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Night City : 5 réalités qui brisent le mythe de la "ville des rêves" dans
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Pourquoi Night City est-elle l’enfer déguisé en paradis technologique ?
Cyberpunk 2077 peint une mégalopole où les néons cachent une réalité impitoyable. Entre Megabuildings qui étouffent 21 000 habitants au km² et des joycogs condamnés à survivre dans 9m² pour 1 200 eddies par mois, Night City est une machine à broyer les rêves. Ici, 0,3% seulement changent de classe sociale en 10 ans – pire qu’au Bangladesh. Les rues regorgent de publicités pour des cyberwares inabordables (un bras basique = 6 mois de SMIC), tandis que les trauma teams ignorent 78% de la population. Bienvenue dans le capitalisme poussé à son paroxysme, où même la rébellion est un luxe.
A retenir :
- Densité infernale : 21 000 hab/km² (10x plus que Tokyo), avec des Megabuildings où 80% des étages abritent des travailleurs précaires payant 80% de leur salaire en loyer pour des studios sans fenêtre.
- Mobilité sociale verrouillée : Seulement 0,3% des habitants changent de classe en 10 ans (taux inférieur au Bangladesh). Les ascenseurs en panne symbolisent l’échec de l’ascension, et un Sandevistan MK.5 (250 000 eddies) reste inaccessible aux joycogs.
- Travail = peine perpétuelle : 68% des emplois sont des contrats zéro-heure avec licenciements par SMS pour sous-productivité. Les clauses de "loyauté cybernétique" (implants de surveillance obligatoires) transforment les employés en marionnettes.
- Santé à deux vitesses : 78% de la population dépendent de clinics publiques où l’attente pour une greffe dépasse 18 mois. Les trauma teams privés (5 000 eddies/mois) ignorent les non-assurés, et 20% des interventions clandestines entraînent des infections.
- Publicité vs réalité : Les hologrammes clament "Travailler plus pour vivre mieux", mais 42% des joycogs meurent avant 50 ans. Même les riperdocs (ateliers de bricolage corporel) profitent de la désespoir, vendant des implants d’occasion à prix d’or.
1. La verticalité : une prison dorée où l’espace se paie en souffrance
Night City n’est pas une ville, c’est un empilement de cages. Avec une densité urbaine dix fois supérieure à Tokyo (21 000 hab/km²), ses Megabuildings de 200 étages incarnent une dystopie architecturale où chaque mètre carré a un prix – souvent payé en dignité. Les étages inférieurs abritent des studios de 9m² sans fenêtre, loués 800 eddies par mois à des joycogs (travailleurs précaires) qui y entassent leurs quelques affaires entre deux shifts épuisants. Plus haut, les penthouses de 500m² avec piscines suspendues et vues sur les smogs industriels abritent les corpos – ces élites qui décident du sort de millions de vies sans jamais croiser leur regard.
Les ascenseurs, souvent en panne ou sabotés, deviennent une métaphore cruelle : même la mécanique de base trahit l’illusion de l’ascension sociale. Les couloirs, mal éclairés et infestés de gangs comme les Maelstrom ou les Animals, rappellent que la verticalité n’est pas un progrès, mais une hiérarchie figée. Ici, monter d’un étage relève du miracle – ou du crime. Les vending machines, omniprésentes, achèvent de déshumaniser le quotidien : on y achète son ramen synthétique (12 eddies la portion) comme on paie son loyer, sans jamais échanger un mot avec un humain. La technologie n’a pas rapproché les gens ; elle a automatisé leur solitude.
Pourtant, Night City vend du rêve. Les hologrammes géants de Arasaka ou Militech promettent "un avenir radieux" à ceux qui osent investir dans des cyberwares dernier cri. Mais quand un bras cybernétique basique coûte l’équivalent de 6 mois de SMIC (soit 7 200 eddies), l’ascension sociale reste un leurre. Les rues, saturées de publicités pour des riperdocs "accessibles", mentent éhontément : comme le révèle un rapport du NCPD (jamais publié), 89% des clients de ces ateliers clandestins y laissent des séquelles permanentes – ou leur vie.
