Il y a 20 jours
Silksong : Pourquoi Hornet Rend le Jeu Plus Difficile (et C’est Tant Mieux)
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Pourquoi Silksong est-il plus exigeant que Hollow Knight ?
Avec Hornet comme protagoniste, Team Cherry a dû repenser entièrement l’IA des ennemis pour équilibrer son agilité. Résultat : un metroidvania où chaque combat, même contre des adversaires basiques, devient une épreuve de précision. Entre bosses ultra-agressifs, exploration stratégique et liberté de progression, Silksong s’impose comme un défi calculé, mais juste. Décryptage d’un game design qui récompense la persévérance, sur PC, Nintendo Switch, PS5 et Xbox Series X|S.A retenir :
- Hornet, plus rapide et mortelle que le Chevalier, force Team Cherry à créer des ennemis plus intelligents, inspirés des bosses du premier Hollow Knight.
- Les combats, même anodins, deviennent des épreuves de précision : esquives, contre-attaques et gestion des ressources sont essentielles.
- Malgré une difficulté assumée, le jeu offre des solutions alternatives (exploration, équipement) pour adapter l’expérience, comme dans les soulslike.
- Plus de 4 millions de ventes en quelques semaines : la preuve que les joueurs recherchent des défis exigeants, à condition qu’ils soient équilibrés.
- Team Cherry ajuste la courbe de difficulté via des correctifs, mais conserve l’ADN impitoyable du jeu : chaque victoire se mérite.
Hornet : Une Héroïne Qui Exige des Ennemis à sa Hauteur
Huit ans après Hollow Knight, Silksong débarque avec une réputation : celle d’un jeu impitoyable, mais juste. La faute à Hornet, une protagoniste aussi gracieuse que redoutable. Contrairement au Chevalier, personnage principal du premier opus, elle incarne une guerrière acrobatique, capable d’enchaîner les attaques aériennes et les esquives fulgurantes. Un profil qui a forcé Team Cherry à repenser entièrement l’IA des ennemis pour éviter un déséquilibre flagrant.
Ari Gibson, codirecteur du jeu, l’explique sans détour : *« Hornet est plus rapide, plus précise et plus mortelle que le Chevalier. Même les adversaires les plus basiques doivent désormais anticiper ses mouvements, sous peine de se faire décimer en quelques secondes. »* Ainsi, les simples soldats fourmis ou les créatures des profondeurs héritent de mécaniques autrefois réservées aux boss du premier Hollow Knight. Parades imprévisibles, attaques en chaîne, réactions aux esquives du joueur… Chaque affrontement, même anodin, devient un test de réflexion et de réactivité.
Prenez les guerriers fourmis, par exemple. Dans Hollow Knight, ils se contentaient d’attaques basiques et prévisibles. Dans Silksong, ils analysent vos schémas : si vous abusez des attaques en piqué, ils lèvent leurs boucliers ; si vous esquivez trop souvent vers la gauche, ils exploitent cette faille. Une intelligence artificielle adaptative qui rappelle certains soulslike, où l’observation est aussi cruciale que la maîtrise technique.
Des Bosses Qui Vous Forcent à Vous Réinventer
Si les ennemis de base ont gagné en complexité, les boss de Silksong frôlent parfois le sadisme calculé. La Savage Beastfly, avec ses charges fulgurantes, ou Sister Splinter, capable de contrer vos esquives en temps réel, en sont des exemples frappants. William Pellen, développeur chez Team Cherry, révèle que leurs schémas d’attaque s’inspirent directement des duels les plus exigeants du premier opus, mais avec une couche supplémentaire : *« Ils doivent pouvoir punir les erreurs de timing, tout en laissant une fenêtre pour la contre-attaque. C’est un équilibre délicat. »*
Résultat ? Des combats où la moindre hésitation se paie cher. Pourtant, loin d’être arbitraire, cette difficulté s’appuie sur une philosophie claire : le joueur a toujours des options. Impossible de "cheeser" un boss en spammant une seule technique. Il faut varier les approches, exploiter l’environnement, et parfois… revenir plus tard, mieux équipé. Une approche qui rappelle Dark Souls, où la persévérance est récompensée par des chemins alternatifs ou des découvertes inattendues.
