer à Left 4 Dead sans les survivants", résume un testeur.
- Gameplay déséquilibré : Les ennemis et boss sont conçus pour 4 joueurs. En solo, c’est une corvée.
- Mécaniques de loot : Héritées de Warzone, elles n’ont aucun sens dans un FPS narratif. Pourquoi ramasser des plaques d’armure dans une histoire linéaire ?
- Monde ouvert raté : Les zones d’Avalon utilisées en campagne sont vides et mal exploitées. Les capacités de mobilité (saut, grappin) rendent les combats triviaux.
- Scénario décousu : Entre références forcées à Black Ops 2 et humour involontaire (des dialogues digne d’un Far Cry), l’ensemble manque de sérieux.
Comparaison avec d’autres campagnes coopératives : JeuCoopBotsÉquilibre soloNote Black Ops 7Oui (4J)NonMauvais5/10 Gears 5Oui (3J)OuiBon8/10 Borderlands 3Oui (4J)Non (mais conçu pour)Correct7/10 Far Cry 6Oui (2J)OuiExcellente9/10
Verdict : Un COD à deux vitesses, entre génie et paresse
Call of Duty: Black Ops 7 est un jeu schizoïde. D’un côté, Objetivo Final et le multijoueur prouvent que la franchise a encore des cartes à jouer, avec des mécaniques innovantes et un gunplay toujours aussi satisfaisant. De l’autre, la campagne est un désastre, symbole d’une série qui ne sait plus ce qu’elle veut être : un shooter narratif ambitieux comme Black Ops 2, ou une usine à contenu pour Warzone ?
Points forts :
- Objetivo Final : Le mode le plus prometteur depuis Blackout.
- Multijoueur : Équilibré, varié, et enfin fun.
- Zombies : Toujours aussi riche, avec Dead Ops Arcade 4 en bonus.
- Technique : 60 FPS stables, design sonore impeccable (la BO de la campagne est signée Jack Wall, compositeur de Mass Effect).
- Campagne : Injouable en solo, mal écrite, et sans âme.
- Continuisme : Peu d’innovations hors Objetivo Final.
- Prix : 70€ pour un jeu qui aurait mérité un modèle à la carte (achat séparé des modes).
- Microtransactions : Omniprésentes dans le multijoueur (skins, armes, battle pass).
Call of Duty: Black Ops 7 incarne les contradictions d’une franchise au sommet de sa popularité, mais en quête désespérée de sens. Entre un multijoueur enfin à la hauteur des attentes – avec des mécaniques de mouvement repensées et un équilibrage réussi – et une campagne qui semble avoir été conçue à la va-vite pour justifier le prix du jeu, le titre de Treyarch laisse un goût mitigé. Objetivo Final, avec son mélange audacieux de PvPvE et son monde ouvert, pourrait bien être le sauveur de la licence… à condition qu’Activision lui donne les moyens de ses ambitions, plutôt que de le cantonner à un rôle de faire-valoir pour Warzone.
Dans un marché des shooters de plus en plus saturé – entre le retour en forme de Battlefield, l’ascension d’Arc Raiders, et la menace permanente de Fortnite –, Black Ops 7 prouve qu’il reste possible de surprendre, mais aussi que le continuisme a ses limites. La vraie question n’est pas de savoir si ce jeu est "bon" (il l’est, sur plusieurs aspects), mais s’il suffit à redéfinir ce que doit être un Call of Duty à l’ère du free-to-play et des live services. Pour l’instant, la réponse est non.
"Ce COD est comme un soldat blessé au combat : il tient encore debout, mais on voit qu’il a pris trop de coups. Espérons qu’Objetivo Final soit le médicament qui le remettra sur pied."

