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Viaje al centro de la Tierra : Quand Brendan Fraser réinventait l’aventure familiale en 3D
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Pourquoi Viaje al centro de la Tierra (2008) reste un jalon méconnu de la carrière de Brendan Fraser ?
Entre La Momie et son retour triomphal dans The Whale, l’acteur a marqué les années 2000 avec cette adaptation audacieuse de Jules Verne. Un film familial en 3D native, mélangeant humour, créatures préhistoriques et paysages oniriques, qui a séduit 242 millions de spectateurs malgré des critiques mitigées. Décryptage d’un blockbuster qui a relancé l’aventure "old school" – et lancé la carrière de Josh Hutcherson avant Hunger Games.
A retenir :
- Un pari technologique : Premier film en 3D native pour un blockbuster familial, avec un budget de 60M$ – un record pour l’époque.
- 242M$ de recettes malgré 40% sur Rotten Tomatoes : la preuve que Brendan Fraser pouvait porter un projet hors de La Momie.
- Josh Hutcherson à 15 ans : son rôle de neveu intrépide a marqué le début d’une carrière fulgurante (Hunger Games, 3 ans plus tard).
- Un Jules Verne réinventé : dinosaures luminescents et cristaux géants, loin du réalisme de Jurassic Park, pour un fantastique assumé.
- Disponible sur Movistar+ : l’occasion de redécouvrir une aventure qui a marqué la transition entre l’ère La Momie et le comeback de Fraser.
"Un scientifique, un neveu, et un voyage qui a tout changé" : le retour gagnant de Brendan Fraser
2008. Alors que Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal divise les fans, un autre aventurier fait son grand retour sur les écrans : Brendan Fraser. Après avoir incarné Rick O’Connell dans La Momie (1999) et sa suite, l’acteur troque les sables de Hamunaptra pour les profondeurs de la Terre dans Viaje al centro de la Tierra. Un choix risqué ? Pas vraiment. Avec 242 millions de dollars de recettes mondiales, le film prouve que Fraser avait encore le pouvoir de faire vibrer les salles obscures – et ce, sans son personnage fétiche.
Ici, il campe Trevor Anderson, un volcanologue excentrique qui part en Islande avec son neveu Sean (Josh Hutcherson) et une guide locale, Hannah (Anita Briem). Leur objectif ? Retracer les pas d’un explorateur disparu… et tomber sur un monde perdu peuplé de créatures préhistoriques. Le scénario, librement inspiré du roman de Jules Verne, mise sur un ton familial et spectaculaire, avec des clins d’œil aux illustrations originales du XIXe siècle. Les dinosaures y sont luminescents, les champignons géants, et les cristaux… assez grands pour abriter une ville. Un parti pris fantastique qui tranche avec le réalisme de Jurassic Park, et qui a séduit un public en quête d’émerveillement.
Pourtant, les critiques furent mitigées : 40% sur Rotten Tomatoes, des reproches sur les libertés prises avec l’œuvre de Verne, ou encore des dialogues jugés trop simplistes. Mais Fraser, lui, y voit une opportunité : "C’était l’occasion de jouer un rôle plus scientifique, tout en gardant cette touche d’humour qui me caractérise", confiait-il en 2008 à Entertainment Weekly. Et le public a suivi.
Le saviez-vous ? Le film a été tourné en 3D native – une rareté à l’époque, où la plupart des productions convertissaient leurs images en post-production. Un défi technique qui a nécessité 60 millions de dollars de budget, mais qui a aussi permis des séquences immersives, comme la descente en rafting dans les tunnels souterrains. Une prouesse qui a marqué les esprits, même si les effets spéciaux ont depuis vieilli.
Josh Hutcherson : de l’ombre de Fraser à la gloire des Hunger Games
À seulement 15 ans, Josh Hutcherson partageait l’affiche avec une star confirmée. Son rôle de Sean Anderson, neveu rebelle mais attachant, était loin d’être anodin : c’était sa première incursion dans un blockbuster. Et malgré la présence écrasante de Fraser, le jeune acteur a su se faire remarquer. "Brendan m’a appris à ne pas prendre les cascades trop au sérieux", racontait-il en 2011 à The Hollywood Reporter. "Sur le tournage, il improvisait tout le temps pour faire rire l’équipe. Ça détendait l’atmosphère."
Trois ans plus tard, Hutcherson devenait Peeta Mellark dans Hunger Games, un rôle qui allait le propulser au rang de star mondiale. Mais Viaje al centro de la Tierra reste un jalon clé : "Sans ce film, je n’aurais peut-être jamais eu confiance en moi pour auditer pour des projets plus ambitieux", avouait-il en 2018. Une révélation qui prouve que le film a aussi été un tremplin pour la nouvelle génération.
