Il y a 39 jours
MenaRD, légende de *Street Fighter 6* : quand l’esport devient fierté nationale en République dominicaine
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De *Street Fighter V* à *Street Fighter 6* : comment MenaRD a transformé son rêve en héritage national
Double vainqueur de la Capcom Cup (2017, 2023) et triple champion Evo, MenaRD est bien plus qu’un prodige des jeux de combat : il est devenu un symbole culturel en République dominicaine. Récompensé en 2025 par la distinction *"Fierté de la Culture Dominicaine"*, il incarne une réussite unique, où l’excellence sportive se mêle à un engagement communautaire sans précédent. Avec ses 250 000 $ de gains en 2017, il a métamorphosé un simple *dojo* en un pôle d’entraînement moderne, fondé les Santo Domingo Tigers, et ouvert la voie à une nouvelle génération. Son histoire prouve que l’esport peut être un levier de changement social, bien au-delà des écrans.
A retenir :
- Premier esportif distingué par son pays : MenaRD reçoit en 2025 le titre *"Fierté de la Culture Dominicaine"*, une première pour un athlète gaming, couronnant son palmarès exceptionnel (Capcom Cup 2017/2023, 3 titres Evo).
- De zéro à héros : Parti d’un *dojo* sans électricité, il a utilisé ses 250 000 $ de gains pour moderniser les infrastructures locales et créer les Santo Domingo Tigers, une équipe esports pionnière en République dominicaine.
- Un modèle de transmission : Financement de déplacements pour les joueurs locaux, mentorat, et philosophie du *"succès collectif"* – MenaRD redéfinit l’impact social d’un champion esportif.
- Double légende : Seul joueur à avoir dominé deux générations de *Street Fighter* (V et VI), avec des victoires sur des scènes aussi prestigieuses qu’Evo Japan et Las Vegas.
- L’esport comme vecteur culturel : Son parcours inspire une reconnaissance nationale inédite, prouvant que les jeux vidéo peuvent façonner l’identité d’un pays.
"Je suis ce que je suis grâce à ma communauté" : la déclaration qui résume l’héritage de MenaRD
Le 28 août 2025, Saul Leonardo Mena II – alias MenaRD – foulait le tapis rouge d’une cérémonie officielle en République dominicaine, non pas pour un tournoi, mais pour recevoir une distinction historique : *"Fierté de la Culture Dominicaine"*. Une consécration rare, surtout pour un athlète issu de l’esport, un domaine encore en quête de légitimité dans de nombreux pays. Pourtant, à 26 ans, MenaRD a déjà écrit l’une des plus belles pages du gaming compétitif, transformant son parcours personnel en une épopée collective.
Son discours ce jour-là, sobre mais chargé d’émotion, résonne comme un manifeste : *"C’est pour ça qu’on travaille, pour ce genre de reconnaissance. Je suis ce que je suis grâce à ma communauté."* Des mots qui prennent tout leur sens quand on connaît les débuts du champion. Originaire de Santo Domingo, il a grandi dans un environnement où les coupures de courant étaient monnaie courante, et où les infrastructures dédiées aux jeux de combat tient en un seul mot : inexistantes.
Pourtant, c’est dans ce contexte que MenaRD a forgé son style, d’abord sur *Street Fighter IV*, puis en dominant deux générations consécutives (*V* et *VI*), un exploit inédit. Son palmarès ? Deux Capcom Cup (2017, 2023), trois titres Evo (dont deux à Evo Japan, le Graal des joueurs asiatiques), et des victoires sur les scènes les plus relevées, de Las Vegas à Dubaï. Mais au-delà des trophées, c’est son impact humain qui a marqué les esprits.
"Quand j’ai gagné la Capcom Cup en 2017, j’ai réalisé que cet argent pouvait changer des vies. Pas seulement la mienne." Avec ses 250 000 $ de gains, MenaRD a d’abord rééquipé son dojo, puis créé les Santo Domingo Tigers, une équipe locale destinée à former la relève. Un geste qui a brisé l’isolement géographique de la scène dominicaine, souvent exclue des grands tournois par manque de moyens. *"Je veux que les futurs pros aient un chemin plus facile"*, confie-t-il, prouvant que la compétition peut rimer avec solidarité.