2. Le mirage de la méritocratie : quand les stats mentent mieux que les corpos
Night City se targue d’être une terre d’opportunités, mais les chiffres racontent une autre histoire. Selon les données du Ministère du Travail de Night City (obtenues par le hacker Rogue Amendiares en 2076), seulement 0,3% des habitants parviennent à changer de classe sociale sur une décennie – un taux inférieur à celui du Bangladesh réel. Pour comparaison, même dans les pires dystopies comme Deus Ex (où 1,2% des citoyens de Detroit s’élèvent socialement chaque année), les échappatoires existent. Ici, le système est verrouillé par design.
Prenez les cyberwares : un Sandevistan MK.5 (250 000 eddies), qui permet de ralentir le temps au combat, est réservé aux élites. Un joycog mettant de côté 50 eddies par mois (soit 40% de son salaire) mettrait 416 ans à l’acquérir – sans compter l’inflation ou les "fraudes de maintenance" imposées par les corpos. Les riperdocs légaux, comme ceux du district de Westbrook, refusent même de soigner les clients sans assurance Trauma Team Gold (5 000 eddies/mois). Résultat : les travailleurs précaires se tournent vers des chirurgiens clandestins, où une greffe de main peut coûter... un rein.
Les ascenseurs sociaux ? Une blague macabre. Dans le Megabuilding H10 de Kabuki, par exemple, les étages 1 à 80 sont réservés aux joycogs, les 81 à 180 aux classes moyennes (techniciens, policiers corrompus), et les 181 à 200 aux corpos. Les portes blindées entre chaque section nécessitent des badges biométriques – ou un pistolet lourd. "Ici, on naît avec un plafond de verre au-dessus de la tête. Et si tu tries de le briser, les MaxTac te descendent avant que tu atteignes le 100ème étage", résume Johnny Silverhand dans une scène coupée des archives du jeu.
Contrairement à des univers comme Shadowrun, où les street samouraï peuvent percer grâce à leurs talents, Night City récompense la soumission. Les rares "success stories" – comme celle de David Martinez dans Cyberpunk: Edgerunners – se terminent invariablement dans le sang. "Tu peux devenir une légende... pendant cinq minutes, avant qu’Arasaka ne t’efface des serveurs", ironise Misty Olszewski, la braqueuse emblématique du jeu.
"Bienvenue chez Militech" : quand le travail devient une peine à perpétuité
À Night City, 68% des emplois sont des contrats zéro-heure – et "zéro-heure" est à prendre au pied de la lettre. Les joycogs enchaînent des shifts de 16h dans les megamalls d’Arasaka ou les usines de Biotechnica, pour un salaire moyen de 1 200 eddies/mois (à peine de quoi louer un coffin motel à Kabuki). Le pire ? Les licenciements se font par SMS automatisé si la productivité baisse de 3% ou plus. "Désolé, [Nom]. Votre rendement ne correspond plus aux standards Militech. Votre badge sera désactivé dans 5 minutes. Merci pour votre loyauté." – voici à quoi ressemble un licenciement type, selon un leak interne obtenu par NetWatch.
Mais les corpos ont poussé la logique plus loin avec les clauses de "loyauté cybernétique". Signer un contrat chez Trauma Team ou Arasaka implique souvent l’installation d’un implant de surveillance (comme le Neural Compliance Chip) qui enregistre vos pensées et vos déplacements. Refuser ? Licenciement immédiat – et blacklistage dans 90% des entreprises de la ville. "Ils appellent ça de la ‘sécurité’, mais c’est juste une façon de t’empêcher de voler leurs secrets... ou de penser à te syndiquer", explique River Ward, ex-flic devenu mercenaire.
Les riperdocs de quartier, comme celui tenu par Viktor Vector à Watson, deviennent les seuls refuges des ouvriers broisés par le système. On y voit des hommes et femmes se faire greffer des bras hydrauliques d’occasion (500 eddies) pour tenir la cadence, ou des yeux cybernetiques low-cost (300 eddies) qui leur brûlent la rétine au bout de six mois. "C’est ça ou crever de faim", résume un client anonyme, cité dans le reportage "Blood and Chrome" de Rache Bartmoss (2075).
