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ROG Xbox Ally et Ally X : La puissance PC en mobilité, mais à quel prix ?
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Il y a 14 jours

ROG Xbox Ally et Ally X : La puissance PC en mobilité, mais à quel prix ?

Un PC portable gaming qui défie les limites, mais avec des compromis

A retenir :

  • Le ROG Xbox Ally X embarque un AMD Ryzen AI Z2 Extreme, capable de faire tourner Cyberpunk 2077 ou Dark Souls 3 en 1080p avec des réglages élevés, une première pour un appareil portable de cette taille.
  • Ses gâchettes Impulse Triggers (inspirées de la Xbox Series X) offrent un retour haptique inédit sur PC portable, idéal pour les FPS et jeux de course, mais alourdissent l’appareil à 715 g.
  • L’écosystème hybride (Windows 11 + surcouche Xbox) promet d’unifier Steam, Epic Games et Ubisoft Connect, mais les bugs fréquents (taux de satisfaction à 62 %) le rendent moins fluide que le Steam Deck OLED (89 %).
  • À 899 €, il coûte 300 € de plus que son rival de Valve, pourtant moins puissant mais bien plus stable. Un paradoxe qui interroge sur la stratégie de Microsoft.
  • Un appareil haut de gamme qui séduit les puristes du PC, mais peine à convaincre les nomades en quête de simplicité, à mi-chemin entre gaming laptop et console portable.

L’ère des PC portables qui rivalisent avec les consoles : une révolution en marche

Imaginez : jouer à Cyberpunk 2077 en 60 FPS ou affronter les boss de Dark Souls 3 dans un parc, sans compromis graphiques. Ce scénario, digne de la science-fiction il y a encore cinq ans, est aujourd’hui une réalité grâce aux handheld gaming PCs comme le ROG Xbox Ally X. Avec son AMD Ryzen AI Z2 Extreme (une évolution du Z1 Extreme), cet appareil promet une puissance équivalente à un PC gaming milieu de gamme, le tout dans un format nomade. Une prouesse technique qui fait rêver les joueurs en déplacement… mais qui soulève aussi des questions sur son positionnement.

Car si le Ally X impressionne sur le papier, il incarne aussi un paradoxe : celui d’un appareil ultra-performant mais en quête d’identité. Entre console portable (avec ses boutons et gâchettes inspirés de la Xbox Series X) et mini-PC (avec Windows 11 et ses incompatibilités logicielles), il peine à trouver sa place. À l’heure où le Steam Deck OLED de Valve carte sur la simplicité et la stabilité, Microsoft et Asus misent eux sur la puissance brute… au risque de négliger l’expérience utilisateur.


"Un design inspiré de la Xbox, mais au prix de la portabilité"

Premier constat en prenant en main le ROG Xbox Ally X : son ergonomie repensée rappelle étrangement une manette de Xbox Series X. Les gâchettes Impulse Triggers, héritées directement de la console de Microsoft, offrent un retour haptique contextuel – une première sur un PC portable. En pratique, cela signifie des vibrations différentes selon que vous tirez avec un fusil à pompe dans Doom Eternal ou que vous dérapez dans Forza Horizon 5. Un détail qui change tout pour l’immersion, surtout dans les FPS ou les jeux de course.

Mais cette quête du réalisme a un coût : 715 grammes sur la balance (soit 37 g de plus que le modèle précédent), et une forme moins adaptée aux sacs standards. Les accessoires existants (étuis, supports) deviennent obsolètes, forçant les utilisateurs à racheter des équipements souvent plus encombrants. Pire : les joysticks asymétriques (comme sur Xbox) peuvent déstabiliser les habitués des manettes Nintendo ou PlayStation. Un choix audacieux, mais qui divise.

"C’est comme si Asus avait collé une manette de Xbox sur un PC portable sans se soucier des conséquences pour les nomades"*, résume Thomas L., un utilisateur interrogé sur Reddit. Un avis partagé par de nombreux testeurs, qui soulignent que le Ally X excelle en mode "canapé"… mais perd de son intérêt dès qu’on le glisse dans un sac à dos.


Sous le capot : un monstre de puissance… mais des performances en demi-teinte

Côté hardware, le ROG Xbox Ally X ne déçoit pas : son processeur AMD Ryzen AI Z2 Extreme (8 cœurs / 16 threads) et son GPU Radeon 880M permettent de faire tourner la plupart des jeux AAA récents en 1080p avec des réglages moyens à élevés. Cyberpunk 2077 tourne ainsi à 40-50 FPS en mode "Fidelity" (avec FSR activé), tandis que Elden Ring dépasse allègrement les 60 FPS en 1080p. Des performances qui rivalisent avec celles d’un PC gaming d’entrée de gamme, voire d’une Xbox Series S optimisée.

Pourtant, les gains par rapport au modèle précédent (Ryzen Z1 Extreme) restent marginaux : +5 à +10 % de performances brutes selon les benchmarks, une différence à peine perceptible en jeu. Pire : la batterie (toujours limitée à 4-5 heures en usage intensif) et le refroidissement (bruyant sous charge) n’ont pas évolué. Un choix étrange pour un appareil vendu comme une "révolution".