3D, dinosaures et controverses : pourquoi ce film divise (toujours)
Si le film a séduit les familles, il a aussi cristallisé les débats. D’un côté, les fans de Jules Verne ont tiqué sur les écarts avec le roman : exit les descriptions scientifiques précises, place à l’action pure et aux créatures cartoon. De l’autre, les technophiles saluaient l’audace de la 3D native, une première pour un film de cette envergure. "C’était soit un coup de génie, soit un gouffre financier", résumait en 2009 le producteur Charlotte Huggins.
Comparé à Jurassic Park (1993), Viaje al centro de la Tierra assume son côté "film d’aventure à l’ancienne", avec des décors grandioses et un héros charismatique. Mais là où Spielberg misait sur le réalisme, le film de Eric Brevig (un spécialiste des effets visuels, à qui l’on doit Men in Black) préfère le spectacle pur. Résultat : des séquences mémorables (la course-poursuite avec les dimetrodons), mais aussi des incohérences scientifiques qui ont fait grincer des dents. "Un dinosaure qui brille ? Sérieusement ?", s’amusait le paléontologue Jack Horner dans Science Magazine.
Pourtant, c’est précisément ce mélange de fantaisie et d’aventure qui a plu. "Les enfants adoraient, les parents riaient des clins d’œil, et les ados étaient scotchés par la 3D", analysait en 2010 le distributeur New Line Cinema. Un cocktail gagnant, même si le film n’a pas eu droit à la postérité de La Momie.
"Et si on creusait plus profond ?" : les coulisses d’un tournage hors norme
Tourner un film en 3D native en 2008, c’était un peu comme filmer la Lune en 1969 : personne ne savait vraiment comment faire. L’équipe a dû inventer des solutions en direct. "On avait deux caméras géantes attachées l’une à l’autre, et il fallait tout recalibrer après chaque mouvement", se souvient le directeur de la photo Chuck Shuman. Résultat : des journées de 14 heures, des cascades répétées dix fois, et des acteurs épuisés – mais ravis.
Autre défi : les créatures en CGI. Contrairement à Jurassic Park, où les dinosaures étaient animatroniques, ici tout était numérique. "On voulait des animaux qui semblent sortis d’un rêve, pas d’un documentaire", expliquait le superviseur des effets visuels, Tim Webber (oscarisé plus tard pour Gravity). Les dimetrodons luminescents et les oiseaux géants ont ainsi nécessité 18 mois de travail pour seulement 40 minutes de séquences.
Et puis, il y a eu l’Islande. Le pays, avec ses paysages volcaniques, était le décor idéal… mais aussi un cauchemar logistique. "Un jour, on tournait sous la pluie, le lendemain dans un champ de lave. Et il fallait tout transporter en hélicoptère", racontait Fraser, hilare. Une aventure dans l’aventure, qui a soudé l’équipe – et donné au film son énergie contagieuse.
Pourquoi regarder (ou revoir) Viaje al centro de la Tierra en 2024 ?
Aujourd’hui, le film est disponible sur Movistar+, et sa redécouverte prend un goût particulier. D’abord, parce qu’il marque la fin d’une ère : après ce succès, Fraser enchaînera des échecs (Inkheart, Furry Vengeance) avant de disparaître des radars, jusqu’à son retour en 2022 avec The Whale. Ensuite, parce qu’il offre un contraste saisissant avec le cinéma actuel, où les adaptations de classiques misent souvent sur le réalisme sombre (Dune, The Batman). Ici, pas de cynisme : juste de l’aventure, des rires, et une foi inébranlable dans l’émerveillement.
Enfin, parce que c’est un témoignage touchant de l’alchimie entre Fraser et Hutcherson. "Il m’a traité comme un égal, alors que j’étais qu’un gamin", se souvient ce dernier. Une dynamique qui transparaît à l’écran, et qui rappelle pourquoi Fraser est resté, malgré les hauts et les bas, l’un des aventuriers les plus aimés du cinéma.
Viaje al centro de la Tierra n’est ni un chef-d’œuvre ni un film culte. Mais c’est une œuvre sincère, portée par un Brendan Fraser au sommet de son charisme et une équipe déterminée à pousser les limites de la 3D. Entre les excès des effets spéciaux et les libertés narratives, le film a su créer un moment de cinéma pur – celui où l’on oublie les critiques pour se laisser emporter par l’aventure.
Alors, prêt à replonger ? Le voyage vaut le détour… surtout si vous avez gardé vos lunettes 3D.

