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NIP Group : Quand l’e-sport se réinvente avec 160 Bitcoins par mois et un pari audacieux sur l’IA
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Comment une légende de l’e-sport devient-elle un géant du Bitcoin et de l’IA en moins d’un an ?
A retenir :
- NIP Group, maison-mère des Ninjas in Pyjamas, produit désormais 160 BTC/mois (17,3 M$) grâce à une infrastructure de 11,3 EH/s, rivalisant avec les mineurs historiques.
 - Un partenariat stratégique avec Abu Dhabi Investment Office (ADIO) offre des coûts énergétiques ultra-compétitifs (0,03 $/kWh), clés pour la rentabilité.
 - La diversification vers l’IA et le cloud gaming vise à sécuriser le modèle face à la volatilité du Bitcoin, avec des applications concrètes pour l’entraînement des athlètes e-sportifs.
 - Financée par une levée de 314 M d’actions (clôture prévue en 2025), cette transition s’inspire de géants comme Core Scientific, mais avec une approche unique mêlant sport électronique et high-tech.
 - En moins d’un an, NIP Group intègre le Top 15 des mineurs publics, une performance inédite pour un acteur issu de l’e-sport.
 
D’une légende du CS:GO à un empire technologique : la métamorphose de NIP Group
Imaginez un instant : une organisation e-sportive, célèbre pour ses victoires en Counter-Strike et Valorant, se transforme en quelques mois en un acteur majeur de l’industrie du Bitcoin, capable de générer l’équivalent de 17,3 millions de dollars par mois grâce au minage. Ce scénario, digne d’un film de science-fiction, est pourtant la réalité de NIP Group, maison-mère des mythiques Ninjas in Pyjamas (NIP). Avec une production mensuelle de 160 BTC (à un cours actuel de 108 000 $/BTC), l’entreprise suédoise opère une diversification aussi ambitieuse que risquée, bien loin des arènes virtuelles où elle a bâti sa réputation.
Cette transformation s’appuie sur une infrastructure colossale : 11,3 exahashs par seconde (EH/s), une puissance de calcul qui place NIP Group parmi les 15 plus grands mineurs publics au monde, selon The Miner Mag (2024). Pour comparaison, le leader du secteur, Marathon Digital, produit environ 1 200 BTC par mois… mais avec une capacité huit fois supérieure (90 EH/s). La performance de NIP est d’autant plus frappante qu’elle a été atteinte en moins de 12 mois, là où des concurrents comme Riot Blockchain ont mis près de trois ans à dépasser les 10 EH/s.
"Nous ne sommes plus une équipe e-sport, mais une puissance technologique" : la vision de Hicham Chahine
Derrière cette révolution, un homme : Hicham Chahine, PDG adjoint de NIP Group. Son credo ? "Développer une puissance de calcul à grande échelle nous positionne pour exploiter des opportunités bien au-delà du minage, dans l’IA et le gaming hautement performant." Une stratégie qui rappelle celle de Core Scientific, mais avec une particularité : NIP mise sur des synergies inédites entre ses activités e-sportives et ses infrastructures technologiques.
Concrètement, cela signifie que les mêmes serveurs qui minent des Bitcoins pourraient bientôt :
- Analyser les performances des joueurs en temps réel via des algorithmes d’IA,
 - Optimiser les stratégies d’équipe dans CS2 ou Valorant grâce au machine learning,
 - Alimenter une plateforme de cloud gaming ultra-performante, réduisant la latence pour les compétiteurs.
 