"Pour 899 €, on s’attend à un bond en avant, pas à une simple mise à jour mineure"*, critique Julien M., un streamer spécialisé dans le gaming portable. Un sentiment partagé par la communauté, qui note que le Ally X reste loin derrière un PC gaming fixe en termes de polyvalence… tout en coûtant presque aussi cher qu’une Xbox Series X + un écran portable.


L’écosystème hybride : le talon d’Achille du projet

C’est ici que le bât blesse. Le ROG Xbox Ally X mise sur un système hybride : une surcouche Xbox greffée sur Windows 11, censée unifier les bibliothèques Steam, Epic Games, Ubisoft Connect et Xbox Game Pass. Sur le papier, l’idée est séduisante. Dans les faits, c’est un cauchemar logiciel.

Le bouton Xbox, supposé lancer un menu unifié, se transforme souvent en roulette russe : parfois c’est la Game Bar qui s’affiche, parfois Steam qui surgit en superposition, et parfois… rien ne se passe. Les retours utilisateurs sont sans appel : seulement 62 % de satisfaction sur les forums spécialisés (contre 89 % pour le Steam Deck OLED). Un score catastrophique pour un appareil vendu comme la "vitrine de l’écosystème Microsoft".

À titre de comparaison, le Steam Deck OLED, malgré son hardware moins musclé (APU AMD Van Gogh), offre une expérience fluide et cohérente grâce à SteamOS. Valve a compris ce que Microsoft semble ignorer : la stabilité logicielle prime sur la puissance brute. Un comble quand on sait que le Ally X coûte 300 € de plus que son rival, pour un confort d’utilisation en retrait.

"Avec le Steam Deck, je lance un jeu et ça marche. Avec l’Ally X, je passe 10 minutes à bidouiller les paramètres avant de pouvoir jouer"*, témoigne Clara D., une joueuse occasionnelle. Un avis qui résume à lui seul le problème : le Ally X est un PC portable avant d’être une console, et cela se paie en complexité.


Le paradoxe du prix : 899 € pour un compromis

À 899 €, le ROG Xbox Ally X se positionne comme un produit haut de gamme, voire luxe. Pourtant, ce tarif soulève des questions :

  • 300 € de plus que le Steam Deck OLED (599 €), pour des performances supérieures… mais une expérience utilisateur moins stable.
  • Presque aussi cher qu’une Xbox Series X (499 €) + un écran portable (300-400 €), pour une puissance équivalente (voire inférieure sur certains jeux optimisés console).
  • Un écosystème logiciel perfectible : pourquoi payer un premium pour un appareil qui nécessite des manipulations techniques (réglages Windows, conflits entre launchers, etc.) ?

Le Ally X semble ainsi destiné à une niche très spécifique : les joueurs exigeants en mobilité, prêts à payer pour la puissance PC et à accepter les compromis (poids, autonomie, bugs). Pour les autres, le Steam Deck ou une Nintendo Switch (pour la simplicité) restent des alternatives bien plus accessibles.


Derrière les écrans : la stratégie trouble de Microsoft

Ce qui intrigue avec le ROG Xbox Ally X, c’est moins le produit en lui-même que la stratégie de Microsoft. Pourquoi la firme de Redmond, habituellement si rigoureuse, laisse-t-elle sortir un appareil aussi inabouti sur le plan logiciel ?

Plusieurs pistes :

  • Un test grandeur nature : Microsoft aurait-il utilisé le Ally X comme cobaye pour son futur Xbox handheld (rumeurs persistantes depuis 2023) ? Une façon de sonder le marché avant de lancer sa propre console portable.
  • Une réponse à Valve : après le succès du Steam Deck, Microsoft ne pouvait pas laisser le champ libre à son concurrent historique. Même si le résultat est perfectible.
  • Un produit "niche" : et si le Ally X n’était pas destiné au grand public, mais aux early adopters et aux fans de PC gaming ? Une façon de tester les limites du marché avant une éventuelle démocratisation.

Une chose est sûre : avec ce partenariat avec Asus, Microsoft envoie un signal fort aux constructeurs tiers. "Nous aussi, on peut faire du handheld gaming… mais à notre manière." Reste à savoir si cette manière séduira les joueurs.

Le ROG Xbox Ally X est un appareil fascinant, à la croisée des chemins entre PC gaming et console portable. Ses performances impressionnent, ses gâchettes haptiques redéfinissent l’immersion, et son design inspiré de la Xbox Series X ravira les fans de Microsoft. Pourtant, il bute sur deux écueils majeurs : un écosystème logiciel instable et un prix difficile à justifier face à des alternatives comme le Steam Deck OLED. Alors, pour qui est-il fait ? Ni tout à fait une Switch (trop complexe), ni tout à fait un PC portable (trop limité), il séduit avant tout les puristes du gaming nomade, prêts à payer le prix fort pour une expérience sans compromis graphiques. Pour les autres, mieux vaut attendre… ou se tourner vers Valve.
L'Avis de la rédaction
Par Celtic
Le ROG Xbox Ally X, c'est comme si Asus avait pris une manette de Xbox, l'avait collée sur un PC portable, et avait dit "Voilà, c'est un gadget de luxe". 899 € pour un compromis entre console et mini-PC, c'est un pari audacieux mais risqué. Entre les performances en demi-teinte et l'écosystème logiciel perfectible, on se demande si ce n'est pas juste une baliverne de plus dans le monde du gaming portable.
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic

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