Certains joueurs critiquent cette rigueur, mais les chiffres leur donnent tort : avec plus de 4 millions d’exemplaires vendus depuis sa sortie le 4 septembre, Silksong prouve que l’exigence a son public. Un succès qui s’inscrit dans la lignée d’autres metroidvania punitifs comme Blasphemous 2 ou Ender Lilies, où la maîtrise technique prime sur l’accessibilité. Team Cherry, conscient des retours, a d’ailleurs déployé des correctifs pour ajuster la courbe de difficulté, sans pour autant édulcorer l’expérience. *« Les joueurs aiment être poussés dans leurs retranchements »*, confirme Gibson, *« à condition qu’on leur donne les outils pour s’adapter. »*
La Liberté Comme Contrepoids à la Difficulté
Ce qui sauve Silksong du piège du "jeu difficile pour le plaisir", c’est sa structure ouverte. Contrairement à des titres comme Cuphead, où la progression est linéaire, ici, l’exploration est une échappatoire. Bloqué par un boss ? Partez à la recherche d’un nouvel équipement, d’un pouvoir caché, ou d’un chemin alternatif. Le jeu regorge de secrets et de quêtes secondaires qui permettent de contourner les obstacles, à condition de savoir où chercher.
Cette liberté se retrouve aussi dans le système de craft et les améliorations. Contrairement au Chevalier, Hornet peut personnaliser son arsenal : soies empoisonnées, pièges, ou même des compagnons qui modifient radicalement les combats. *« Nous voulions que les joueurs sentent qu’ils ont un impact sur leur aventure »*, explique Pellen. *« Si un boss vous résiste, changez de stratégie, pas de jeu. »*
Un exemple marquant ? Le combat contre Moss Prophet, un boss optionnel situé dans une zone cachée. Sa première phase semble insurmontable… jusqu’à ce qu’on découvre qu’un objet trouvé trois zones plus tôt permet de le neutraliser en quelques secondes. Ce genre de moments "Eurêka!" est ce qui rend Silksong si gratifiant. Oui, le jeu est difficile. Mais il est aussi malin, et c’est cette intelligence qui le distingue des titres punitifs sans âme.
Derrière les Coulisses : Pourquoi un Tel Niveau d’Exigence ?
Lors d’un entretien avec IGN France, Ari Gibson a révélé une anecdote édifiante : *« Pendant le développement, nous avons testé une version où les ennemis étaient plus "classiques". Résultat ? Hornet les écrasait sans effort, et le jeu perdait toute tension. »* C’est ce constat qui a poussé l’équipe à repenser chaque adversaire, des plus humble aux plus redoutables.
Autre détail surprenant : les animations des boss ont été conçues avant leurs schémas d’attaque. *« Nous voulions des créatures qui semblent vivantes »*, explique un animateur du studio. *« Leur comportement devait découler de leur apparence, pas l’inverse. »* Ainsi, la Savage Beastfly, avec ses ailes décharnées, charge comme un animal blessé, tandis que Sister Splinter, aux membres élancés, danse autour du joueur pour le désorienter. Une approche organique qui rend chaque duel unique et mémorable.
Enfin, Team Cherry a volontairement évité les tutoriels intrusifs. *« Nous préférons que les joueurs découvrent les mécaniques par eux-mêmes »*, assume Gibson. *« Parfois, cela signifie échouer dix fois avant de comprendre. Mais quand la solution clique, c’est bien plus satisfaisant. »* Une philosophie qui divise, mais qui colle parfaitement à l’ADN de Silksong : un jeu qui respecte l’intelligence du joueur, même s’il le met à l’épreuve.
Disponibilité et Réception : Un Succès Malgré (ou Grâce à) la Difficulté
Disponible sur Nintendo Switch (OLED et Lite), PC, PS4/PS5, Xbox One et Series X|S, Silksong a bénéficié d’un lancement quasi parfait, malgré quelques bugs mineurs rapidement corrigés. Les critiques soulignent unanimement sa direction artistique (un chef-d’œuvre de pixel art et d’animations fluides), sa bande-son envoûtante, et bien sûr, son gameplay exigeant mais équitable.
Certains médias, comme JeuxVideo.com, notent cependant que le jeu *« n’est pas pour tout le monde »*, réservant son expérience aux joueurs prêts à investir du temps dans l’apprentissage. *« Silksong ne vous prend pas par la main »*, écrit un testeur, *« mais si vous acceptez son contrat, il vous offrira une des meilleures aventures du genre. »*
Avec des ventes records et une communauté ultra-active (les speedruns et défis custom fleurissent déjà sur Twitch), Silksong confirme une tendance : les joueurs recherchent des expériences profondes et exigeantes, loin des titres ultra-accessibles mais vite oubliés. Team Cherry l’a compris, et livre ici un metroidvania pour les puristes – ceux qui savent que la souffrance, parfois, mène à l’extase.
À condition d’accepter son pacte : ici, chaque victoire se mérite, mais chaque échec vous rend plus fort. Et c’est bien là que réside la magie de Silksong – un jeu qui, comme les meilleurs soulslike, transforme la frustration en triomphe.