Un pari audacieux, surtout dans un secteur où la volatilité du Bitcoin peut faire basculer la rentabilité du jour au lendemain. En 2023, JPMorgan estimait le coût de production moyen d’un BTC à 53 000 $ – un seuil que NIP dépasse déjà largement. Mais Chahine anticipe : "L’IA nous offre une stabilité que le Bitcoin ne peut pas garantir. Si le marché s’effondre, nos infrastructures resteront utiles."
Abu Dhabi, le coup de pouce qui change tout
Impossible de parler de cette success story sans évoquer Abu Dhabi. Le partenariat avec l’Abu Dhabi Investment Office (ADIO) a été un accélérateur décisif. Non seulement la capitale des Émirats arabes unis accueille désormais le nouveau siège dédié aux actifs numériques de NIP Group, mais elle offre surtout un avantage clé : l’énergie à prix réduit. Avec des tarifs moyens de 0,03 $/kWh, Abu Dhabi propose l’un des coûts électriques les plus bas au monde – un critère vital quand on sait que l’électricité représente jusqu’à 70 % des dépenses dans le minage de Bitcoin.
À titre de comparaison, des mineurs américains comme Bitfarms ou Marathon Digital paient jusqu’à 0,07 $/kWh dans des États comme le Texas. Un différentiel qui, sur des volumes comme ceux de NIP, se traduit par des millions de dollars d’économies annuelles. "Sans Abu Dhabi, notre modèle aurait été bien moins compétitif", reconnaît un proche du dossier.
Mais ce partenariat va bien au-delà de l’énergie. L’ADIO, qui mise gros sur les technologies blockchain et l’IA, voit en NIP Group un ambassadeur idéal pour son écosystème. "Ils combinent l’innovation technologique avec une marque forte dans le gaming, un secteur en pleine expansion ici", explique un porte-parole de l’office. Une alliance gagnant-gagnant, donc, qui pourrait inspirer d’autres acteurs de l’e-sport à suivre cette voie.
Derrière les chiffres : une course contre la montre et des risques calculés
Pour financer cette métamorphose, NIP Group a lancé une levée de fonds massive : 314 millions de nouvelles actions, dont l’émission devrait s’achever d’ici novembre 2025. Un montant qui donne le vertige, mais nécessaire pour acquérir le matériel de minage dernier cri. "Nous aurions pu lever des dettes, mais nous avons préféré diluer légèrement notre capital pour garder une flexibilité maximale", justifie un membre du conseil d’administration.
Pourtant, tous les observateurs ne sont pas convaincus. Jason Lowry, analyste chez DigiEconomist, tempère : "NIP a réussi un coup de maître en termes de croissance, mais leur modèle reste très exposé au prix du Bitcoin. Si le BTC redescend sous les 80 000 $, leur marge fondra comme neige au soleil." Un risque que l’entreprise assume, en misant sur sa diversification vers l’IA et le cloud gaming.
Autre défi : la concurrence féroce dans le minage. Des géants comme Foundry USA ou Antpool dominent le secteur avec des infrastructures bien plus vastes. "NIP joue la carte de l’agilité et de l’innovation, mais ils devront prouver que leur approche hybride (e-sport + tech) est viable sur le long terme", note Marie Dupont, experte en crypto-économie à l’Université de Genève.
Et demain ? Quand le gaming rencontre la blockchain et l’IA
Si le minage de Bitcoin reste l’activité phare de NIP Group aujourd’hui, c’est bien vers l’intelligence artificielle que se tourne l’avenir. Plusieurs projets sont déjà en développement :
- NIP Analytics : une plateforme d’analyse de performances pour les joueurs pros, utilisant le machine learning pour décrypter les faiblesses des adversaires en temps réel.
 - Cloud NIP : un service de cloud gaming optimisé pour les tournois, avec une latence réduite à moins de 10 ms.
 - NIP Labs : un laboratoire dédié à l’IA générative, qui pourrait un jour créer des coachs virtuels pour les équipes e-sportives.
 
"Notre objectif n’est pas de devenir le plus gros mineur de Bitcoin, mais de construire un écosystème où le gaming, la tech et la finance se rencontrent", résume Hicham Chahine. Une vision qui, si elle se concrétise, pourrait bien redéfinir les frontières de l’e-sport – et inspirer une nouvelle génération d’entreprises hybrides.
Reste une question : les fans des Ninjas in Pyjamas, habitués aux exploits de joueurs comme dev1ce ou REZ, suivront-ils cette aventure technologique avec le même engouement ? "Pour l’instant, c’est un peu comme si Manchester United se mettait à construire des data centers. Ça surprend, mais si ça marche, ça pourrait tout changer", s’amuse Thomas "Neo" Andersson, ancien joueur pro et maintenant consultant.

