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Street Fighter 6 : Kakeru Watanabe, le prodige contraint à l’arrêt par une maladie neurologique
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Il y a 6 jours

Street Fighter 6 : Kakeru Watanabe, le prodige contraint à l’arrêt par une maladie neurologique

Un champion au sommet, forcé de raccrocher

À seulement 28 ans, **Kakeru Watanabe**, star incontestée de **Street Fighter 6** et vainqueur de la **Capcom Cup 2024**, annonce son retrait des compétitions en raison d’un **dysfonctionnement neurologique** diagnostiqué en octobre. Avec un palmarès exceptionnel (80 % de victoires en tournois, titres à **Evo Japan** et **Topanga Cup**), il quitte la scène au faîte de sa gloire, laissant derrière lui une communauté sous le choc et un héritage qui dépasse les statistiques. Son histoire rappelle la fragilité des athlètes, même dans l’univers virtuel des *fighting games*.

A retenir :

  • Kakeru Watanabe, 28 ans, champion de la Capcom Cup 2024 et figure majeure de Street Fighter 6, met fin à sa carrière après le diagnostic d’un dysfonctionnement neurologique aux symptômes invalidants (troubles moteurs, spasmes).
  • Un parcours fulgurant : 80 % de victoires en tournois, des podiums à Evo Japan, Topanga Cup, et une domination dans la Street Fighter League (ZETA Division), avec son personnage fétiche, Luke.
  • Son annonce sur X (ex-Twitter) le 22 octobre a provoqué une vague d’hommages, de SonicFox à Daigo Umehara, soulignant son influence sur la méta et la scène compétitive.
  • Un héritage indélébile : premier au classement des gains en Street Fighter 6 (source : Liquipedia FGC), il a redéfini les standards du jeu en à peine quelques années.
  • Son cas relance le débat sur la santé des joueurs pros, souvent soumis à un rythme effréné et à un stress extrême, malgré l’absence de risque physique apparent.

Le règne éclair d’un virtuose

En 2024, **Kakeru Watanabe** était intouchable. À 28 ans, le Japonais enchaînait les performances avec une régularité de métronome : vainqueur de la **Capcom Cup**, finaliste à **Evo Japan**, et triomphateur au **Topanga Cup**, un tournoi réputé pour son niveau d’exigence. Son style, à la fois clinique et explosif, avait fait de lui la terreur des compétitions. Avec son personnage **Luke** – un soldat aux coups précis et aux combos dévastateurs –, il dominait ses adversaires avec une maîtrise qui frisait la perfection. 80 % de sets remportés en tournoi officiel : un ratio qui parle de lui-même.

Pourtant, derrière ces statistiques impressionnantes se cachait un joueur au parcours atypique. Contrairement à des légendes comme **Daigo Umehara** ou **Tokido**, qui évoluent depuis les années 1990, Kakeru avait émergé tardivement, durant les dernières années de **Street Fighter V**. Son ascension fulgurante en avait surpris plus d’un. Comme le soulignait le commentateur **James Chen** lors de la Capcom Cup 2023 : *« Kakeru a compris le jeu plus vite que quiconque. Il ne joue pas contre son adversaire, il joue avec le jeu, comme s’il en avait décrypté le code source. »*


Cette année-là, il avait également intégré la **Street Fighter League (ZETA Division)**, une compétition par équipes où son leadership avait été déterminant. Son équipe, **Team Rasen**, avait frôlé le titre, portée par sa capacité à analyser les failles de ses rivaux en temps réel. Un talent rare, qui lui avait valu le respect de ses pairs – y compris de joueurs historiques comme **MenaRD**, pourtant connu pour son caractère bien trempé.

Août 2024 : le premier signe d’alerte

Tout bascule lors de l’Esports World Cup, en août 2024. Kakeru, favori du tournoi, déclare forfait en quart de finale, invoquant une **intoxication alimentaire sévère**. Les rumeurs vont bon train : certains évoquent un burn-out, d’autres un problème personnel. Mais personne ne s’attend à la vérité.