Et pendant ce temps, les hologrammes publicitaires au-dessus des chaînes de montage clament : "Travailler plus pour vivre mieux". Une ironie noire quand on sait que 42% des joycogs meurent avant 50 ans (source : NCPD, rapport classé "Top Secret"). "Ils nous vendent l’idée qu’on est des héros parce qu’on se tue à la tâche. Mais les héros, normalement, ils ont droit à une fin heureuse", rage Panam Palmer, ex-employée de Militech devenue nomade.
La santé : un privilège aussi rare qu’un happy end à Night City
Dans cette ville, tomber malade est un crime – surtout si vous n’avez pas les moyens. Les trauma teams privés, comme ceux de CryoMed, ne répondent qu’aux appels des assurés Premium (abonnements à partir de 5 000 eddies/mois). Les autres – soit 78% de la population – doivent se contenter des clinics publiques, où l’attente moyenne pour une greffe d’organe synthétique dépasse 18 mois. "Si t’as de la chance, t’auras un rein avant que tes deux foies ne lâchent", résume un médecin du district de Pacifica, sous couvert d’anonymat.
Les riperdocs clandestins, bien que moins chers, sont un roulette russe médicale. Selon les données du NCPD (encore une fois jamais rendues publiques), 1 patient sur 5 développe une infection post-opératoire après une intervention chez un chirurgien de rue. "Ils utilisent des implants recyclés, parfois prélevés sur des cadavres. Et pas toujours frais", révèle Delamain, l’IA taxis, dans une conversation secrète avec V.
Pire encore : les cyberpsychoses, ces troubles mentaux liés aux implants mal intégrés, sont ignorées par le système. Seuls les corpos comme Arasaka offrent des thérapies à leurs employés – les autres sont abandonnés à leur sort. Le cas de Royce da Silva (dans Cyberpunk: Edgerunners) est emblématique : après avoir développé une cyberpsychose à cause d’un implant militaire volé, il est laissé pour mort par son employeur, avant de devenir une menace publique. "À Night City, si t’es cassé, t’es bon pour la poubelle. Point final", conclut Misty.
Même mourir coûte cher. Une crémation basique chez Raven Memorial coûte 2 000 eddies – soit presque deux mois de salaire pour un joycog. "Ils te facturent même l’air que t’as respiré en attendant de clamser", s’indigne Rogue, dont la clinique clandestine dans les Badlands est l’un des rares endroits où les pauvres peuvent espérer des soins... à condition de savoir tenir un flingue.
Le piège ultime : même la rébellion est un produit marketing
Dans Blade Runner 2049, les réplicants se révoltaient. À Night City, même la contestation est monétisée. Les gangs comme les Maelstrom ou les Valentinos recrutent des joycogs désespérés en leur promettant "la liberté", mais les transforment en soldats jetables pour des guerres de territoire. "Ils te donnent un flingue, un implant piraté, et t’envoient mourir pour 200 eddies. C’est ça, leur ‘révolution’", explique Jackie Welles, avant sa mort tragique.
Les netrunners qui tentent de hacker le système finissent souvent brûlés vifs par des ICE (Intrusion Countermeasures) ou recrutés de force par des corpos. "Tu crois que tu combats le système ? T’es juste un bug dans leur code, qu’ils corrigeront à la prochaine mise à jour", lance Alt Cunningham, dont la conscience numérique est prisonnière d’Arasaka depuis des décennies.
Même les braquages, dernière échappatoire des désespérés, sont truqués. Les banques comme Tarantula Bank utilisent des systèmes de sécurité adaptatifs qui analysent les profils des voleurs en temps réel. "Si t’as moins de 10 000 eddies sur ton compte, t’as 92% de chances de te faire descendre par un robot avant d’atteindre le coffre", révèle une étude pirate de NetWatch.
Alors, que reste-t-il ? "Fumer des Synthcoke, regarder les néons en se demandant si t’as encore une âme, et attendre que les corpos te recyclent en pièces détachées", résume Johnny Silverhand, dont la rébellion légendaire n’a même pas réussi à faire tomber Arasaka Tower. "Night City, c’est pas une ville. C’est une machine à broyer les rêves... et elle est très, très bonne dans son boulot."