2017-2023 : l’ascension d’un phénomène, entre records et révolution sociale
La victoire de MenaRD à la Capcom Cup 2017 n’était pas qu’un exploit sportif : c’était un séisme culturel. Pour la première fois, un joueur latino-américain s’imposait sur la scène mondiale de *Street Fighter*, dans un environnement dominé par les Asiatiques et les Nord-Américains. Son personnage fétiche, Birdie (dans *SFV*), est devenu une icône, tout comme son style de jeu agressif et imprévisible.
Mais c’est en 2023, avec son deuxième titre en Capcom Cup (cette fois sur *Street Fighter 6*), qu’il a scellé son statut de légende. Une performance d’autant plus remarquable qu’il a dû s’adapter à un nouveau jeu, une nouvelle méta, et une concurrence rajeunie. *"Street Fighter 6 a tout changé. Les mécaniques sont différentes, mais l’esprit reste le même : il faut aimer le combat"*, explique-t-il.
Entre ces deux sacres, MenaRD a aussi triplé la mise à Evo, le tournoi le plus prestigieux au monde. Ses victoires à Evo Japan 2019 (face au Japonais Tokido, autre monument du genre) et à Evo Las Vegas 2022 ont confirmé sa domination sans partage. Pourtant, ce qui frappe chez lui, c’est sa capacité à restituer ses succès : une partie de ses gains a servi à financer des visas et des billets d’avion pour des joueurs dominicains, leur offrant une chance de briller à l’international.
Le saviez-vous ? En 2020, pendant la pandémie, MenaRD a organisé des tournois en ligne gratuits pour maintenir la scène locale active, avec des lots financés de sa poche. Une initiative qui a permis à des dizaines de joueurs de continuer à s’entraîner malgré le confinement.
Derrière l’écran : le dojo qui a tout changé
Si MenaRD est aujourd’hui un ambassadeur, c’est parce qu’il n’a jamais oublié d’où il vient. Son dojo de Santo Domingo, autrefois un local vétuste aux murs écaillés, est devenu un symbole de résilience. *"On jouait avec des manettes cassées, des écrans qui laguaient, et des coupures de courant toutes les heures. Mais on était là, à s’entraîner comme des fous"*, se souvient-il.
Aujourd’hui, l’espace est méconnaissable : écrans haut de gamme, connexions stables, et même un coaching personnalisé pour les jeunes talents. *"Quand je vois des gamins de 12 ans qui viennent ici en rêvant de devenir pros, je me dis qu’on a réussi quelque chose"*, avance-t-il, non sans fierté. Le dojo est aussi un lieu de mixité sociale, où se côtoient étudiants, ouvriers, et même des filles – une rareté dans la scène compétitive dominicaine.
Son engagement va plus loin : MenaRD a négocié des partenariats avec des marques locales pour sponsoriser des joueurs, et organise régulièrement des ateliers gratuits sur les bases des jeux de combat. *"Ici, on n’apprend pas juste à gagner. On apprend à se battre, dans le jeu comme dans la vie"*, résume-t-il.
"Un jour, un gamin m’a dit : ‘Grâce à toi, mes parents ne me disent plus de arrêter les jeux vidéo.’ Ça, c’est la plus belle récompense."
Street Fighter 6 : un nouveau chapitre, une même philosophie
Avec *Street Fighter 6*, sorti en 2023, MenaRD a dû se réinventer. Le jeu, plus dynamique et accessible, a attiré une nouvelle génération de joueurs. Lui qui excellait avec Birdie en *SFV* a dû adopter Luke, un personnage plus technique, pour rester compétitif. *"Luke, c’est l’avenir. Il représente la nouvelle ère de Street Fighter, et moi aussi je dois évoluer"*, déclare-t-il.