Hospitalisé en urgence, il subit une batterie de tests. Les médecins évoquent d’abord une fatigue extrême, puis des **troubles neurologiques diffus**. Les symptômes s’aggravent : spasmes musculaires incontrôlables, difficultés à coordonner ses mouvements, et parfois, des **crises ressemblant à des absences**. Pour un joueur de *fighting game*, où chaque input doit être exécuté avec une précision millimétrée, c’est une sentence.


Le 22 octobre, le coup de massue : sur **X (ex-Twitter)**, Kakeru annonce son retrait des compétitions. *« Après des examens approfondis, on m’a diagnostiqué un dysfonctionnement neurologique. Les médecins m’ont dit que continuer à jouer à haut niveau aggraverait mon état. […] Je quitte la scène alors que je me sens au sommet, et c’est déchirant. »* Le message, sobre et poignant, fait l’effet d’une bombe.

La communauté réagit instantanément. **SonicFox**, multiple champion·ne de *fighting games*, tweete : *« Kakeru était un monstre de talent. Le voir partir comme ça, c’est comme perdre un frère d’armes. »* Même **Capcom**, habituellement discret sur les affaires personnelles des joueurs, publie un communiqué pour saluer *« l’un des plus grands talents que Street Fighter ait connus »*.

"Il jouait comme un algorithme" : l’héritage technique d’un génie

Ce qui frappait chez Kakeru, c’était sa capacité à désosser la mécanique du jeu. Là où la plupart des pros s’appuient sur l’instinct ou l’expérience, lui analysait **Street Fighter 6** comme un problème mathématique. Son **Luke** était une machine de guerre : des *frame traps* (pièges de frames) imparables, des *combos* optimisés au pixel près, et une lecture de jeu qui semblait anticiper les moindres réactions de l’adversaire.

*« On dirait qu’il a accès à des données que nous, on ne voit pas »*, confiait **Tokido**, sextuple champion d’**Evo**, après leur match en finale du **Topanga Cup 2024**. *« Même quand tu crois l’avoir, il trouve une solution. C’est comme affronter un mur. »* Cette approche quasi scientifique avait inspiré une génération de joueurs, poussant la méta vers un niveau de technicité inédit.


Preuve de son influence : après sa victoire à la **Capcom Cup**, les statistiques de **Liquipedia FGC** le plaçaient en tête des gains cumulés en **Street Fighter 6**, devant des monstres sacrés comme **Daigo** ou **Infiltration**. Un exploit d’autant plus remarquable qu’il avait atteint ce niveau en à peine trois ans de compétition intensive.

Mais au-delà des chiffres, c’est son **style** qui marquera l’histoire. Kakeru avait popularisé des techniques jusqu’alors marginales, comme l’utilisation offensive du *Drive Impact* (un coup spécial consommant la jauge Drive) pour briser les défenses. *« Avant lui, personne ne l’utilisait comme ça en tournois »*, explique **Justin Wong**, autre légende du genre. *« Il a rendu le jeu plus profond. »*

Derrière l’écran : le coût humain de l’excellence

Le cas de Kakeru Watanabe relance une question taboue dans l’esport : jusqu’où peut-on pousser le corps et l’esprit sans risque ? Les joueurs de *fighting games* sont souvent perçus comme moins exposés que, par exemple, les athlètes de *League of Legends* ou de *CS2*, dont les sessions peuvent durer 14 heures par jour. Pourtant, la pression est bien réelle.

*« On parle toujours des mains, des tendinites, mais le cerveau ? Personne n’en parle »*, déplore **Dr. Mark Griffiths**, psychologue spécialisé dans le gaming. *« Dans les jeux comme Street Fighter, la charge cognitive est extrême. Le joueur doit traiter des centaines d’informations par seconde, avec un niveau de stress comparable à celui d’un pilote de chasse. »*


Kakeru lui-même avait évoqué, dans une interview à **EventHubs** en 2023, les **sacrifices** nécessaires pour rester au top : *« Je dors 5 heures par nuit en période de tournoi. Je revis chaque match en boucle, même en rêve. […] Parfois, je me réveille en sursaut parce que j’ai cru rater un combo. »* Des aveux qui résonnent aujourd’hui comme un avertissement.

Son retrait forcésoulève aussi la question du **soutien médical** dans l’esport. Contrairement aux sports traditionnels, rares sont les structures qui proposent un suivi neurologique ou psychologique aux joueurs. *« On nous donne des coachs pour améliorer nos APM [actions par minute], mais personne pour vérifier si notre cerveau tient le coup »*, résume **Punk**, un autre top player de **Street Fighter 6**.

Et maintenant ? L’après-carrière d’un champion

Si Kakeru a quitté la compétition, il n’a pas tourné le dos à la communauté. Dans une vidéo postée sur **YouTube** fin novembre, il a annoncé son intention de se reconvertir dans le **coaching** et l’**analyse de jeu**. *« Je ne peux plus jouer, mais je peux encore partager ce que j’ai appris. »*

Une décision saluée par ses fans, mais qui pose question : comment transmettre son savoir sans reproduire les excès qui l’ont menés à sa perte ? *« Je veux aider les jeunes à progresser, mais aussi à prendre soin d’eux »*, précise-t-il. Un virage à 180 degrés pour celui qui était connu pour son **régime spartiate** (entraînement 10h/jour, alimentation strictement contrôlée).


Certains espèrent le voir revenir un jour, ne serait-ce que pour des exhibitions. *« Même à 80 % de ses capacités, il resterait dans le top 10 mondial »*, estime **Vxbao**, un analyste de la **FGC (Fighting Game Community)**. Mais Kakeru, lui, semble avoir tourné la page. *« Mon histoire avec Street Fighter a été courte, mais intense. Maintenant, c’est à d’autres d’écrire la suite. »*

Une chose est sûre : son nom restera associé à l’**âge d’or de Street Fighter 6**, aux côtés de ceux qui ont marqué l’histoire du jeu. Et peut-être qu’un jour, un jeune joueur regardera ses replays en se disant : *« C’est comme ça que je veux jouer. »*

Kakeru Watanabe quitte la scène comme il l’a dominée : avec une **élégance discrète**, mais une **empreinte indélébile**. Son histoire est celle d’un métier où le génie se paie parfois au prix fort – un rappel que même les dieux du *stick* sont mortels. Alors que **Street Fighter 6** continue son évolution, son héritage, lui, est déjà gravé : celui d’un joueur qui a poussé les limites du possible, jusqu’à ce que son corps lui rappelle qu’il en avait, des limites.
L'Avis de la rédaction
Par Celtic
Kakeru, c'était le mec qui jouait comme un algorithme. Il a fait de Street Fighter un jeu de maths, et maintenant, il est parti. C'est comme si on avait perdu un super-héros de la FGC. Mais au moins, il laisse derrière lui un héritage technique de ouf.
Article rédigé par SkimAI
Révisé et complété par Celtic

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Like I mentioned above, this actually isn’t the first time anyone’s heard of Kakeru’s health problems. He had to forfeit his match against Victor “Punk” Woodley at the Esports World Cup in August due to his condition flaring up at the time. He would eventually return to active play at the Capcom Pro Tour World Warrior Japan tournament in early September, but was absent from the start of the Street Fighter League (SFL) in Japan thereafter.

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Kakeru Watanabe (previously known as "Uzura") is a retired Japanese Fighting Games player currently representing ZETA DIVISION. He is a Capcom Cup champion, having won the 2025 edition for Street Fighter 6; he also won Gamers8 in 2023, an invitational that preceded the Esports World Cup.