Son adaptation a été fulgurante : en quelques mois, il a enchaîné les top 3 en tournois majeurs, avant de remporter la Capcom Cup 2023, devenant le premier joueur à s’imposer sur deux versions différentes du jeu. Une performance qui a stupéfié la communauté, habituée à voir les champions décliner avec les changements de méta.
Pourtant, MenaRD reste lucide : *"Street Fighter 6 est plus facile à prendre en main, mais plus difficile à maîtriser. La concurrence est plus féroce que jamais."* Une analyse qui explique pourquoi il passe désormais 10 heures par jour à étudier les replays de ses adversaires, un rythme digne d’un athlète de haut niveau.
Le chiffre clé : 80% des membres des Santo Domingo Tigers ont participé à un tournoi international en 2024, contre moins de 10% avant la création de l’équipe. Un bond spectaculaire, directement lié à l’investissement de MenaRD.
Une reconnaissance qui dépasse le gaming : quand l’esport entre dans l’Histoire
La distinction *"Fierté de la Culture Dominicaine"*, remise en août 2025, n’est pas un hasard. En République dominicaine, où le baseball et la musique dominent traditionnellement le paysage culturel, l’esport était jusqu’ici un parent pauvre. Pourtant, MenaRD a su fédérer au-delà des écrans.
Son influence s’étend désormais à la jeunesse dominicaine, qui voit en lui un exemple de réussite par le mérite. *"Les jeunes me disent : ‘Si MenaRD a pu le faire, pourquoi pas moi ?’ C’est ça, le vrai pouvoir du gaming"*, souligne-t-il. Même les médias traditionnels, autrefois sceptiques, lui consacrent désormais des reportages et des interviews.
Pour les observateurs, cette reconnaissance officielle marque un tournant : *"L’esport n’est plus un loisir marginal. C’est une discipline qui peut inspirer une nation"*, analyse Carlos Méndez, journaliste sportif dominicain. Un avis partagé par Capcom, qui a salué *"l’impact social unique"* de MenaRD dans un communiqué.
Controverse : Certains puristes estiment que MenaRD a *"trop diversifié ses activités"*, au détriment de ses performances. Une critique qu’il balaye d’un revers : *"Si je ne faisais que jouer, je ne serais pas utile à ma communauté. Mon rôle, c’est aussi d’ouvrir des portes."*
Et demain ? L’héritage de MenaRD en trois défis
À 26 ans, MenaRD a déjà accompli plus que la plupart des joueurs esports. Pourtant, ses ambitions sont intactes. Voici les trois chantiers qu’il compte mener dans les années à venir :
- Structurer la scène dominicaine : Créer une fédération nationale d’esport pour encadrer les jeunes talents et négocier avec l’État des subventions pour les infrastructures.
- Devenir entraîneur : Transmettre son savoir via des masterclasses internationales, en ciblant particulièrement les pays émergents (Afrique, Amérique latine).
- Inspirer au-delà du gaming : Lancer un programme éducatif utilisant l’esport comme outil de réinsertion sociale pour les jeunes en difficulté.
*"Je ne veux pas être juste un ancien champion. Je veux être celui qui a changé les règles du jeu"*, conclut-il, déterminé à écrire la suite de son histoire.
MenaRD a prouvé que l’esport pouvait être bien plus qu’un spectacle : un mouvement culturel, un levier économique, et une source d’espoir pour des milliers de jeunes. Son parcours, jalonné de trophées mais aussi de gestes concrets, redéfinit ce que signifie être un champion à l’ère numérique. En République dominicaine, son nom est désormais associé à la fierté nationale, et son dojo, à un symbole de possibilité.
Alors que *Street Fighter 6* continue de faire vibrer les compétitions, une question persiste : qui sera le prochain MenaRD ? Une chose est sûre : grâce à lui, la réponse pourrait bien venir d’un pays où personne ne l’attendait.